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Voici le résumé de l'un d'entre eux.

L’enfant atypique

de Alexandra Reynaud

récension rédigée parAnne-Claire DuchossoyDoctorante en littérature française (Universités de Bordeaux Montaigne et Georg-August Göttingen).

Synopsis

Développement personnel

Publié en 2018, faisant suite au blog Les tribulations d’un Petit Zèbre, l’ouvrage d’Alexandra Reynaud propose avec modestie et simplicité de se pencher sur les caractéristiques des enfants à haut potentiel. Entre descriptions, conseils, anecdotes et tranches de vie, Alexandra Reynaud se concentre sur l’essentiel pour aider les parents et adultes à comprendre le fonctionnement des enfants atypiques.

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1. Introduction

Grâce à son expérience et à ses connaissances dans le domaine, Alexandra Reynaud propose à ses lecteurs une meilleure compréhension de ce que sont les enfants atypiques. Elles s’intéresse tout particulièrement aux hauts potentiels. Qui sont-ils ? Quelles sont leurs plus grandes caractéristiques ? Comment fonctionnent-ils à la maison, en société, à l’école ? Comment se comporter avec eux ?

Voilà autant de questions que l’on peut se poser lorsqu’on rencontre un enfant atypique ou lorsqu’on est parent d’un enfant précoce. Cet ouvrage se veut un mode emploi pour comprendre, agir, et interagir avec ces enfants différents.

2. L'enfant précoce : contexte et définition

Pour commencer, il est important de comprendre que tous les enfants sont uniques. Il y a donc autant de profils différents chez les enfants dits normaux que chez les enfants atypiques. Lorsque l’on évoque l’adjectif « normal », on y englobe les enfants dont le développement ressemble à la majorité de celui des individus de leur classe d’âge.

À côté d’eux, évoluent des êtres différents, dont les précoces qui ne représentent que 2 % de la population (au-dessus de 130 de Q.I). Pour la précocité, plusieurs mots sont employés : zèbres, haut potentiel (HP), très haut potentiel, surdoués… L’auteure n’a pas pour dessein de définir précisément les termes et propose plutôt une compréhension globale de ce qu’est un enfant diagnostiqué haut potentiel.

Voici d’ailleurs quelques caractéristiques typiques qui caractérisent un enfant précoce :– l’enfant a parlé tôt ou si ce n’est pas le cas lorsqu’il l’a fait, cela a été très vite et avec un vocabulaire riche ;– il se pose beaucoup de questions existentielles : mort, univers, sens de la vie… Cela peut lui procurer de l’angoisse et de l’insécurité ;– il pose énormément de questions sur tout et tout le temps ;– il s’intéresse à des domaines comme les dinosaures, les planètes, l’histoire, et ce dès le plus jeune âge ;– il est autodidacte et aime travailler seul ;– il entre dans les discussions d’adultes même s’il n’y est pas invité ;– il est sensible à l’humour noir, à l’ironie… ;– il peut y avoir un grand fossé entre sa maturité affective et sa maturité intellectuelle ;– il peut être maladroit et ne pas réussir à exécuter des gestes simples comme faire ses lacets ;– il est hypersensible, soupe au lait, à fleur de peau ;– il est sensible à l’injustice et fait preuve de beaucoup d’empathie ;– il peut avoir du mal à s’intégrer dans un groupe et ne possède pas toujours les codes sociaux ;– son attitude peut sembler malpolie, voire arrogante ;– il peut s’ennuyer à l’école ;– il se sent différent des autres ;– il possède une grande créativité et une pensée divergente (il pense autrement) ;– ses sens sont très développés (hyperesthésie).

Alexandra Reynard signale que derrière un enfant HP se cache souvent un parent ou un autre membre de la famille HP. Certains l’apprennent seulement lorsque leur enfant est diagnostiqué. Il ne faut pas mettre des œillères,, car le déni peut avoir des conséquences néfastes sur le développement. Se connaître est le meilleur moyen d’avancer sereinement dans la vie. « Ignorer ses particularités peut conduire l’enfant à ne pas pouvoir se faire une image juste de lui-même en grandissant » alors que les reconnaître l’aidera à appréhender le monde. Il faut savoir que souvent les parents sont démunis face à un enfant HP. Ils sont montrés du doigt si leur progéniture ne se comporte pas comme les autres enfants, et ressentent aussi de la fatigue face à un petit différent qui pose sans cesse des questions et ne laisse pas beaucoup de répit.

Mais attention, l’auteure explique qu’il n’est absolument pas conseillé pour autant de faire de cette différence un étendard, il ne faut pas « tout contempler par le prisme d’une atypie, tout ramener à cela », car l’enfant a besoin d’un cadre et il doit comprendre qu’il lui faut respecter des règles de vie.

3. La vie d'un atypique à l'école

Même si la société met beaucoup de pression sur l’école, l’institution, elle, a du mal à comprendre que chaque enfant devrait pouvoir suivre son propre rythme. Le système ne respecte pas la diversité des enfants et des rythmes d’apprentissage. L’auteure rappelle bien que chaque enfant n’est pas programmé pour lire à 6 ans, certains auront besoin de plus de temps, d’autres de moins. Souvent, l’enfant atypique s’ennuie à l’école, « il ne s’agit pas d’un ennui usuel, vécu par absolument tous les élèves à un instant T. On parle ici d’un ennui viscéral, profond, durable, qui s’installe et qui ronge sournoisement l’enfant. » Le système éducatif est basé sur la répétition.

Chaque année, les mêmes notions sont revues. Si cela peut avoir de bonnes répercussions sur certains élèves, ce n’est pas le cas pour les HP. Le cerveau de ces derniers traite les informations plus rapidement et le rabâchage a alors une conséquence immédiate sur eux : l’ennui. Ainsi, ils semblent être peu intéressés, déconcentrés, démotivés. S’ils se contiennent à l’école, ils explosent une fois revenus à la maison et peuvent même développer anxiété et phobies.

Tous les enfants HP ne sont pas les meilleurs de la classe. Certains sont au dessus, d’autres passent pour des cancres ou des perturbateurs, ou sont tout simplement dans la moyenne et se fondent dans la masse. Encore une fois, il n’y a pas un seul profil de HP ! Il y a des introvertis, voire des mutiques, comme des extravertis, des hyperactifs, ceux qui ont une peur panique de l’échec. Certains sont de grands bavards qui lèvent toujours la main pour répondre avec un « moi je sais » et ne laissent donc pas de place pour les autres. Le HP peut rencontrer des problèmes graphiques : il écrit mal, car sa main ne va pas aussi vite que son esprit débordant.

Le HP a une pensée en arborescence qui est une « capacité à voir germer nombre d’idées à partir d’un point de départ, sorte de torrent de pensées jaillissant simultanément, qui vont elles-mêmes se diviser et se subdiviser en de nouvelles cascades découlant d’associations d’idées. » Ce qui signifie qu’à l’école, il peut trouver le bon résultat sans pouvoir le justifier, ce qui posera un problème une fois arrivé au collège et au lycée. Un autre souci peut surgir face à l’autorité : les enfants à haut potentiel ont souvent besoin de logique, c’est pourquoi ils sont capables de discuter l’autorité si elle ne leur semble pas justifiée. Bien entendu, cela ne plaît pas toujours aux enseignants.

4. La vie en famille et en société d'un atypique

Comme dit plus haut, certains enfants à haut potentiel développent une hypersensibilité et une hyperesthésie. Ainsi, certains sont très sensibles au bruit, à la lumière ou aux odeurs. À cause de cela, son comportement peut changer : irritabilité, agressivité, méchanceté, repli… Pour ce qui est de l’habillement, l’exacerbation de ses sens peut l’empêcher de porter certaines matières et fait qu’il ne supporte pas les étiquettes. Il est préférable de lui faire porter des vêtements amples en coton, de retourner les chaussettes si les coutures dérangent…

Pour ce qui est de l’hypersensibilité, il faut saisir que les enfants atypiques sont passionnés, « ce qu’ils aiment, ils l’aiment démesurément, ce qui les chagrine ou les inquiète les chamboule avec la force d’une tempête, ce qui les questionne les empêche de tourner la page, et ce qui les émeut les marque au fer rouge. »

Certains atypiques sont agités et « le monde extérieur est pour eux une intarissable source d’excitation ! », ils n’obéissent pas, n’en font qu’à leur tête, il crie et cela met tout le monde mal à l’aise. Ils passent pour des enfants mal élevés, et les parents pour des laxistes. Si le diagnostic d’une atypie tombe sur la famille, les parents doivent faire en sorte de conserver l’égalité entre tous les membres. Le stigmatiser pourrait faire naître les ressentiments des frères et sœurs. Les étiquettes peuvent assigner l’enfant dans un rôle et par conséquent l’empêcher d’explorer et de s’ouvrir à tout le reste. « L’enfant ne doit pas être confondu avec ses particularités » ! Les repas peuvent aussi être source de problèmes. Pour qu’il vienne à table, mieux vaut se déplacer jusqu’à lui que de hurler à travers la maison.

De plus, certains vont développer des rituels (ne pas mélanger les aliments) ou une conscience militante (devenir végétarien, manger bio, etc.)… Il y a aussi le combat des devoirs qui peuvent être source de conflits quotidiens. Il faut absolument lâcher prise pour éviter violence et hystérie, mais il faut être ferme sur certains points. Par ailleurs, l’enfant précoce est maître dans l’art de la négociation. Il ne se décourage pas et revient sans cesse à la charge pour avoir le parent à l’usure et avoir gain de cause. Certains parents ont l’impression d’avoir un adolescent à la maison avant l’heure.

Les atypiques peuvent susciter différentes réactions de la part des autres enfants et même des adultes. Cela peut aller de l’indifférence au harcèlement. Le haut potentiel peut créer un sentiment de solitude, car les sujets se sentent seuls, en dehors du groupe. Certains vivent bien la solitude, d’autres mal. Chez eux l’amitié comme l’amour sont importants, mais la réciprocité n’est pas toujours présente. Ils vont jusqu’à souffrir de dépendance affective. De plus, ils peuvent s’avérer naïf, « ce qui est hautement paradoxal quand on connaît leur perspicacité. »

Autre point important : l’humour décalé que tout le monde ne comprend pas. Il peut aussi être un enfant qui exprime tout ce qui lui passe par la tête ! Mais certains HP peuvent avoir des difficultés pour communiquer avec les autres, et puis aussi se montrer très susceptibles.

5. Bien vivre avec sa différence

Accepter qui l’on est. L’acceptation de ce qu’on est constitue la meilleure façon d’aller bien et de grandir correctement. Pourquoi ne pas, de temps en temps, lui faire rejoindre une association pour rencontrer des enfants comme lui ? En dehors de l’école, pratiquer un sport, de la musique ou toute autre activité permet aussi de rompre avec la solitude. Et puis, pourquoi ne pas envisager également des méthodes de relaxation et la méditation pour se centrer sur le présent ?

Quelques autres idées :

* Les enfants HP sont parfois impulsifs, ce qui peut les mettre en danger. L’auteure propose la méthode STOP THINK and GO à la rescousse. Il s’agit en fait de sortir une pancarte Stop, puis demander à l’enfant ce qu’il ressent pour identifier son émotion. Il faut ensuite lui demander de réfléchir et d’énumérer toutes les réponses possibles à cette émotion ainsi que leurs conséquences. Ainsi, toutes les cartes en main, l’enfant doit faire un choix. Cela lui permet donc de visualiser tout de suite quelles pourraient être les conséquences de tel ou tel acte. Il pourra par conséquent choisir une réponse qui n’ira pas contre une règle établie ou qui ne le mettra pas en danger.

* S’il parle sans filtre devant quelqu’un, il faut en parler avec lui, après coup, en tête à tête.

* Pour un enfant qui monopolise la parole en classe, il est possible de le challenger, par exemple en « convenant avec lui d’un quota de sollicitations par jour. On peut fixer le seuil à dix interventions par jour au départ, puis proposer de diminuer progressivement. »

* Lorsque l’enfant est victime d’hyperesthésie, il faut le préparer mentalement en mettant des mots sur ce qu’il ressent, et trouver des astuces pour gérer ce trop-plein d’émotions. Il est aussi possible de porter des casques de réduction de bruit (comme pour les concerts), des lunettes de soleil pour prévenir de la luminosité, ou, par exemple, vaporiser un mouchoir d’une senteur qu’il aime et qu’il peut sentir si jamais d’autres odeurs le perturbent.

* En tant que parents, il ne faut pas réagir à chaud au risque de tenir des mots blessants ! Au lieu d’un « remue-toi ! », préférez « je vois que tu n’as pas très envie de le faire, mais il faut essayer. » Au lieu de « tu es méchant », essayez « dis-moi ce qui te met en colère ou te rend triste, et je ferai tout pour t’aider. » * Les rituels sont efficaces pour calmer les angoisses du coucher : heure fixe, lecture d’une histoire par le parent même s’il sait lire, éviter de se montrer impatient.

* Pour les devoirs, il est possible d’instaurer également un rituel : retour maison, goûter, devoirs. Il faut rester ferme sur certains points (faire les devoirs écrits demandés), mais ne pas être violent et comprendre que s’il connaît déjà sa leçon, cela ne sert à rien d’insister.

6. Conclusion

Alexandra Reynaud, diagnostiquée HP et nourrie de son expérience de maman d’enfant atypique, donne dans son ouvrage une vision très claire de ce qu’est un enfant précoce.

À travers des exemples concrets et des témoignages d’autres parents, elle décrit avec clarté les grandes caractéristiques d’un enfant atypique et propose des solutions à mettre en place.

7. Zone critique

Coloré, ponctué d’anecdotes, de quizz et de conseils précieux, cet ouvrage est un très bon début pour comprendre le fonctionnement des enfants à haut potentiel.

Il permet d’ouvrir la voix vers des ouvrages plus spécialisés comme ceux de la psychologue Monique de Kermadec.

8. Pour aller plus loin

Ouvrage recensé– L'Enfant atypique, Paris, éditions Eyrolles, 2018.

De la même autrice– Les tribulations d’un petit zèbre. Épisodes de vie d’une famille à haut potentiel intellectuel, Paris, éditions Eyrolles, 2016.– Asperger et fière de l’être. Voyage au coeur d’un autisme pas comme les autres, Paris, éditions Eyrolles, 2017.

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