Dygest logo
Google logo

Google Play

Apple logo

App Store

book.notAvailable

book.availableIn

Anne Appelbaum

Famine rouge

L’Ukraine connut en 1932 une effroyable famine qui fit quatre millions de morts. Le pays en comptait trente. Durant des années, le régime soviétique occulta ces faits et accusa le nationalisme ukrainien. Anne Appelbaum, s’appuyant sur les travaux du très antisoviétique Harvard Ukrainian Research Institute, offre ici un tout autre panorama : il s’agirait d’un génocide délibéré.

book.readingBy

Armand Grabois

Famine rouge
Famine rouge

book.chapter Introduction

Anne Appelbaum s’étend peu sur l’histoire ancienne de l’Ukraine et de la Russie, sur l’écheveau indémêlable de leurs différences et de leurs ressemblances. Sa narration commence en 1917, année des deux révolutions russes, la libérale de février et la prolétarienne d’octobre. Entre les deux, à Kiev, c’est l’ébullition. Depuis des années couvait un mouvement ukrainien, durement réprimé par le tsarisme, qui ne voyait dans ces romantiques revendications nationales qu’un douteux séparatisme appuyé sur une exagération délirante des différences entre Russes de Russie et Russes d’Ukraine. Alors, quand on apprit, dans ces terres méridionales de l’ancienne Russie, qu’à Pétrograd flottait l’étendard de la liberté, on ne se sentit plus de joie. Sans animosité pour les frères de la Grande Russie, une grande partie de l’intelligentsia, passionnée par la cause du petit peuple des campagnes méridionales de l’Empire, porteur d’une culture originale, différente de celle du nord de l’Empire, réclama davantage d’autonomie. Puis, quand elle vit, cette frange libérale, urbaine, populiste et européenne de l’Ukraine, qu’à Pétrograd flottait désormais le drapeau rouge de la révolution prolétarienne mondiale, elle prit peur et proclama son indépendance. Vaincue, au terme de la guerre civile, par l’Armée rouge, cette intelligentsia s’exila pour partie et pour partie s’intégra dans le Parti communiste d’Ukraine. Pour se concilier l’Ukraine, les communistes de Moscou engagèrent l’ukrainisation. Mais, devant l’échec de la Nouvelle politique économique (NEP), Staline décida la collectivisation forcée et dénonça la duplicité des faux communistes ukrainiens, vrais nationalistes. Beaucoup de paysans se cabrèrent, refusant de jouer le jeu du communisme. Staline voulut les mater. Il employa la famine : à ses yeux, ce n’était que châtiment mérité pour ces riches paysans qui refusaient de travailler dans les kolkhozes, et pour ces intellectuels bourgeois. Bilan : quatre millions de morts et l’extermination de l’intelligentsia nationale ukrainienne. Aujourd’hui, la guerre des mémoires fait rage : s’agit-il d’un génocide ou d’une simple famine ?

book.moreChapters

allBooks.title