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Anne-Marie Thiesse

La Fabrique de l’écrivain national

Anne-Marie Thiesse est partie à la recherche de la figure éminente de « l’écrivain national », à la fois créateur individuel et représentant reconnu d’une identité collective. Un long voyage qui débute au XVIIIe siècle et qui nous mène de l’Islande à l’Afrique et des États-Unis à la Chine et au Japon, sans omettre les plus grandes nations européennes au premier chef la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne.

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Alexandre Kousnetzoff

La Fabrique de l’écrivain national
La Fabrique de l’écrivain national

book.chapter Introduction

Parce que la France est la nation littéraire entre toutes, celle qui s’est longtemps targuée d’avoir exporté sa littérature partout dans le monde dès le Moyen Âge sans avoir jamais reçu aucun apport extérieur (c’est l’une des thèses de l’histoire littéraire française au XIXe siècle, Anne-Marie Thiesse le rappelle dans l’ouvrage), elle fournit pléthore de figures d’écrivains nationaux. Au premier rang viennent les classiques du Grand Siècle, celui de Louis XIV : Molière, La Fontaine, Corneille, Racine, Boileau, La Rochefoucauld, Madame de Sévigné, La Bruyère et les grands orateurs sacrés, Bossuet ou Massillon. Les suivant immédiatement, les philosophes du XVIIIe siècle, et en particulier Voltaire, Rousseau, Montesquieu et Diderot. Puis viennent les grandes figures tutélaires du XIXe siècle, dominés par la stature de géant de Victor Hugo, mais qui comprennent aussi Balzac et Flaubert, Chateaubriand et Baudelaire, Lamartine et Rimbaud, Zola et Dumas, Musset et Huysmans. Fermant cette marche triomphale, viennent les grandes figures intellectuelles de la vie littéraire française du siècle passé : Sartre en tout premier lieu, mais aussi Breton, Camus, Aragon ou encore Malraux ainsi que, plus éloigné de nous dans le temps, Proust. Pour autant, l’écrivain national est loin d’être une spécificité française. Toutes les nations constituées, indépendantes ou non, en reconnaissent au moins un. Ces écrivains nationaux, exhumés ou promus au XIXe siècle lors des combats pour l’indépendance des nationalismes européens, puis revendiqués au XXe siècle dans le cadre de la décolonisation, à la fois politique et culturelle, des nations non-européennes, font l’objet d’une véritable mobilisation pendant les guerres et les luttes de résistance. Car, éveilleurs autant que formateurs de la conscience nationale, ils deviennent parallèlement l’objet d’un véritable culte, qui n’en est pas moins ardent parce que laïque. Ainsi musées, fondations, maisons d’écrivains, parcours dans des villes labellisées « littéraires » fleurissent-ils un peu partout dans le monde, dépassés par la grand-messe annuelle qu’est l’attribution à un écrivain du prix Nobel de littérature. Aujourd’hui, alors que mondialisation et numérisation modifient en profondeur les pratiques culturelles, la figure de l’écrivain national est-elle appelée à disparaître ou à se métamorphoser ?

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