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Voici le résumé de l'un d'entre eux.

Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité

de Aurélien Barrau

récension rédigée parEstelle Deniaud BoüetDocteure en pharmacie (Université de Nantes).

Synopsis

Science et environnement

Cet ouvrage débute par un constat plus qu’alarmiste sur l’état de santé de la planète, avec un sombre pronostic pour la vie et donc pour l’humanité. Une humanité qui dans son ensemble est appelée à réagir face à l’ampleur du désastre écologique, à la fois par des mesures d’urgence, mais aussi par une profonde remise en question de la société, de ses fondements et valeurs. Cet ouvrage amène chacun à se positionner face aux questions environnementales, sociétales et politiques d’aujourd’hui, et donc de demain.

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1. Introduction

Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité débute sur un constat alarmant et alarmiste : la Terre et, donc la vie, sont en grand danger si l’homme ne réagit pas rapidement et fortement face au réchauffement climatique démontré par de nombreux scientifiques.

Des mesures de première urgence à la refonte totale de la société actuelle et de ses valeurs, Aurélien Barrau présente sa conception de la situation actuelle, et ses idées sur les interventions nécessaires individuellement, collectivement, éthiquement, politiquement, institutionnellement et philosophiquement.

2. Le réchauffement climatique, une urgence planétaire

Depuis déjà quelques décennies, des scientifiques et des personnalités publiques de tous ordres alertent l’opinion publique et les autorités sur l’existence d’un changement climatique sans précédent. Aurélien Barrau considère qu’aujourd’hui le bilan actuel de la Terre est purement catastrophique. Les études scientifiques ont selon lui démontré qu’un réchauffement climatique global est en cours, provoqué par l’homme. Ce réchauffement, qui touche certaines zones géographiques plus que d’autres, survient sur une échelle de temps si courte que les écosystèmes sont incapables de s’y adapter. La situation est d’autant plus grave, que les dernières données révèlent une aggravation du phénomène, dépassant les prévisions les plus alarmistes.

Première et principale conséquence de ce réchauffement climatique, la disparition progressive de la vie sur Terre. Aurélien Barrau évoque « la sixième extinction massive de l’histoire de la Terre » (p. 16). Selon les données du GIEC (groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), les disparitions d’espèces « ont été multipliées par 100 depuis le début du XXe siècle » (p. 17).

Ce changement climatique global constitue une importante source de déséquilibre, dont les conséquences attendues sont entre autres une montée du niveau des océans, une fonte de la banquise et des calottes glaciaires, un engloutissement d’îles et de zones côtières, des incendies plus fréquents et dévastateurs, des extinctions massives d’espèces, le développement de maladies graves et une progression des phénomènes météorologiques extraordinaires (tornades, cyclones, inondations, canicules…).

La cause de ce phénomène hors norme est l’action humaine, au travers de plusieurs de ses comportements : la surexploitation des ressources, l’urbanisation galopante, la déforestation à des fins agricoles, l’introduction d’espèces invasives, la pollution ou l’agriculture intensive. Si les biodiversités terrestre et marine sont les principales victimes du désastre écologique, l’être humain n’est pas épargné. En effet, beaucoup de pays dans le monde voient leur température augmenter de telle manière qu’il sera bientôt impossible d’y vivre. L’engloutissement de certaines zones côtières entraînera la création d’un nouveau statut, celui de réfugiés écologiques.

Enfin, la pollution tuerait aujourd’hui plus dans le monde que le tabac. Rien qu’en France, elle provoque chaque année près de 50 000 décès.

3. Des mesures d’urgence face à la catastrophe planétaire

Le constat présenté par Aurélien Barrau est à la fois catastrophique et alarmiste, précisant que la situation est proche d’un état de non-retour. Dans l’atmosphère, la concentration de CO2 (dioxyde de carbone) a atteint un niveau « sans commune mesure avec les variations naturelles observées depuis 800 000 ans » (p. 27). Il est donc impératif de prendre immédiatement et sans détour des mesures d’urgence.

L’axe principal des mesures proposées par Aurélien Barrau est la diminution qu’il juge incontournable de la consommation. Certes, une telle perspective risque de provoquer une décroissance économique et une diminution du confort de vie de nombreux êtres humains, mais la survie de la planète en dépend. La réduction de la consommation repose sur de multiples aspects, à la fois individuels et collectifs. Il est nécessaire pour Aurélien Barrau de réduire l’utilisation de l’automobile au profit des transports en commun – les voitures électriques ne seraient pas une solution sur le long terme, mais une façon détournée d’entretenir notre dépendance à la voiture –, de limiter au maximum les transports par avion ou le tourisme de masse.

Au final, toute la logique des transports de personnes et de marchandises doit être intégralement repensée. Sur le plan de l’alimentation, Aurélien Barrau opte pour une alimentation végétarienne ou végétalienne, afin de minimiser l’impact de l’homme sur l’animal. Parallèlement, il faut redonner des lieux de vie réservés exclusivement aux animaux et protéger tous les espaces qui n’ont pas encore été envahis par l’homme.

Toutes ces mesures d’urgence doivent-elles relever d’une initiative individuelle ou d’une démarche collective impulsée sous l’autorité de l’État ? Pour Aurélien Barrau, l’urgence est telle qu’il paraît nécessaire de légiférer pour contraindre les populations à prendre les mesures nécessaires pour réduire l’impact de l’homme sur l’environnement.

Sans vouloir instaurer une dictature écologique, des lois contraignantes, voire répressives, sur l’environnement sont aujourd’hui nécessaires. « Si la loi nous interdit de faire du mal à autrui, pourquoi ne pourrait-elle pas nous interdire de faire du mal à la nature ? » (p. 120). À titre d’exemple, tandis que certains pays ont décidé de totalement bannir le plastique, la France ne se limite pour l’instant qu’à supprimer les sacs plastiques et les cotons-tiges.

4. L’écologie ne peut pas être anti-sociale

Implicitement, le débat sur l’écologie tourne vite au débat politique. Pour Aurélien Barrau, il est essentiel de comprendre que l’écologie ne peut aller à l’encontre d’une politique volontairement sociale. « Lorsque l’écologie s’oppose au social, elle se suicide » (p. 42). La mutation écologique devrait alors obligatoirement s’accompagner d’une mutation sociale, dépassant les clivages politiques ou les stratégies économiques. Dans ce contexte, il paraît alors difficile de demeurer dans une politique de libéralisme économique tel que nous le connaissons aujourd’hui. Un nouveau schéma politico-économique doit être recherché par les hommes.

Actuellement, les richesses sont inégalement réparties entre les êtres humains, une situation que dénonce vivement Aurélien Barrau. « À l’échelle globale, quelques personnes possèdent autant que la moitié de la population mondiale. C’est insensé et intenable. Presque obscène » (p. 48). Un monde écologique doit donc également être un monde de meilleure répartition des richesses, avec une remise en question de la notion de possession.

La mise en place des mesures nécessaires face à la catastrophe écologique actuelle doit s’associer à des mesures d’accompagnement, pour que chaque membre de la société soit intégré dans la démarche. Les personnes les plus riches doivent être mises à contribution pour financer la transition écologique, à laquelle les plus modestes sont incapables de faire face. Alors qu’il faut stopper une urbanisation galopante, il faut trouver des solutions pour toutes les personnes qui restent mal logées. De même, la transition écologique pourrait signer la fin de certaines professions et les personnes concernées devront être accompagnées pour retrouver une position sociale.

Enfin, une question délicate se pose, celle de la démographie. Y a-t-il aujourd’hui trop d’humains sur Terre ? Selon les dernières estimations, la population mondiale devrait progressivement se stabiliser à l’horizon 2050. En répartissant mieux les ressources et les richesses, il paraît envisageable de maintenir une telle population. Pourtant, pour réduire l’impact de l’homme sur l’environnement, il serait souhaitable d’observer une réduction de la démographie, mais cette tendance ne peut pas se faire de manière autoritaire. Même si chacun à son échelle peut réfléchir à cette question !

5. Vers une évolution profonde de la présence humaine sur Terre

Prendre des mesures immédiates et concrètes face à la situation catastrophique actuelle est une urgence absolue, le pronostic de la vie sur Terre en dépend. Mais une fois ces mesures en vigueur – si tant est qu’elles soient décidées et mises en place par les pouvoirs publics –, faut-il envisager un profond remaniement de la position de l’homme sur la planète ? Aurélien Barrau présente plusieurs évolutions ou révolutions profondes qu’il considère nécessaires dans un second temps.

L’homme doit un à un redéfinir tous les liens qui l’unissent à la nature. Il revendique notamment la fin de toute exploitation animale, comme le font les véganes. Au-delà, il considère que l’homme doit cesser de penser que la Terre lui appartient de manière implicite. Dans certains pays, des droits juridiques commencent à être accordés à des rivières, à des forêts, à des terrains vierges de toute exploitation humaine. Dès lors, les droits de ces espaces peuvent être défendus, même s’ils le sont par des hommes dans le cadre de lois rédigées par des hommes.

Sur le plan des ressources, le débat écologique se limite souvent à la question du nucléaire, alors qu’il ne constitue qu’un aspect parmi tant d’autres. Pour Aurélien Barrau, la question de la fin du nucléaire doit être posée, mais elle est complexe et demande un certain temps de réflexion. Une sortie trop rapide et à tout prix de l’énergie nucléaire risque de provoquer un retour vers des énergies fossiles, beaucoup plus polluantes. Il est indispensable d’envisager de nouvelles solutions à court, moyen et long termes, et surtout de s’assurer qu’elles soient viables.

En redéfinissant la place de l’homme sur Terre, une seconde question essentielle surgit, les valeurs fondamentales des sociétés modernes. Sans créer de nouveaux concepts philosophiques, la transition écologique implique de redonner une place centrale et primordiale à la vie. Pour la préserver, il faut tout repenser, la croissance, l’économie, le travail… et revenir aux choses essentielles de l’existence. Autrement dit, renouer les liens distendus entre l’homme et son environnement. Une telle perspective peut également entraîner une profonde refonte de la société et de ses valeurs fondamentales, mais aussi des systèmes politiques en place.

6. Une occasion unique de redéfinir la société

Depuis quelques mois, un peu partout dans le monde, des lycéens et des étudiants se mobilisent pour demander aux pouvoirs publics de réagir face à la catastrophe écologique annoncée. Il n’est plus l’heure de se rejeter la faute, de désigner des coupables ou de rechercher des causes, il est plus qu’urgent d’agir, et le monde politique se doit d’être un exemple en la matière. « La nature ne relève pas d’un ministère : elle est le nom de notre monde ». (p. 67).

Au-delà des systèmes politiques, la transition écologique doit changer d’image. De contrainte, elle doit devenir une chance. Une chance unique pour chaque être humain de redéfinir le monde dans lequel nous vivons et les valeurs sociétales que nous véhiculons. Le rapport à l’autre, et en particulier le rapport à l’étranger, est, pour Aurélien Barrau, un exemple emblématique. Alors que l’Europe peine à accueillir quelques milliers de réfugiés politiques, comment sera-t-elle capable de gérer les millions de réfugiés climatiques de demain ? Il est temps de redéfinir de nouvelles valeurs pour recréer une société et un monde totalement nouveau, à l’occasion de la transition écologique. Ce monde pourrait être construit sur des valeurs essentielles de partage, entre les hommes, mais aussi entre les hommes et les autres êtres vivants.

Dans un environnement totalement recréé, certains comportements favorables à la nature et à la vie seraient largement valorisés. La transmission devient alors un élément clé pour réussir à imposer des comportements respectueux. Il est essentiel que les futures générations bénéficient très tôt d’une formation à l’écologie. Il s’agit en un sens d’abandonner un monde basé sur l’économie et la croissance, pour construire un nouveau monde basé sur le partage et l’harmonie avec la nature. Comme certains évoquent notre manière d’être à la vie, il faut totalement imaginer notre être à la terre. « Si le génie humain existe, c’est ici et maintenant qu’il doit se manifester » (p. 141).

7. Conclusion

Face à l’urgence de la situation, Aurélien Barrau énonce quelques mesures d’urgence qu’il estime nécessaires au point que les pouvoirs publics devraient légiférer pour les rendre obligatoires. Au-delà de cette urgence avec laquelle l’humanité doit réagir, le réchauffement climatique est présenté comme une occasion unique de redéfinir les contours de la place de l’homme sur Terre et du rapport entre les hommes dans nos sociétés modernes.

Cet ouvrage n’aborde pas que des aspects purement environnementaux, mais aussi des aspects sociaux, politiques, économiques, éthiques et parfois philosophiques, qui viennent entretenir le débat au combien actuel autour de la question du réchauffement climatique.

8. Zone critique

Si un sujet dans le monde suscite bel et bien le débat depuis quelques années, c’est justement le réchauffement climatique. Malgré les nombreuses preuves scientifiques apportées par les membres du GIEC, certains réfutent encore l’idée que la Terre se réchauffe, que cette situation est liée aux activités humaines, et qu’elle a des conséquences potentiellement désastreuses, voire irréversibles, sur la Terre, l’humanité et la biodiversité. Au-delà, les mesures à entreprendre immédiatement et sur le moyen et long terme sont également source de profondes divisions.

Aurélien Barrau est partisan d’une nécessaire décroissance, tandis que de nombreux experts et politiques plébiscitent une croissance verte. De même, la vision politique et parfois philosophique de l’écologie présentée dans l’ouvrage ne fait pas l’unanimité, beaucoup dissociant encore l’écologie de la politique et l’écologie des valeurs sociétales. L’écologie implique-t-elle obligatoirement de nouveaux schémas politico-économiques ? L’écologie passe-t-elle nécessairement par une refonte des valeurs humaines ? Des questions abordées par Aurélien Barrau et qui n’ont pas à ce jour de réponse universelle.

9. Pour aller plus loin

Ouvrage recensé– Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité, Paris, Éditions Michel Lafon, 2019.

Du même auteur– Collectif, Multivers. Les mondes multiples de l’astrophysique, de la philosophie et de l’imaginaire, Paris, La Ville brûle, 2010.– De la vérité dans les sciences, Paris, Dunod, 2016.– Au cœur des trous noirs, Paris, Dunod, 2017.– Chaos multiples, Paris, Galilée, 2017.– L'animal est-il un homme comme les autres ?, Paris, Dunod, 2018.

Autres pistes– John Houghton, Le réchauffement climatique, Louvain-La-Neuve, Éditions De Boeck, 2015. – Rémy Prud’homme, L’idéologie du réchauffement, Paris, Éditions l’Artilleur, 2015. – François Gervais, L’urgence climatique est un leurre, Paris, Éditions l’Artilleur, 2018. – Bruno Durieux, Contre l’écologisme, Paris, Éditions De Fallois, 2019.

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