Dygest vous propose des résumés selectionnés et vulgarisés par la communauté universitaire.
Voici le résumé de l'un d'entre eux.
de Béa Johnson
Après une prise de conscience digne d’une crise de la trentaine, Béa Johnson partage dans ce livre son expérience, son déclic, et ses trucs et astuces qui ont fait leurs preuves pour l’aider à se rapprocher de l’objectif zéro déchet. La philosophie « zéro déchet » consiste à éviter autant que possible de générer des déchets. En effet, la plupart des déchets, destinés au recyclage ou non, finissent généralement dans une décharge à ciel ouvert, libérant des composants toxiques dans la terre, les réserves d’eau naturelle et l’air.
Contrairement à ce que l’on peut penser, poursuivre l’objectif zéro déchet permet plus d’avantages que d’inconvénients. En effet, cela permet d’alléger votre dette écologique, de gagner du temps au quotidien, d’améliorer notablement votre santé et celle de votre famille, et de réduire vos dépenses. Sans proposer de solutions extrêmes, l’auteure propose des solutions adaptées à votre situation démographique et géographique pour atteindre progressivement cet objectif.
Ne devant plus entretenir une grande propriété, chaque membre de la famille avait l’occasion de pratiquer des activités pour son plaisir et non plus par obligation – loisirs, partage, conversations. Ce sont ces moments que Béa Johnson met en avant et sur lesquels elle insiste dans ce livre. Elle propose ainsi de vous faire découvrir quelles actions vous correspondent, en évitant les erreurs qu’elle a commises : Béa Johnson commença par pousser sa pratique à l’extrême – en faisant son propre papier, son propre beurre, en refusant les cadeaux de ses amis, et en utilisant de la mousse des forêts pour remplacer le papier toilette !
Rapidement, elle fut confrontée à la réalité : ses actions n’étaient pas représentatives de celles de la société. Peu à peu, elle a compris qu’elle devait prendre du recul, mais aussi se débarrasser de ses frustrations : certaines de ses actions étaient trop coûteuses, prenaient trop de temps et n’étaient donc pas durables – comme faire son propre beurre. Ainsi, elle a décidé de chercher un équilibre plutôt que d’appliquer ces solutions à l’extrême – dans l’idée de tenir à long terme un mode de vie viable et correspondant à la réalité du quotidien.
Pour poursuivre son objectif zéro déchet, Béa Johnson a mis en place cinq règles et vous propose de les appliquer :
• Refuser (ce dont nous n’avons pas besoin),Béa Johnson met en garde contre tout ce qui est « gratuit » – les pailles en plastique, les pochettes cadeaux, les flyers, les échantillons, les gobelets, etc. L’auteure a conscience que refuser un déchet à usage unique ne le fait pas disparaître, mais si de plus en plus d’individus agissent en ce sens, alors de nouvelles solutions pourraient être créées pour répondre à leur nouvelle demande.
• Réduire (ce dont nous avons besoin et ne pouvons refuser),L’auteure conseille de faire le vide dans toutes les pièces de votre maison, et devant chaque objet, demandez-vous : « En ai-je besoin ? L’utiliserai-je encore ? ». Donnez ou vendez tous les objets ne répondant pas à ces critères. Réduisez vos achats ou acheter de la qualité – réparable, en bois, en verre ou en acier inoxydable – et non de la quantité.
• Réutiliser (ce que nous consommons et ne pouvons ni refuser ni réduire),Dans un premier temps, ne confondez pas « réutiliser » et « recycler » : « Recycler, c’est retraiter un produit pour lui donner une nouvelle forme. […] Réutiliser, c’est utiliser plusieurs fois le produit sous sa forme manufacturée [pour] maximiser son utilisation et prolonger sa durée de vie. » (p. 45) Favorisez l’utilisation de produits d’occasion et pensez à la location pour vos outils et objets peu utilisés – tondeuse, par exemple. Soyez créatifs et réparez, donnez, réutilisez !
• Recycler (ce que nous ne pouvons ni refuser, ni réduire, ni réutiliser),En matière de recyclage, vous serez peut-être surpris d’apprendre que certains plastiques symbolisés comme « recyclables » ne le sont pas – vérifiez qu’ils soient numérotés entre 1 et 7. Contactez votre collectivité et rendez-vous sur allo-dechetterie.com pour connaître les centres de collectes des produits difficiles à recycler ou dangereux – peinture, piles, bouchons, etc.• Et composter le reste.
L’auteure propose 10 systèmes de compostage selon votre mode et lieu de vie – urbain ou non, alimentation végétarienne, végétalien ou carnivore. Si vous avez des animaux, vous pouvez composter leurs excréments dans des composteurs différents de ceux utilisés quotidiennement. Attention, les excréments des chats peuvent être porteurs du parasite toxoplasma gondii : ne les jetez pas dans vos toilettes, ne les compostez pas, mais jetez-les pour être brûlés.
En réduisant votre consommation et vos achats, vous aurez moins de choses à réparer, à nettoyer ou à jeter plus tard ! C’est cette règle première que l’auteure a mise en place dans sa cuisine, dans sa salle de bains, sa chambre et son dressing. Triez vos anciennes recettes, votre dressing et vos cosmétiques, et favorisez ceux permettant une utilisation zéro déchet. Rappelez-vous que « c’est notre manque de confiance en nous qui nous encombre ». (p. 129).
Ces différentes questions vous aideront à trier efficacement vos objets du quotidien :
• Cela fonctionne-t-il encore ?• Est-ce périmé, en mauvais état ou démodé ?• Est-ce que je l’utilise, ou le porte, régulièrement ?• En ai-je plusieurs ?• Cela met-il la santé de ma famille en danger ? Les substances chimiques à bannir sont nombreuses : BHA, BHT, MEA, DEA, TEA, PEG, parabènes, parfum, triclosan, etc. Pour faciliter votre tri, bannissez tous les produits sur lesquels figurent les mots « poison », « danger » ou « fatal ».• Est-ce que je le garde par culpabilité – parce qu’on vous l’aurait offert ou qu’il coûte cher ?• Est-ce que je le garde parce que « tout le monde en a un » ?• Mérite-t-il que je consacre du temps à le nettoyer ?• Est-ce réutilisable ?• Pourrais-je utiliser cet espace pour autre chose ?
Si votre tri est perturbé par l’inéluctable question « Et si j’en avais besoin ? », dites-vous bien que oui, vous pourriez en avoir besoin, mais certainement peu de fois par an. Cependant, vendre ou donner cet objet vous sera plus favorable que de le conserver !
Adaptez vos espaces à la suite de votre tri : enlevez des étagères, enlevez des meubles et apprenez à profiter de l’espace réel de votre intérieur. Faites en sorte de ne pas vous torturer et réduisez votre consommation des médias et vos virées shopping. Utilisez des contenants réutilisables pour faire vos courses – bocaux, bouteilles en verre, filets de légumes, sacs en tissu, grands sacs à pain – et rédigez des listes de courses ! Pour cuisiner, favorisez les matériaux en bois, acier inoxydable et en verre : rendez-vous chez un fournisseur de restaurants pour acheter des produits conçus pour durer longtemps !
Pensez également aux serviettes de table en tissu et aux ronds de serviettes personnalisés !
L’auteure a testé des recettes maison jusqu’à trouver celles qui lui convenaient et celles qui correspondaient aux membres de sa famille. Fabriquer soi-même ses cosmétiques, ses produits d’entretien et ses remèdes permet d’être indépendant des cycles de consommation classiques. Premièrement, faites-vous même ce que vous ne trouvez pas en vrac.
Préférez l’utilisation d’une coupe menstruelle et créez vous-même vos protections hygiéniques à partir de trois épaisseurs de flanelles en coton. Mettez en place la technique HNI (hygiène naturelle infantile) pour apprendre à votre enfant à être propre avant ses 1 an, avec ou sans couche. Nettoyer uniquement avec du vinaigre blanc, du savon de Marseille et du bicarbonate de soude suffit à maintenir une maison propre. Favorisez l’usage de produits durables – lavettes en microfibres, balai, éponges métalliques, brosse à récurer et brosses à dents usées.
Pour le déodorant et le dentifrice, l’auteure utilise tout simplement du bicarbonate de soude. Vous pouvez également utiliser une pierre d’alun en guise de déodorant. 300 g de bicarbonate de soude et une cuillère à café de stévia suffiront à fabriquer votre dentifrice maison. Pour vous épiler, l’auteure préconise l’épilation au laser, coûteuse, mais durable, ou de faire votre propre cire au sucre – en prenant garde de ne pas vous brûler ! Elle propose également de faire soi-même son maquillage. À partir d’ingrédients naturels – amandes grillées, épices, argiles, poudre de cacao, de betteraves ou de caroube, huiles végétales, citron, cire d’abeille, beurre de noix de coco, fécule de maïs –, Béa Johnson parvient à créer tous ses produits !
D’un autre côté, elle met en garde contre les comportements extrêmes visant à refuser les progrès de la médecine. Par exemple, elle ne refuse pas les médicaments nécessaires à sa famille, mais réduit leur utilisation grâce à une vie saine. Elle recourt à des remèdes maison, demande aux médecins de réduire leurs prescriptions au minimum, et tient un inventaire précis des médicaments déjà disponible chez eux.
Qu’il s’agisse de votre vie au bureau, des jeux de vos enfants, ou de vos sorties, l’auteure conseille de simplifier votre vie pour favoriser la productivité et les liens sociaux. Reprenez la liste de questions citées ci-dessus pour trier votre bureau, mais également les jouets de vos enfants et leur dressing. Le but n’est pas de priver vos enfants de leurs jouets, mais de ne conserver que leurs préférés.
En mettant à leur disposition des jeux à la conception minimaliste, vous stimulerez leur créativité, leur imagination, leurs capacités d’imitation et d’interactions sociales, leur sens du rythme, et ce, avec des activités en plein air. Qu’il s’agisse de cadeaux pour vos enfants, votre famille ou vos amis, favorisez les expériences et non les biens matériels. Pensez à emballer vos cadeaux dans du tissu ou du papier compostable.
S’habituer à des changements alimentaires ou d’activités ne sera pas forcément évident pour les enfants, mais rappelez-vous que ceux-ci ont des besoins simples, et, que ce sont les parents qui reflètent leurs propres frustrations dans les habitudes instaurées au quotidien. Limitez les activités en fin de journée ou en fin de semaine et faites des relations familiales une priorité ; votre enfant sera moins stressé. Renouez avec la nature, impliquez vos enfants dans vos décisions quotidiennes et apprenez-leur à distinguer un objet de valeur d’un objet qui va rapidement se transformer en déchet, apprenez-leur à refuser un objet en étant, pour autant, polis.
Au bureau, soyez proactif concernant les publicités reçues dans votre boîte aux lettres et indiquez aux expéditeurs votre refus de continuer à les recevoir. Toutefois, réutilisez les enveloppes, les cartons et les boîtes reçues par courrier. Remplacez les trombones par des techniques créatives de pliage de papier, et, pour les cartouches d’imprimante, limitez leur utilisation – autrement, imprimez en mode économique et le plus possible, sur du papier déjà imprimé sur une face.
Utilisez Internet et le cloud avec parcimonie : pensez aux nombreux serveurs qui fonctionnent sans cesse pour mettre à disposition nos mails et nos fichiers. Ainsi, supprimez les mails lus et inutiles : pensez à les supprimer de votre corbeille et non seulement de votre boîte de réception.
Au début, l’auteure a été confrontée aux questions et aux interrogations de ses proches et des commerçants, surpris par ses demandes. Pour éviter toute mésentente, elle utilise des réponses simples, permettant d’aller à l’essentiel : « Désolée, je n’ai pas de poubelle chez moi. », « Nous en avons déjà trop chez nous, merci. », « J’essaie de simplifier ma vie ».
Quand Béa Johnson reçoit, la table est mise avec la vaisselle de tous les jours et ses plats sont faits à l’avance. Informez vos amis et parlez-leur des objets réutilisables que vous avez adoptés. Expliquez-leur pourquoi vous avez désencombré votre intérieur, mais aussi des économies que vous réalisez. Donnez-leur tous les éléments pour comprendre et respecter votre choix.
Si vous le pouvez, favorisez également les trajets à vélo et en transports en commun, remplacez vos ampoules par des LED, empruntez vos livres en bibliothèque, installez un pommeau de douche à débit réduit, récupérez l’eau de votre douche le temps que l’eau chauffe, utilisez une grille à évier et compostez son contenu, etc. En cuisine, soyez créatifs et accommodez vos restes ! De même, utilisez la méthode furoshiki pour emballer vos aliments lors de pique-nique, goûter, déjeuner en extérieur, etc. Veillez à composter vos créations – ne collez pas du plastique à du bois.
Pour agir correctement, reprenez une à une les cinq règles à suivre énoncées par l’auteure en début de texte. Si l’on vous pose la question : le recyclage crée dix fois plus d’emplois par tonne de matériel que la décharge (Cascadia Consulting Group, 2009).
Une fois que vous aurez adopté le mode de vie zéro déchet, vous inspirerez d’autres personnes. Si vous en doutez, pensez à cette phrase de Gandhi : « Soyez le changement que vous voulez voir dans ce monde. » Passez à l’action, rendez-vous à des débats portant sur les déchets, investissez-vous auprès d’associations caritatives autour de chez vous, boycottez les commerçants gaspillant les ressources et favorisez ceux qui les préservent, écrivez aux politiques et aux entreprises concernées, des lettres de suggestions – en n’oubliant pas de rédiger un courrier que vous aimeriez recevoir. Essayez d’échanger avec les commerçants utilisant des articles à usage unique quand vous passez commande : refusez, expliquez, proposez des alternatives et parlez-leur des économies à réaliser.
Selon les obstacles que vous rencontrerez, ne vous laissez pas abattre et rappelez-vous que le moindre changement en faveur de l’environnement est positif.
Vivre selon le mode de vie zéro déchet demande d’être prévoyant, de penser aux différents objets qui pourront être utilisés selon tel événement pour ne pas gaspiller. Dès l’achat d’un objet, essayez d’envisager son cycle de vie entier ainsi que sa recyclabilité. Concernant certains matériaux qui entrent néanmoins chez vous, mettez-les de côté un certain temps pour pouvoir les utiliser ou les réutiliser – enveloppes plastifiées, stylos reçus par courrier, etc.
Dans un monde zéro déchet, le recyclage devrait être standardisé mondialement et les produits devraient être conçus pour être réutilisés et réparés. Pour atteindre l’idéal souhaité par la philosophie zéro déchet, il est important de comprendre que le changement commence par soi-même, par les producteurs, les fournisseurs et les gouvernements ensuite et, enfin, par l’ensemble de la société. D’où l’importance de passer à l’action : « N’attendez pas passivement le changement, suscitez-le. » (p. 377)
Le zéro déchet n’étant pas un mode de vie simple à mettre en place au premier abord, l’auteure propose multiples solutions favorisant le lien social, les échanges de connaissances, la créativité et la simplicité. Elle évoque les « déchets actifs » – ces déchets qu’elle renvoie avec une lettre de suggestion aux producteurs.
Favorisant l’action et la libération de la parole, elle considère que l’empreinte carbone de l’expédition compense l’impact de ce déchet sur l’environnement : c’est contestable, mais louable. Elle évoque peu le green washing – manipulations marketing et de communication des entreprises, en faveur d’un positionnement écologique, pour nous faire consommer toujours plus.
Malgré certaines contradictions – prendre ou ne pas prendre l’avion –, l’auteure est honnête avec les lecteurs et précise qu’il revient à chacun de faire ses propres choix pour adopter des changements durables, de trouver l’équilibre entre contraintes régionales et besoins personnels.
Ouvrage recensé– Béa Johnson, Zéro Déchet – 100 astuces pour alléger sa vie, Paris, Éditions J’ai Lu, 2015.
Autres pistes– Colin Beavan, No Impact, Peut-on sauver la planète sans rendre dingue sans famille, Fleuve noir, 2010.– Sandrine Monrocher-Zaffrano, L’hygiène naturelle de l’enfant – La vie sans couches, Jouvence Éditions, 2005. – Michael Pollan, Nutrition, mensonges et propagande,Vergèze, Thierry Souccar Éditions, 2008.– Niki Segnit, Le Répertoire des saveurs, Marabout, 2012.– Site de techniques de pliage de tissu, furoshiki, recommandé par l’éditeur français et l’auteure : www.furoshikiecoconcept.wordpress.com