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Voici le résumé de l'un d'entre eux.

Osez réussir

de Carole S. Dweck

récension rédigée parCamille GuibbaudResponsable éditoriale indépendante.

Synopsis

Développement personnel

Vendu à plus de 2 millions d’exemplaires, cet ouvrage est le fruit de plusieurs années de recherches de Carol S. Dweck. Elle montre comment notre état d’esprit influe sur notre vision du monde, sur notre capacité à réussir, mais aussi sur nos relations sociales. Au final, elle fait bouger les codes de nos croyances concernant l’intelligence et l’effort.

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1. Introduction

Au cours de ses recherches sur la réaction des individus face aux échecs, Carol S. Dweck a relevé deux façons de penser très distinctes : un état d’esprit fixe et un état d’esprit de développement. Prenons un exemple concret pour bien comprendre : face à des situations difficiles, un sujet à l’état d’esprit fixe aura tendance à avoir peur d’être jugé, et à se sentir en position d’échec quasi inévitable. Dans la même situation, un sujet à l’état d’esprit de développement aura le sentiment d’être face à une opportunité d’apprentissage, malgré la difficulté, avec pour motivation d’améliorer ses compétences. Cette différence de posture face à l’effort est caractéristique de la théorie de l’auteure.

Dans le cas d’un état d’esprit fixe, la personne que nous sommes aujourd’hui et nos compétences peuvent difficilement être modifiées ou évoluées. Si seule une faible évolution est possible, alors à quoi bon l’effort ? Après toutes ses analyses et recherches, l’auteure montre comment les individus à l’état d’esprit fixe ne croient tout simplement pas en l’effort, c’est-à-dire en une réussite possible après de multiples efforts et de multiples difficultés. Les états d’esprit fixe recherchent une validation constante de leurs acquis et refusent toutes entraves à leur progression – critiques, erreurs, sentiment d’infériorité. Ainsi, un esprit fixe peut être ambitieux et être un travailleur acharné, mais seulement s’il pense que ses capacités sont suffisantes pour la tâche proposée et qu’elle ne représente pas un trop grand défi.

A contrario, un état d’esprit de développement pense que nos qualités peuvent être cultivées par l’effort et que notre vrai potentiel est inconnu, impossible à connaître puisqu’en constante variation. Tout reste donc à faire et à améliorer. Voilà comment pense un état d’esprit de développement. En effet, plus le défi est grand et plus l’individu ayant un état d’esprit de développement se perfectionne, faisant preuve de détermination et de dépassement de soi. La différence notable entre un état d’esprit fixe et un état d’esprit de développement réside dans sa capacité à agir, à se dépasser et à essayer : « L’idée d’essayer et d’échouer malgré tout – de vous laisser sans excuses – est la pire peur de l’état d’esprit fixe ». (p. 63)

2. L’éducation parentale et scolaire, de hautes exigences et une atmosphère de soutien

Les évaluations du système scolaire proposent dès l’enfance de faire le point sur les capacités de chacun.

Cette idée selon laquelle une évaluation puisse nous mesurer maintenant et pour toujours est ce qui crée une pression importante pour les élèves. Les états d’esprit de développement ne sont pas à l’abri de ce stress puisque c’est la forme donnée aux tests et aux questions qui détermine l’état d’esprit dans lequel vont être les élèves lors des examens. Face à ce constat, l’auteure propose alors que tout soit fait pour qu’un environnement mettant en priorité la recherche d’apprentissage, de développements individuels – les intérêts de chacun, leur excentricité, leurs désirs et leurs valeurs –, d’amour inconditionnel sans jugement, soit mis en place autour de chaque apprenant. Un bon parent ou un bon professeur n’est autre qu’un être humain recherchant lui-même à apprendre chaque jour un peu plus, n’ayant donc pas peur de sa propre image ni de ses propres erreurs. La plupart du temps, les éducateurs confondent laxisme et empathie.

L’auteure montre, par plusieurs exemples concrets, comment la discipline et les hautes exigences peuvent et doivent être alliées à la compassion et à l’empathie. Pour autant, il est inutile de rehausser le niveau d’exigences sans donner aux élèves les moyens de l’atteindre. Il est important de donner du sens et de briser l’aspect écrasant et effrayant d’un concept. Au sein des écoles et des familles, l’auteure rappelle qu’il est important que les professeurs et les parents ne sous-estiment pas le potentiel de développement de chacun, même ceux considérés comme des marginaux, voire des ratés du système scolaire. En effet, génies ou non, chacun peut transformer de simples intérêts en réelles capacités.

Féliciter les enfants pour leurs capacités ou leur intelligence mène à l’état d’esprit fixe. Pour transmettre un état d’esprit de développement à un enfant, il faut tout d’abord dire la vérité factuelle – pas d’émotions. Ensuite, un enfant peut être félicité sur ses efforts, sa pratique, ses persistances dans l’étude, ses choix stratégiques, etc. Vanter l’intelligence des enfants fait du tort à leur motivation et leur performance.

3. Les croyances sociétales, victimes et bourreaux

Ainsi, comme l’auteure le précise, les examens scolaires devraient insister sur la notion de « développement du potentiel » – la capacité d’un individu à se développer par l’effort au fil du temps –, et non sur la mesure des compétences. Ce format d’évaluation repose souvent sur une des croyances de nos sociétés occidentales qui est que l’effort est une nécessité pour des individus incompétents ; ceux qui sont naturellement doués n’auraient quant à eux pas besoin de faire d’efforts. Cette croyance est caractéristique des états d’esprit fixe et ne permet pas de changement, d’apprentissage ou d’évolution : « Il y avait un proverbe dans les années 1970, qui disait “Devenir, c’est mieux qu’être.” L’état d’esprit fixe ne donne pas aux gens le luxe de le devenir. Ils doivent déjà l’être. » (p. 41).

De même, l’utilisation et l’expression des stéréotypes concernant les différences de capacités selon les sexes ou les origines – comme l’idée selon laquelle les filles ne seraient pas fortes en sciences ou en mathématiques – permet aux états d’esprit fixe d’affirmer ou d’augmenter leur estime d’eux-mêmes. En effet, en considérant l’autre comme inférieur, ceux-ci se positionnent comme des juges pouvant quantifier la valeur d’autrui. L’intimidation, la violence et la vengeance sont le fruit d’un jugement concernant la valeur de l’autre.

Si vous êtes victime de cette violence et qu’à ce moment-là, vous vous trouvez dans un état d’esprit fixe, vous pourriez bien vous concentrer sur des émotions telles que la honte, la colère, voire la culpabilité. Ainsi, vous aurez peut-être envie de vous venger, d’avoir, vous aussi recours, à la violence. Or, rappelez-vous que cela ne satisfait que votre estime de vous-même.

Face à la violence et à la vengeance, trop d’écoles acceptent l’état d’esprit fixe favorisant ainsi l’idée selon laquelle certains sont inadaptés au système. Si cette idée est acceptée alors les personnes responsables de l’éducation – parents et enseignants – laissent faire des comportements négatifs. À cela, l’auteure rappelle qu’il est important de combattre les atmosphères de jugement, de créer un climat de collaboration et de progrès personnel, de féliciter les efforts de tous.

En cela, les victimes comme les bourreaux doivent être accompagnés dans le constat de leurs propres actions comme un effort visant à l’amélioration. Carol S. Dweck montre que la violence prolongée peut transformer les états d’esprit et n’apporter que critique de soi, perte de confiance, violence, vengeance et jugements.

4. Le sport et le leadership : un état d’esprit de champion

Comme la carrure physique est visible, il est courant de penser que les sportifs agissent avec leur corps, rendu visible, plutôt qu’avec leurs capacités intellectuelles, rendues invisibles. Pourtant ces croyances sont en contradiction avec les états d’esprit de développement des sportifs à succès, elles encouragent encore et toujours le mythe du talent inné. Cette persistance à idéaliser certains individus est représentative de l’envie qui anime l’être humain vis-à-vis des figures supérieures, héroïques, différentes de soi.

Comme le rappelle l’auteure, il est capital pour une personne à l’état d’esprit de développement, et qui plus est un sportif, de se souvenir que c’est le travail d’équipe qui fait gagner. Un état d’esprit de champion est un état d’esprit de développement se focalisant sur le développement personnel, l’automotivation et la prise de responsabilité.

En sport, comme en entreprise, l’esprit d’équipe est primordial, le « nous » devant primer sur le « je », l’« équipe » devant primer sur l’« ego ». Carol S. Dweck montre que, si un individu, perçu par ces équipes comme un héros, abuse de son pouvoir pour intimider ou diminuer autrui, alors l’équipe se positionnera automatiquement dans un état d’esprit fixe, avec la peur d’être jugée, ne se permettant pas d’exprimer quelconque esprit critique. Glissant peu à peu vers ce qui est appelé par Irving Janis la « pensée de groupe », l’équipe, ou l’entreprise, fera face à un manque de courage, à un manque d’innovation et de communication.

Ainsi, un bon leader devra avant tout faire en sorte de s’améliorer sans cesse, en essayant de développer l’entreprise et le bien-être de ses employés, et non son ego et son amour-propre. En prenant ce parti-là, correspondant à un état d’esprit de développement, le responsable sera à même d’être un guide, et non un juge, un être humain motivant ses équipes, et non un ego abusant de sa position hiérarchique. L’auteure montre également par de divers exemples pratiques comment les bons leaders ont su rester modestes, curieux, capables de faire face à des situations brutales, à des remises en question tout en gardant la foi.

S’intéresser à ses équipes, aux partenaires, à ses employés, est un moyen et une finalité pour lisser l’ordre hiérarchique, prendre de bonnes décisions. Cela amène également à ne pas s’attribuer le mérite des autres ni leur contribution et, surtout, à ne pas être tenté de les diminuer ou de les intimider.

5. Les relations amoureuses, amicales et sociales

Au cours de ses recherches, l’auteure a relevé des comportements prédominants concernant les états d’esprit fixes et ceux de développement, dans leurs relations à autrui. Ainsi, les premiers auront tendance à rechercher des relations qui conforteront leurs capacités, les feront se sentir parfaits. Cela s’explique par leur peur de l’échec et ainsi la peur de faire des efforts inutiles, il est donc plus facile de se diriger vers des relations plus simples. Les états d’esprit de développement auront quant à eux tendance à rechercher des relations qui les mettront au défi, quitte à entendre leurs défauts, afin de devenir de meilleures personnes.

Différentes croyances sont véhiculées par la société et bien souvent les couples et les relations se construisent sur celles-ci.

Ainsi, l’auteure fait en sorte de rectifier ses croyances destructrices :- Les efforts ne signifient pas que ce n’est pas la bonne personne. Une relation nécessite continuellement des efforts.- Personne ne peut lire dans les pensées de l’autre. La communication est primordiale.- Nous avons tous des croyances concernant les droits et les devoirs de chacun au sein du couple. Il est important d’en parler avec l’autre pour accorder nos besoins.- Il ne faut pas transformer les défauts de l’autre en mépris, colère ou obsession. Les problèmes ne sont pas une incompatibilité de caractères. Pour faire face à cela, chacun peut transformer les critiques faciles et les jugements en actions concrètes, en se demandant par exemple : « Que convient-il de faire ? »- Choisir un partenaire, c’est choisir un ensemble de défauts.- Le partenaire peut changer, mais ne changera que s’il le souhaite, s’il s’engage dans le changement, en prenant des mesures concrètes.- Le couple ne doit pas tout faire par deux. Il est important de laisser de l’espace à l’autre pour sa propre identité. Les passe-temps de chacun sont nécessaires au développement individuel.- Une rupture n’est pas un échec, mais une capacité d’apprendre de soi, de qui nous conviendrait.

Avant tout, il est primordial d’analyser ses propres qualités (fixes ou en développement), celles de son partenaire, et celles de sa relation. L’auteure conclut alors en rappelant qu’une relation saine avec un esprit de développement ne s’opère que par la recherche d’épanouissement réciproque. Ainsi, chacun doit soutenir l’autre à devenir la personne qu’il souhaite devenir. Ainsi, le partenaire peut aider l’autre à atteindre son but et à accomplir son potentiel.

6. Changer d’état d’esprit et le conserver

Pour parvenir à un changement quotidien, l’auteure propose de noter ces mots et de les lire chaque matin : « Quelles sont les occasions d’apprentissage et de développement aujourd’hui ? Pour moi ? Pour les gens autour de moi ? » (p. 339) Après la lecture de ces phrases, elle rappelle qu’il est primordial d’établir un plan d’action pour toutes les choses que vous souhaitez entreprendre et qui vous tiennent à cœur. Le but étant de visualiser, avec de nombreux détails, la façon dont vous allez vous y prendre pour parvenir à réussir.

Ainsi, voici sa proposition pour vous aider à mettre toutes les chances de votre côté :« Quand, où et comment mettrai-je mon plan à exécution ? […] Comment […] vous demande de penser à toutes les façons de donner vie à votre plan et de le faire fonctionner.Quand vous rencontrez les inévitables obstacles et revers, faites un nouveau plan et posez-vous à nouveau la question :Quand, où et comment vais-je mettre mon plan à exécution ?Sans tenir compte du fait que vous pourriez vous sentir mal, faites-le ! […] Et quand vous réussissez, n’oubliez pas de vous demander :Que dois-je faire pour maintenir et continuer ce développement ? » (p. 339)

L’auteur rappelle que chaque individu doit décider et savoir si sa vie actuelle est propice au changement d’état d’esprit. De même, vouloir vivre en adoptant un état d’esprit de développement ne signifie pas que nos valeurs ou nos préférences doivent changer. Il est également important d’apprécier ses imperfections, surtout si celles-ci ne nuisent pas à notre vie ou à celle d’autrui.

7. Conclusion

Peut-être difficile à appréhender quand on souhaite une définition exacte de l’« intelligence », ce livre propose une catégorisation des individus en deux groupes, pour permettre à tous un développement adapté à toutes sortes de situations. Carol S. Dweck a construit une théorie appuyée par sa mise en pratique, grâce aux différents retours rapportés par ses élèves et les différents sujets de son étude.

En proposant un développement personnel surpassant toutes sortes de difficultés, elle offre un regain d’optimisme et de volonté. C’est cet aspect qui explique pourquoi ce livre connaît un succès auprès de ses lecteurs.

Ainsi, lorsque nous prenons conscience que nous avons le choix, que nous pouvons recourir à l’état d’esprit de développement en cas de difficultés, nous nous permettons de penser et de réagir différemment. Nous pouvons être dans un état d’esprit fixe dans certains domaines de notre vie, voire dans chaque situation, mais cela n’est pas immuable et nous pouvons changer.

8. Zone critique

Évoquant les travaux d’Alfred Binet, inventeur du test de Q.I., et de Robert Sternberg, spécialiste de l’intelligence contemporain, dès le premier chapitre, Carol S. Dweck fait le même constat : l’intelligence n’est pas immuable et peut toujours être développée.

Ainsi, l’éducation et l’exercice peuvent provoquer des changements fondamentaux de l’intelligence. Ne proposant jamais une définition claire et nette de l’intelligence, l’auteure préfère parler de « compétences », car c’est bel et bien celles-ci qui composent notre savoir, et donc notre intelligence.

Tout comme la théorie de l’auteure, la communication non violente (Marshall Rosenberg, 1970) s’appuie sur les mêmes notions de bienveillance, d’empathie et d’apprentissage pour développer une méthode de vivre ensemble et d’épanouissement personnel. Cette méthode de communication est similaire à celle proposée par Carole S. Dweck, mais tout aussi complémentaire.

9. Pour aller plus loin

Ouvrage recensé

– Osez réussir – Changez d’état d’esprit, Bruxelles, Éditions Mardaga, 2017.

Autres pistes

– Alfred Binet, Les Idées modernes sur les enfants, Paris, Flammarion, 1973.– Jim Collins, De la performance à l’excellence : Devenir une entreprise leader, Paris, Village mondial, 2009.– Daniel Goleman, L’Intelligence émotionnelle, vol. 1, Paris, Robert Laffont, 1999.– Laura Hillenbrand, La Légende de Seabiscuit : le cheval qui ne devait pas gagner, Paris, JC Lattès, 2003.– Carl Rogers, Le Développement de la personne, Paris, InterÉditions, 2005.

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