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Claude LĂ©vi-Strauss

Tristes tropiques

Si Tristes Tropiques est aujourd’hui l’ouvrage le plus lu de Claude Lévi-Strauss, c’est probablement parce qu’il en est le plus accessible. Toutefois, il est aussi paradoxalement le plus inclassable de l’ensemble de ses travaux. Il en est le moins scientifiquement dense, le plus littéraire et le plus – le seul – autobiographique. Et s’il a assis la renommée de Lévi-Strauss auprès du grand public, son accueil parmi les anthropologues fut mitigé. Pourtant, une lecture attentive de Tristes tropiques offre à son lecteur des clés de compréhension de toute son œuvre.

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MĂ©lanie PĂ©nicaud

Tristes tropiques
Tristes tropiques

book.chapter Introduction : l’exception littéraire

Tristes tropiques est l’unique texte littéraire de Lévi-Strauss au sein d’une immense production scientifique et, paradoxalement, l’ouvrage le plus connu de son auteur. En effet, le succès littéraire de Tristes tropiques a conféré à son auteur une immense renommée, en particulier auprès du grand public. Il s’agit du seul ouvrage autobiographique de l’auteur au sein d’une production exigeante, très théorique et qui ne s’attache pas à un groupe ethnique en particulier. Certaines phrases de l’ouvrage sont passées à la postérité, comme celle qui ouvre le livre : « Je hais les voyages et les explorateurs », ou encore : « Adieu sauvages, adieu voyages ». C’est Jean Malaurie, au milieu des années 1950, qui, pour la naissante collection « Terre humaine », fit la commande de l’ouvrage à Claude Lévi-Strauss. Cette dernière est à l’époque encore mal définie, et Tristes tropiques n’est précédé que des Derniers rois de Thulé (Malaurie, 1955) et des Esprits des feuilles jaunes (1955) d’Adolf Bernatzik, mais il s’agit déjà de donner une place au « je » et à la narration anthropologique. A posteriori, Lévi-Strauss racontait volontiers qu’il n’avait mis que quatre mois pour rédiger l’œuvre, écrite « dans l’exaspération et dans l’horreur ». L’auteur n’avait, disait-il, qu’une hâte, celle de terminer cet ouvrage pour pouvoir véritablement faire… « de la science ». En outre, Tristes Tropiques a conféré à son auteur une immense renommée. L’aspect littéraire de Tristes tropiques – à propos duquel le jury du Goncourt a communiqué regretter de ne pouvoir le couronner du prix au regard de son aspect non-fictionnel – réside tant dans sa forme que dans son contenu. La prose de Lévi-Strauss, très classique, sert un récit de voyage à la première personne. Toutefois, les chapitres placés au centre de l’ouvrage sont essentiellement des analyses anthropologiques des peuples étudiés par Lévi-Strauss pendant son séjour au Brésil : Caduveo, Bororo, Nambikwara et Tupi-Kawahib. Ces pages sont en outre émaillées de dessins ou motifs, notamment caduveos, ainsi que de reproductions d’objets ou de schémas de l’auteur. L’édition originale est complétée d’un livret inséré d’une soixantaine de photographies représentant des Bororo, Caduveo ou Nambikwara dans leur vie quotidienne. Ces photographies viennent doubler les descriptions de l’auteur pour offrir à son lecteur une rencontre plus intime encore avec ces peuples du Brésil. Avec Tristes tropiques, Lévi-Strauss s’inscrit également dans la lignée d’autres anthropologues qui signent des ouvrages de qualité littéraire, tels que, par exemple, Michel Leiris avec L’Afrique fantôme (1934), Les Flambeurs d’hommes (1934) de Marcel Griaule, ou encore L’Île de Pâques d’Alfred Métraux (1941). Ces travaux sont annonciateurs d’une réflexion menée dans les années 1980 sur les interactions entre l’anthropologue et ceux qu’il étudie, ainsi que sur les modes d’écriture, pour se prolonger ensuite, dans les années 2000, par des questionnements transdisciplinaires entre littérature et anthropologie.

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