Dygest logo
Google logo

Google Play

Apple logo

App Store

book.notAvailable

book.availableIn

Delphine Horvilleur

Réflexions sur la question antisémite

L’expression « manger en juif », étendue à « faire quelque chose en juif », signifie agir de façon dissimulée et dénote le fait de ne pas vouloir partager. Mais plus encore, elle dit ce qui est fait à part. Cet à-part – et la question de l’appartenance dans son ensemble – nous parle de la place du juif, de la définition intrinsèque de son identité – ou de l’impossibilité de la définir – et contient en germe ce qu’on lui reproche. Horvilleur, en tant que femme rabbin, apporte un éclairage unique sur cette haine ancestrale, en la déconstruisant et en examinant ses manifestations à travers l'histoire et dans le contexte contemporain. L'ouvrage explore l'antisémitisme non seulement comme une forme de racisme mais aussi comme un discours qui dit quelque chose de ceux qui le portent et de la société dans laquelle il émerge. Horvilleur discute de la manière dont l'antisémitisme sert souvent à définir une identité collective en désignant le Juif comme l'Autre absolu, l'élément étranger qui permet de consolider un "nous" en opposition à un "eux". Elle aborde également les questions de la laïcité, de l'identité, et du rôle de la mémoire et de l'oubli dans la perpétuation de l'antisémitisme. Horvilleur utilise des références bibliques, des anecdotes personnelles et des analyses historiques pour démontrer la complexité et la persistance de l'antisémitisme, tout en offrant des pistes de réflexion pour le combattre.

book.readingBy

Clara Boutet

Réflexions sur la question antisémite
Réflexions sur la question antisémite

book.chapter Introduction

L’ouvrage et son titre tirent leur inspiration des Réflexions sur la question juive publiées par Jean-Paul Sartre en 1946, selon lesquelles le juif se définit en creux par le regard de l’antisémite : il s’est construit en réaction à la haine dont il fait l’objet. Cependant, pour l’auteure, il n’y a pas de question juive. Il n’y a qu’une question antisémite. Parler d’une « question juive » c’est déjà s’inscrire dans un discours porteur de préjugés… et on sait combien ceux qui, dans l’histoire, ont réellement posé la « question juive » y ont répondu par une solution définitive… Dans cet essai, Delphine Horvilleur propose un retour aux textes sacrés, à travers la Bible hébraïque, les livres de la tradition rabbinique (notamment le Talmud) et les légendes juives, afin de remonter à la source de l’antisémitisme. Elle tente de cerner les caractéristiques propres à l’antisémitisme pour déterminer ce qui en fait un racisme particulier. Contrairement aux formes de racisme qui jugent l’autre minoré, inférieur à cause de sa différence (de couleur de peau ou de culture), le juif est haï pour ce qu’il possède, soupçonné d’usurper quelque chose : l’argent, le pouvoir, les privilèges… C’est pourquoi on le juge parvenu ou arrogant ; il éveille la rancœur et l’envie. Qui plus est, quand il nous montre ses plaies, il faudrait le plaindre… C’est ce qui fait converger sur lui la crainte, voire la haine. Il est reproché aux juifs d’incarner une identité inaboutie, de représenter une altérité que l’on envie (dans ce qu’ils possèdent) et de n’être pas tout à fait comme nous (ils sont à la fois le même et l’étranger – c’est pourquoi il faut leur trouver des signes distinctifs…). À travers cette interprétation de l’antisémitisme au sein de la littérature juive elle-même, l’un des enjeux de l’ouvrage est de rappeler que l’antisémitisme n’est ni un problème juif, ni le problème des juifs. L’auteure aborde cette question dans une perspective qui soulève à la fois l’aspect existentiel et l’aspect identitaire de ce que signifie être juif.

book.moreChapters

allBooks.title