Dygest vous propose des résumés selectionnés et vulgarisés par la communauté universitaire.
Voici le résumé de l'un d'entre eux.
de Dr Deepak Chopra
Évolutive, la science a compris qu’elle ne pouvait plus seulement explorer le matériel et le rationnel stricto sensu. Avec la physique quantique, un autre niveau de conscience et d’existence s’est fait jour, grâce au progrès scientifique. Située au-delà des notions d’espace et de temps, c’est cette réalité et cette intelligence sous-jacentes qu’il est alors question de découvrir derrière le rideau des apparences.
À l’origine et en opposition à la religion, la science a pris le parti de focaliser son attention sur la réalité visible. Certes, avec le développement des techniques, la physique, la chimie et la biologie en sont venues à l’observation de l’infiniment petit, dans un premier temps à partir de l’étude et de la vision microscopiques. Pour autant, jusqu’à la découverte des particules élémentaires observées dans le domaine quantique, la démarche scientifique n’a jamais cessé de sonder le matériel et le tangible de façon strictement rationnelle.
Et le fait est qu’à l’époque moderne, cette dimension scientifique matérielle s’est étendue parallèlement au développement d’un monde économiquement et socialement de plus en plus matérialiste ; circonstance qui a eu en propre de pourvoir à la satisfaction croissante des besoins élémentaires d’un nombre toujours plus important d’individus et de favoriser l’essor d’un certain confort matériel.
Néanmoins, cette évolution et ce progrès n’ont jamais fait disparaître les questions existentielles que l’humain se pose depuis la nuit des temps quant au sens de la vie, quant au rôle que chacun est censé y jouer, et quant à l’énigme de la destination / prédestination.
De fait, pour n’importe quel individu, des éléments du quotidien aussi prosaïques que le loyer à payer en fin de mois ou l’achat d’automobile familiale plus performante, ne suffisent pas, ne comblent pas, et ne répondent pas aux questions fondamentales.
En ce sens, le sentiment de crainte et l’anxiété qui parcourent les cœurs ne sont pas jugulés : inhérente à l’existence et à son sens, il perdure.
Ainsi donc, autant par nécessité que comme une évidence, l’optique matérielle et matérialiste du monde est insuffisante à satisfaire l’humain et à le faire entrer en harmonie avec les multiples éléments de son environnement immédiat, proche et lointain.
Au fil du long processus historique qui mène jusqu’à l’époque contemporaine, la science a connu une évolution notable : d’une approche tridimensionnelle classique de l’espace (hauteur, largeur, longueur), la physique a découvert le domaine quantique.
Ce domaine est celui de l’infiniment petit : bien plus profond que le domaine microscopique, aucun des cinq sens n’est en mesure de le percevoir.
Or depuis lors, la physique quantique a mis en évidence que le monde matériel n’est qu’un sous-ensemble du monde quantique. Autrement dit, le réel ne se limite ni à ce que perçoivent nos cinq sens ni à l’aspect tridimensionnel de l’espace, ni à tous les objets classiques que sont, pour la physique traditionnelle, la terre, l’eau, l’humain, les animaux, les gaz, les microbes, les bactéries, les molécules, etc.
De fait, avec la physique quantique, tout n’est qu’information et énergie, et la fameuse équation d’Einstein (E=MC2) en atteste : l’énergie équivaut à la masse multipliée par la vitesse de la lumière au carré. Dans ces conditions, la matière et l’énergie s’équivalent et sont une même chose, bien que sous des formes différentes.
De là, les scientifiques en sont arrivés à une approche et à une vision nouvelles du réel : le monde physique (celui des objets et de la matière) est fait d’une ou de plusieurs informations qui sont contenues dans de l’énergie qui vibre à des fréquences variables.
Forte de ce constat, la science en a conclu qu’au niveau quantique, les différents champs d’énergie font tous partie d’un champ d’énergie collectif. De nombreux scientifiques ont alors été amenés à découvrir que, d’une part, les objets ne sont pas séparés les uns des autres ; d’autre part, au niveau humain, animal, végétal, terrestre et universel, l’énergie collective de l’environnement se mêle à l’énergie de chaque entité vivante. En d’autres termes, aucune frontière n’existe entre chaque individu et le reste du monde pris dans son entièreté la plus inconcevable et la plus infinie.
Dès lors, chaque humain est connecté à l’autre et au Tout par le corps et par l’esprit, quand bien même ses sens ne lui permettent pas de discerner les ondes d’énergie et d’information qui constituent ce niveau d’existence quantique.
Au-delà de l’espace et du temps, scientifiques et philosophes s’accordent aujourd’hui sur le principe d’un troisième niveau d’existence.
De ce point de vue, le niveau le plus élémentaire de la nature n’est pas matériel : ce niveau va effectivement bien au-delà des deux premiers niveaux d’existence que sont le domaine physique et le domaine quantique.
Dans cette perspective, ce troisième niveau d’existence existe en tant que tel, sans qu’il ne puisse être ni situé ni délimité. Hors du temps et de la matière, cette sphère est plus précisément attenante au domaine spirituel, aux énergies et aux informations qu’elles véhiculent à une vitesse plus élevée que celle de la lumière.
Aussi impalpable que l’inconscient freudien et aussi visuellement insaisissable que la teneur du vent, ce domaine est tout à la fois virtuel, potentiel et universel. Il est animé par une intelligence supérieure : la sève de la nature qui, sans discontinuité ni linéarité, irrigue le mouvement et la création depuis l’ère du bigbang jusqu’aux systèmes les plus complexes du corps humain encore aujourd’hui incompris des scientifiques les plus chevronnés.
Ce potentiel non situé est celui qui, par son intelligence, crée et orchestre l’activité de l’énergie et de l’information partout en même temps, avec de multiples effets simultanément produits en divers endroits.
Pourquoi « potentiel » ? Parce que comme l’a mis en évidence la physique quantique, c’est l’observation qui, elle seule, transforme le potentiel en réalité. Mieux, sans une conscience qui agirait comme observateur et comme interprète des observations effectuées, tout n’existerait qu’à un stade ne relevant que du pur et du strict potentiel.
En effet, en physique quantique, il est démontré qu’un élément est tantôt une onde, tantôt une particule, ou les deux à la fois. Or cet élément ne se singularise en particule ou en onde qu’à partir du moment où il est observé ; autrement dit, seulement à partir du moment où l’observation opère son interférence décisive.
Dès lors, il devient acquis que c’est à partir d’un potentiel global qui n’est ni le rien ni le néant, que l’énergie – et que l’information qu’elle diffuse – circule.
Le pur potentiel contenu dans le Tout – ou domaine virtuel non situé –organise et synchronise le monde et l’univers, tout en créant les coïncidences d’où elles tirent leur source.
C’est par exemple le cas du banc de poissons qui nagent tous dans une même direction, avant d’un seul coup de bifurquer simultanément dans une autre direction. Or non seulement il n’y a pas de « chef » qui donne un ordre à toute « la troupe », et quand bien même ce serait le cas, le mouvement est tellement immédiat, instantané et coordonné, que l’hypothèse d’une communication entre eux est fondamentalement impossible.
Cette même réalité se retrouve à l’observation d’un vol d’oiseaux. La manœuvre est effectuée en formation. Ils sont une centaine, et quand ils changent plusieurs fois de direction leurs mouvements sont toujours entièrement synchronisés : ils modifient tous leur vol exactement en même temps sans se télescoper, conservant une parfaite harmonie. À cet instant, c’est comme s’ils formaient un organisme unique obéissant à un ordre muet, au-delà de l’espace-temps.
Ces exemples témoignent de la synchronisation qu’orchestre l’intelligence. De fait, elle existe en tout temps et en tout lieu, et, par son caractère ubiquitaire et instantané, ne peut se situer qu’en dehors de l’espace-temps. Elle est alors considérée comme la sève qui agit au cœur de la nature, dans tout être vivant et chaque circonstance qui l’anime.
Les coïncidences semblent donc omniprésentes. Par définition, elles entrent en résonnance d’autres événements. Et pour cause, le préfixe « co » signifie « avec », tandis que le terme « incidence » veut dire « événement ».
Or, dans une tradition millénaire héritée de différentes civilisations, les coïncidences constituent des signes manifestes de l’intelligence et de l’esprit universels d’où, précisément, procède cette synchronicité partout observable dans la nature.
Contrairement à certaines idées reçues dans un monde désenchanté, les coïncidences sont pleines de sens. Elles expriment l’intention de l’esprit universel.
À cet égard, une coïncidence n’est pas nécessairement heureuse ou malheureuse. Elle est, tout simplement, au même titre que le domaine potentiel et que l’esprit universel, tous deux non situés.
Une coïncidence a effectivement en propre de voir plusieurs choses s’accomplir en même temps ou en cascade, au service d’un dessein supérieur.
Par exemple, lorsqu’un individu souhaite satisfaire son intention de courir, il n’a nullement conscience de la cascade de coïncidences qui s’opèrent en lui. Or pour que sa course soit rendue possible, son cœur va battre plus vite et pomper plus de sang, ses tissus vont consommer plus d’oxygène, ses poumons vont respirer plus vite et plus profondément, et son sucre – carburant du système – sera rapidement consumé en gaz carbonique et en eau. Enfin, si ses réserves en sucre diminuent, de l’insuline sera sécrétée afin que le glycogène stocké dans le foie puisse être utilisé comme carburant, etc.
De façon synchrone, tous ces événements, en apparence indépendants les uns des autres, se produisent au service d’une cause supérieure qui les dépasse tous respectivement. Ils se synchronisent et coïncident, de fait.
À une échelle plus large, dans la vie de tous les jours de l’individu, chaque coïncidence peut être observée comme une occasion de découvrir ce que l’univers veut que celui-ci soit et devienne. En ce sens, chaque coïncidence peut alors être assimilée à un signal lumineux clignotant préposé à attirer l’attention sur quelque chose de plus important que le « terre à terre » du quotidien : les projets que l’univers nourrit et déploie à l’intention de chaque entité vivante.
Pourquoi y croire ? Une première réponse consisterait à simplement opposer son contraire : « Et pourquoi ne pas y croire ? » Mais par-delà cette forme de pirouette qui n’en démontre pas davantage, si l’humain est en mesure de s’émerveiller comme un enfant face à un tour de magie qui lui procure satisfaction, plaisir, conscience et foi de façon immédiate, il ne saurait nier que ce n’est pas parce qu’il ne parvient pas à observer les miracles – dans cette même immédiateté – que ceux-ci n’existent pas ou qu’ils ne se produisent pas.
Dans cette optique, les coïncidences se produisent partout à différents niveaux, et il conviendrait d’accepter de croire pour voir et savoir exprimer le potentiel qui, de fait, lie le vivant au potentiel universel non situé.
Le quotidien de l’époque moderne laisse peu de place à la réflexion métaphysique. Pourtant, les questions qui tourmentent l’humain restent les mêmes depuis la nuit des temps : « Quel est le sens de l’existence et quelle est ma raison d’être ici-bas ? ». À travers cet ouvrage, le Dr Deepak Chopra entrouvre la possibilité d’un monde et d’une conscience qui rappellent que chaque élément est connecté à tout depuis toujours.
Or, à partir de l’attention portée aux coïncidences qui surviennent partout au quotidien, il devient possible de s’éveiller à la réalité d’un champ invisible qui, tout indicible qu’il puisse paraître et demeurer, est pourtant perçu en chacun, d’une façon ou d’une autre, jusque dans les plus petits détails de la sensation d’exister.
En ce sens, l’auteur invite à pousser la démarche plus en avant en s’efforçant de rester attentif et de se tenir consciemment méditatif. Pourquoi ? Parce qu’il est persuadé que cette posture nouvelle équivaut ni plus ni moins à une renaissance – voire à la pure et à la véritable naissance d’un être au fait de sa provenance et de sa destination.
De prime abord, entreprendre de décrire une réalité située en dehors du repère indépassable de l’espace-temps pourrait relever de la gageure. Le Dr Deepak Chopra s’y est pourtant attelé avec rigueur et abnégation.
Malheureusement, au cœur de la démarche, la tâche s’est révélée d’autant moins aisée que les mots à disposition dans le langage sont souvent impuissants à embrasser une dimension que les cinq sens humains ne peuvent pas percevoir. Dans ces conditions, si alléchant et si séduisant soit-il, l’exposé ne peut éviter de souffrir d’une carence qui, de bout en bout, incline nécessairement à un certain scepticisme.
En effet, en s’efforçant de se saisir d’un niveau de conscience aussi impalpable que ce Tout universel tout à la fois ubiquitaire et non situé, le propos dérive inéluctablement vers une propension à l’ésotérisme qui, malgré le secours de la physique quantique, finit par prendre le pas sur les aspects purement scientifiques qui ont motivé l’ambition de l’ouvrage.Pour autant, les propositions avancées ici ne sauraient être écartées d’un dédaigneux revers de main au vaniteux motif que ce degré de conscience et de réalité ne serait ni démontré ni démontrable.
Et en ce sens, force est de reconnaître que l’audace intellectuelle du Dr Deepak Chopra a permis d’entrouvrir un champ qui, à n’en point douter, mériterait d’être approfondi et revisité à partir d’outils terminologiques eux-mêmes approfondis et revisités.
Ouvrage recensé– Le livre des coïncidences, Paris, Dunod, 2004.
Du même auteur– Le corps quantique, Paris, J’ai lu, 2009.– Le livre des secrets, Paris, J’ai lu, 2014.