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Voici le résumé de l'un d'entre eux.

Calme et attentif comme une grenouille

de Eline Snel

récension rédigée parCatherine Piraud-RouetJournaliste et auteure spécialisée en puériculture et éducation.

Synopsis

Développement personnel

Ce best-seller international, traduit du néerlandais et préfacé par le psychothérapeute Christophe André, a été publié en 2012. Dans son édition 2017, enrichie, il présente des exercices de méditation pour les enfants de 4 à 12 ans, notamment agités, stressés ou angoissés. Inspirée de la pratique de la pleine conscience, que l’on doit à l’Américain Jon Kabat-Zinn, cet ouvrage propose aux parents et aux jeunes lecteurs des exercices simples de respiration et de concentration, à faire en solitaire ou entre eux. Objectif : leur apprendre à se recentrer sur l’instant présent, à maîtriser leurs émotions négatives et à prendre du recul par rapport aux préoccupations et aux péripéties du quotidien.

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1. Introduction

Directement inspirée de la pratique élaborée par Jon Kabat-Zinn, le pape de la méditation de pleine conscience, la méthode d’Eline Snel repose sur des exercices de respiration simples, qui aident peu à peu à se recentrer sur l'instant présent et à prendre du recul par rapport à l'agitation et aux ruminations. Mais c’est aussi un mode d’emploi global visant à optimiser le vécu des différents membres de la famille, ainsi que leurs relations mutuelles, dans une atmosphère de bienveillance et d’empathie.

Calme et attentif comme une grenouille se présente comme une boîte à outils complète pour les parents et les enfants. Le livre, illustré, alterne conseils, histoires et témoignages. Il est accompagné d’un CD, visant à accompagner, pas à pas, les exercices de méditation (à pratiquer par les enfants, mais aussi par les parents). On en compte plus d’une dizaine, à faire au quotidien : sur le chemin de l'école (pour apprendre à regarder), à table (pour s’écouter mutuellement), lorsqu’on visionne un film en famille (pour prendre conscience de ses émotions)... On y trouve aussi une rubrique « Trucs pour la maison » (le bulletin de météo personnel, l’arbre à souhaits…), ainsi que des « recommandations pour l'utilisation du CD » : comment présenter les exercices à l'enfant, l'inciter à pratiquer régulièrement et à mettre en mots son ressenti…

Tout commence par la respiration. En dirigeant l’attention sur celle-ci, on est présents à ce qui se passe : non pas hier, ni demain, mais ici, maintenant… « Dès que vous observez le mouvement de votre respiration, vous devenez un peu plus conscient de votre monde intérieur et du moment présent. Vous faites un pas vers davantage de concentration », note Eline Snel. Fil rouge : imiter la grenouille, un animal qui peut à la fois faire des sauts énormes et rester de longues minutes sans bouger d’un pouce, en observant son environnement. « Ne rien faire. Etre, tout simplement, sans plus », indique Eline Snel.

2. Se recentrer sur soi-même

Eline Snel dispense de nombreuses clés pour aider parents et enfants à reprendre contact avec leurs sensations diverses, tant corporelles que physiques, afin de davantage les maîtriser et aller vers un mieux-être. Elle conseille aux parents de mieux écouter les signaux de leur corps et d’apprendre à leurs enfants à faire de même, pour leur permettre de sentir la fatigue, l’énergie, la saturation… Une éducation qui permet aussi aux plus jeunes de remarquer plus facilement quand ils ne vont pas bien (stress, maux de ventre, angoisse, colère, tristesse…).

Comment procéder ?

Il s’agit de laisser les enfants se coucher comme ils le sentent (sur le dos, sur le ventre…), ou encore s’asseoir, à leur guise, mais le dos bien droit. Et de diriger leur attention sur leur corps, sans bouger. De leur demander de rester en contact avec leur ventre et de sentir ce qu’il se passe, depuis leurs pieds jusqu’au sommet de leur tête. Puis de lancer la discussion avec eux sur ces ressentis.

Un autre exercice aide les enfants à découvrir les limites de leur corps. Instructions : se mettre debout, les pieds bien plantés au sol, et étirer les bras vers le haut, le plus possible, tout en respirant normalement. Puis revenir à la normale et être à l’écoute de ses sensations lorsqu’on reste immobile. Avant de se revigorer, en restant encore un peu debout et en tapotant, de façon rythmique, jambes, fesses, ventre, poitrine, bras, cou, épaules… Un exercice que l’on peut aussi faire à deux. De manière plus globale, cette pratique est utile pour aider les uns et les autres à mieux cerner les limites des agissements acceptables ou pas, au sein de la famille et en société…

L’exercice du « spaghetti », comme image du corps, vise spécialement à aider les enfants à tendance agités à « transformer les spaghettis durs qui sont dans leur corps en pâtes souples, bien cuites, tout à fait molles. » Cette pratique permet aux enfants de découvrir combien se détendre est facile et bénéfique. Les astuces regorgent pour se recentrer sur son enveloppe corporelle : se placer devant un miroir, rire et analyser ce qu’on ressent, seul ou avec d’autres ; courir de façon consciente aussi ; manger avec attention, en se concentrant sur tous ses ressentis. Ce qui permet, d’ailleurs, de se rendre compte plus rapidement qu’on arrive à satiété, et, du coup, de moins manger.

Et pour essayer de diriger ses pensées, Eline Snel propose un jeu, à faire en famille : autour d’une table, un « questionneur » pose une série de questions (« quel est ton repas préféré ? », « qu’est-ce qui te rend heureux ? » etc.). Mais au lieu de répondre verbalement, les autres se mettent simplement à l’écoute des pensées que la question leur inspire et des images qui les accompagnent…

3. Mieux gérer ses émotions, laisser de côté ses ruminations et soucis

Les émotions de base sont la peur, la colère, la tristesse et la joie. Aider ses enfants à les reconnaître, à les sentir et les supporter, leur apporte un apprentissage fondamental. Eline Snel compare l’esprit avec une grande pièce d’eau, un lac ou un océan, plus ou moins calme selon les moments. Elle suggère d’établir un bulletin météo personnel, qui peut aider l’enfant à mieux comprendre son monde intérieur, et aux parents à explorer son humeur et à l’aider à l’accepter, tout en lui montrant qu’ils l’aiment, quelles que soient les « conditions météo ».

Les enfants s’apaisent lorsqu’ils comprennent qu’on peut accueillir, avec compréhension, l’ensemble de leurs émotions, bonnes ou mauvaises. Ils apprennent ainsi à en gérer la violence et apprennent que les émotions passent, à l’instar du mauvais temps. Lorsqu’ils veulent parler de ces émotions, les écouter vraiment suffit. S’ils ne souhaitent pas le faire, leur signifier qu’on sera à leur disposition au moment où ils voudront en parler.

On se met à ruminer sitôt que l’on voudrait que les choses soient autrement qu’elles le sont. Or, ressasser des idées n’a jamais résolu un problème. Lorsqu’il a tendance à ruminer, l’enfant doit laisser descendre son attention, jusqu’à son ventre, là où il n’y a pas d’idées, seulement le mouvement paisible de la respiration. Eline Snel recommande aux parents d’apprendre aux enfants qu’il ne faut pas croire toutes ses pensées (par exemple, « Je n’y arriverai pas »), qu’ils ne sont pas leurs pensées (exemple : « Je ne suis pas assez intelligent »).

Elle conseille de leur faire écrire les principales idées qu’ils ressassent, par ordre d’importance et, les jours suivants, leur demander d’observer quelles ruminations réapparaissent et demeurent durables, et lesquelles s’évanouissent. Puis d’essayer d’en identifier et d’en analyser la cause profonde. Pour ce faire, on peut, par exemple, demander à l’enfant d’indiquer le contenu de ses ruminations, en fonction de telle ou telle sollicitation : « On m’embête, je pense alors… » ; « Quelqu’un est fâché contre moi, je pense alors… »

Elle suggère d’utiliser une « boîte à ruminations », qui peut être décorée par l’enfant lui-même. Avant d’aller dormir, on prend le temps de demander à l’enfant s’il a encore des préoccupations ou des choses qui lui tiennent à cœur. On clarifie avec lui ce dont il s’agit. Ces pensées peuvent alors être placées dans la boîte à ruminations. On ouvre le couvercle, on y met les pensées, puis on referme. On place la boîte à distance de l’enfant, de sorte que ce dernier puisse la visualiser contenant ses pensées, désormais sorties de sa tête.

4. Mieux communiquer en famille

Selon l’auteure, trois qualités facilitent l’accomplissement des tâches des parents : l’acceptation, la présence et la compréhension.

À la clé, pour les enfants, l’acquisition d’une sensation de sécurité fondamentale et de confiance en eux-mêmes. Eline Snel donne des conseils aux parents pour qu’ils prennent le temps d’une pause, afin de se recentrer et ne pas se laisser aller à leurs émotions négatives, lorsqu’ils sont fatigués ou se sentent poussés à bout par leurs enfants. D’abord, marquer un temps d’arrêt, un moment pour observer la situation, et inspirer ou respirer plusieurs fois de façon consciente avant de dire ou faire quelque chose. Histoire de comprendre que ce n’est pas la situation qui pose problème, mais sa propre réaction.

Pour apprendre à s’écouter mutuellement, elle suggère de donner à chacun, lors du repas du soir, l’occasion de raconter un événement de la journée ou une expérience importante pendant deux minutes, sans interrompre ni juger. Elle propose aussi des exercices simples visant à cultiver la gentillesse, mais aussi à amener les enfants à prendre conscience des personnes qui les aiment particulièrement et leur apprendre à leur envoyer en retour le même courant d’amour. Les clés sont également nombreuses pour apprendre à prendre conscience des comportements désagréables : bracelet à déplacer de l’un à l’autre poignet à chaque fois que l’on dit quelque chose de désagréable à quelqu’un ; penser à une personne qu’on n’aime pas et s’obliger à lui trouver quelque chose de positif… Et pourquoi pas un exercice à pratiquer en famille visant à écrire sur un papier pourquoi on aime telle ou telle personne ?

Pour cultiver la patience, la confiance et le lâcher-prise (acceptation de ce qui est), l’auteure suggère de visualiser mentalement une scène, agréable ou désagréable, les yeux fermés, comme dans une sorte de « cinéma intérieur ». L’usage conscient de cette visualisation mentale est très efficace et rassurant, même quand il s’agit de désirs irréalisables.

L’exercice le plus emblématique de cette thématique est celui de l’« arbre à souhaits ». Confortablement assis, se diriger en pensée vers un bel endroit dans la nature, où l’on se sent en sécurité. Aller vers un vieil arbre, l’arbre à souhaits, dont les branches sont chargées de pigeons blancs, chacun apte à réaliser un souhait, mais un à la fois, et seulement les plus importants. Laisser le souhait se matérialiser et le donner à un pigeon, puis le regarder s’envoler. Une pratique qui va impérativement de pair avec le fait de parler avec son enfant de ce qu’il a vécu et d’accepter ses souhaits.

5. Des recommandations pour les exercices

Pour faire l’exercice de la grenouille avec ses enfants, il faut se positionner dans un endroit tranquille, là où l’on ne sera pas dérangé. Eline Snel préconise de choisir des moments prédéfinis, par exemple plusieurs fois par semaine à heure fixe, le moment du coucher étant souvent idéal, pour vider corps et esprit des tensions et favoriser l’endormissement. Mais on peut aussi observer sa respiration à tout moment de la journée, quand on éprouve des tensions ou du chagrin, au lever ou au coucher… On peut demander à ses enfants de le faire lorsqu’ils se sentent tendus, ou au contraire très détendus et heureux, afin que les rendre mieux conscients de leurs mouvements respiratoires. Il n’est besoin d’aucun matériel particulier, mais il est possible, s’il le souhaite, de poser une peluche sur le ventre de l’enfant lorsqu’il respire.

Il faut essayer d’introduire la pratique de manière ludique, avec humour. Commencer une nouvelle activité est parfois difficile. Refaire la ou les mêmes méditations pendant plusieurs jours peut être favorable, comme on apprend une langue étrangère. Si l’enfant est réticent, il faut lui dire qu’on réessayera plus tard. Une règle essentielle : soutenir et non contraindre. Les parents doivent être patients, car les exercices ne débouchent pas toujours sur des résultats immédiats. L’auteure suggère de commencer par l’exercice « Dors bien », le plus fédérateur, puis d’aller vers des exercices de concentration. Le « Spaghetti » peut notamment être très utile pour les enfants porteurs d’un syndrome d’hyperactivité ; pour les enfants plutôt anxieux, la « Fabrique des ruminations » est bénéfique, le soir avant d’aller dormir. Il faut valoriser l’enfant lorsqu’il s’exerce et, après l’exercice, lui demander de mettre en mots ce qu’il a ressenti.

L’auteure donne plusieurs exemples et astuces très concrets pour aider les enfants à se concentrer : leur faire fermer les yeux et leur mettre dans la main un objet à reconnaître ; leur en présenter une douzaine puis les recouvrir, et leur demander de les mémoriser ; les inciter à retenir certaines choses sur le chemin de l’école (arbre, panneau de signalisation, maison…), reproduire une branche d’arbre sur une feuille de papier… Elle donne aussi des clés pour gérer l’ennui ou la distraction pendant la méditation. Par exemple, demander à l’enfant à quel endroit de son corps il ressent l’ennui.

6. Conclusion

La course à la performance et le trop-plein d’écrans peuvent diminuer les capacités de concentration des enfants, mais aussi les conduire à souffrir de stress et d’angoisses. La méditation de pleine conscience, qui connaît un essor fulgurant, est une méthode d'apprentissage de la sérénité pleinement adaptée aux besoins des plus jeunes.

Les atouts de la pratique sont en effet multiples, avec des améliorations notées sur l’équilibre émotionnel, les capacités d’attention et de concentration, la facilitation de l’apprentissage scolaire, la capacité de résilience (faculté qu’a l’être humain de surmonter un traumatisme) et la qualité des échanges familiaux. Elle développe la confiance en soi, l’empathie, les aptitudes sociales. Elle permet de prendre du recul, de passer du mode « réaction » au mode « réponse ».

L’avantage de cette méthode est qu’elle peut être utilisée non seulement à la maison, pour les parents qui souhaitent partager des moments d'éveil avec leurs enfants, notamment ceux souffrant de troubles attentionnels, ou anxieux, mais aussi dans un cadre professionnel, par les enseignants, les éducateurs et les personnels de la petite enfance.

7. Espace critique

Ce livre se situe dans la lignée des désormais nombreuses études scientifiques qui ont montré l’intérêt de la méditation de pleine conscience pour les enfants. Eline Snel s’inscrit à la suite de l’engouement actuel pour la pratique, popularisée également par de nombreux auteurs(Mathieu Ricard, Alexandre Jollien, Frédéric Lenoir, Christophe André…), avec un nombre croissant d’approches destinées aux enfants. Mais aussi, de manière plus large, ce livre est proche du courant de la « parentalité bienveillante » et de l’ « éducation positive », basés sur une plus grande écoute des besoins de l’enfant.

En ce sens, il rejoint, dans son message, des ouvrages comme ceux de la psychothérapeute Isabelle Filliozat ou de la pédiatre Catherine Guéguen. Des auteures pour qui cette écoute et cette bienveillance au quotidien sont les clés pour forger des enfants équilibrés, posés et heureux, mais aussi asseoir une meilleure relation parents-enfants. Autant de bienfaits, pressentis depuis le début du siècle dernier par Maria Montessori ou, dans les années 1970-1980, par Françoise Dolto, et aujourd’hui prouvés par les neurosciences.

8. Pour aller plus loin

– Eline Snel, Respirez : la méditation pour les ados et leurs parents, Paris, Les Arènes, 2014.– Eline Snel, Ton guide de sérénité : Calme et attentif comme une grenouille, Paris, Les Arènes, 2017.– Myla et Jon Kabat-Zinn, À chaque jour ses prodiges – Être parent en pleine conscience, Les Arènes, 2012.– Christophe André, Méditer jour après jour : 25 leçons pour vivre en pleine conscience, Paris, L’Iconoclaste, 2011.– Mathieu Ricard, L’art de la méditation, Paris, Nil, 2008.– Frédéric Lenoir, Philosopher et méditer avec les enfants, Paris, Albin Michel, 2016.

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