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Voici le résumé de l'un d'entre eux.

Comme par magie

de Elizabeth Gilbert

récension rédigée parClaire Cursoux

Synopsis

Développement personnel

Dans cet ouvrage, Elizabeth Gilbert s’inspire de sa propre carrière de romancière pour nous apprendre à mener une « existence créative ». Chaque être humain possède en effet des talents ne demandant qu’à s’exprimer. En libérant notre créativité, nous laissons entrer la « magie » dans notre vie, tout en magnifiant notre existence.

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1. Introduction

L’ouvrage d’Elizabeth Gilbert est un guide ludique délivrant de nombreux conseils pour devenir plus créatifs. Elle définit la création artistique comme une forme de « magie » capable d’enchanter notre existence, car elle serait reliée à l’inexplicable, au mystique, au divin et au surnaturel. Considérant la créativité comme une qualité inhérente à l’être humain, elle s’inspire de son propre parcours de romancière pour nous amener à la révéler. Elle nous montre ainsi le chemin pour apprendre à surmonter nos peurs éventuelles en tant qu’artistes : la crainte de manquer de talent, ou bien d’être critiqués, incompris, voire ignorés.

Même si tout être humain possède des talents, la libération de notre potentiel créatif constitue une véritable quête nécessitant du courage, de la foi et de la concentration. Elizabeth Gilbert nous apprend ainsi à faire croître ces qualités pour mener une vie créative. Comment franchir les obstacles à la créativité afin de la laisser pleinement s’exprimer ?

2. La créativité : une forme d’enchantement

Elizabeth Gilbert considère les idées créatives comme des formes de vie immatérielles, interagissant avec les êtres humains. Les idées doivent ainsi collaborer avec eux pour se manifester de façon concrète.

En de rares occasions, nous devenons disponibles à une idée de création. S’offre alors à nous un choix : celui de la refuser, ou bien de l’accueillir pour la faire éclore. Si nous refusons cette idée, nous n’avons pas besoin de créer quoi que ce soit, et elle disparaîtra. La plupart des gens se contentent de refuser les idées durant leur vie entière. Néanmoins, si nous acceptons une idée, celle-ci se déploiera sous forme d’inspiration. Nous collaborerons alors avec cette idée afin de mettre en œuvre un projet créatif. Devenons donc curieux des idées venant à notre rencontre. Elizabeth Gilbert considère en effet que la curiosité est le secret de la créativité.

En nous intéressant à une chose qui au départ nous semble insignifiante ou banale, nous découvrirons peut-être progressivement une grande idée. L’auteure compare ce processus créatif à un jeu de piste : notre curiosité nous amène à découvrir des indices sur une chose au fur et à mesure. Elle-même raconte s’être peu à peu intéressée au jardinage, l’amenant progressivement à découvrir l’histoire botanique, puis à mener des voyages dans des bibliothèques d’horticulture, jusqu’à finalement écrire son roman sur une famille d’explorateurs botaniques intitulé L’Empreinte de toute chose.

Les Grecs et les Romains croyaient que la créativité provenait du divin, appelé « génie ». Elizabeth Gilbert émet une distinction entre être un génie et avoir du génie, considérant ainsi qu’il nous arrive d’être guidés par un génie extérieur nous accompagnant dans notre création. L’auteure nomme la rencontre entre une personne et un génie par le mot grec eudaimonia, signifiant « doté d’un bon démon », désignant également « le plus haut degré de bonheur humain ».

C’est à partir de la Renaissance qu’est apparue l’idée selon laquelle certains êtres humains étaient des génies. Elizabeth Gilbert remet en cause cette conception, afin d’aider les artistes à relativiser leurs œuvres. Après la publication de son best-seller Mange, Prie, Aime, Elizabeth Gilbert fut en effet confrontée à la crainte de ne jamais parvenir à faire mieux. Or, atteindre le sommet n’est nullement le but d’une œuvre d’art. Considérer qu’un génie extérieur coopère avec nous est une façon de nous délester du poids de la peur : l’inspiration est libre d’apparaître et de disparaître, sans se trouver à nos côtés en permanence.

3. Oser créer

Nous sommes les seuls à pouvoir nous donner la permission de créer. La créativité est intrinsèque à l’espèce humaine : les vestiges des plus anciennes traces d’art remontent à quarante mille ans. Il existe de multiples façons de créer : composer une chanson, écrire un livre, décorer une poterie ou visiter un nouveau pays. Comme la créativité fait partie de la nature humaine, nous avons le droit de créer. Personne ne peut nous délivrer l’autorisation ou la légitimité de mener une vie créative.

Elizabeth Gilbert aborde ainsi la question des écoles d’art : elle-même raconte n’avoir jamais désiré obtenir une maîtrise universitaire en écriture créative, estimant que ce diplôme ne serait aucunement un gage de réussite de sa carrière littéraire future. Selon elle, beaucoup d’étudiants en art attendent une légitimité associée à l’obtention d’un diplôme. Néanmoins, elle considère que toute personne travaillant chaque jour sur son art est déjà un artiste authentique, ce qui ne nécessite pas la validation d’un diplôme.

Si nous souhaitons apprendre notre art par l’enseignement de maîtres, il nous suffit de nous rendre dans les bibliothèques, de visiter les musées ou d’écouter des disques. L’auteure elle-même s’est fortement inspirée des intrigues et des personnages de Charles Dickens par la seule lecture de ses œuvres.

La joie de créer est essentielle. Nous devrions avant tout rechercher le plaisir de la création, sans avoir pour but de devenir célèbres, d’aider autrui, de sauver le monde ou de prouver aux autres ce dont nous sommes capables. Si notre œuvre devient ensuite bénéfique pour d’autres personnes, ce sera seulement une conséquence secondaire de notre création. Le plaisir créatif passe donc en priorité : c’est en aimant notre travail que l’inspiration nous viendra.

Au contraire, les plaintes et les apitoiements la font fuir. Elizabeth Gilbert rejette la croyance commune selon laquelle les artistes doivent nécessairement souffrir pour trouver de l’inspiration. Elle dément ainsi le modèle de l’artiste tourmenté, privilégiant une voie de création joyeuse. Dans son propre parcours littéraire, Elizabeth Gilbert décide alors de préserver sa joie, tant dans les moments de réussite que dans ceux d’échec. Elle remarque en effet qu’il lui devient très difficile de créer dans les moments où elle est malheureuse et perturbée émotionnellement.

4. Dépasser les obstacles à la créativité

De multiples peurs peuvent faire obstacle à notre créativité. En voici quelques-unes : - La peur de ne pas être pris au sérieux ;- La peur que nos rêves soient ridicules ;- La peur d’être un prodige sans lendemain ;- La peur de ne pas être un prodige du tout.

Éprouver de la peur est tout à fait normal dans une vie d’artiste. La créativité est en effet complètement imprévisible, tandis que la peur déteste les incertitudes. Depuis son enfance, Elizabeth Gilbert se définit comme une personne craintive. Elle a néanmoins constaté peu à peu que la peur ne lui apportait aucun plaisir, tout en étant à la fois prévisible et ennuyeuse. En effet, l’émotion de peur se contente seulement de nous empêcher continuellement de mener de nouvelles expériences créatives. Le choix d’une vie créative nous demande donc d’être suffisamment courageux pour surmonter nos peurs.

Plutôt que d’essayer de supprimer totalement nos craintes, considérons plutôt la peur et la créativité comme deux sœurs. Moins nous combattons la peur, moins elle riposte. Elizabeth Gilbert nous propose ainsi de considérer notre peur comme un personnage en lui adressant par exemple les mots suivants : « Très chère Peur, Créativité et moi nous apprêtons à faire une virée en bagnole ensemble. […] Étant donné qu’il y a toute la place nécessaire dans ce véhicule pour nous trois, mets-toi à ton aise, mais n’oublie pas ceci : Créativité et moi serons les seules à prendre les décisions en route. »

Créer une œuvre d’art nous amène également à faire l’expérience du rejet ou du refus. Elizabeth Gilbert raconte avoir reçu elle-même d’innombrables lettres de refus au cours de sa carrière de romancière. S’étant donné comme objectif principal de passer sa vie entière à écrire, elle a toujours persévéré.

N’ayant personne pour promouvoir son travail : ni mécène, ni agent, ni relations dans le domaine de l’édition, elle ne pouvait compter que sur elle-même. La gratification de l’écriture ne doit donc pas provenir de l’extérieur, mais plutôt découler du fait d’écrire. Apprendre à supporter la frustration et la déception fait partie du parcours de l’artiste. En effet, rare sont les moments où nous créons une œuvre absolument géniale et admirée de tous. C’est plutôt notre capacité à gérer nos moments de frustration durant toutes les phases de la création qui constitue le véritable travail artistique.

L'autrice cite ainsi l’écrivain Mark Manson, selon lequel « Si vous voulez être un artiste de métier, mais que vous n’êtes pas disposé à voir votre travail rejeté des centaines de fois, sinon des milliers, vous êtes cuit avant de commencer. » Il est donc essentiel d’éviter de nous attarder sur nos échecs, afin de savoir recommencer de nouvelles créations. Considérons-nous ainsi comme d’éternels débutants, même si nous sommes artistes depuis cinquante ans.

5. Les alliés de la créativité

Elizabeth Gilbert raconte avoir gardé un emploi en dehors de sa vie de romancière, devenant ainsi son propre mécène. Elle décide seulement de quitter son travail après la publication de trois livres édités par de grandes maisons d’édition et critiqués favorablement par le New York Times. Le fait de conserver un emploi tout en créant évite de faire reposer le poids monétaire sur les œuvres d’art. Bon nombre d’artistes décident en effet d’abandonner leur créativité s’ils ne parviennent pas à en vivre de façon exclusive. Même si vivre de ses œuvres d’art est un rêve possible, les exigences financières peuvent aussi anéantir toute forme de créativité. En conservant un emploi rémunérateur, la créativité demeure libre de s’exprimer.

Poser un ultimatum à une œuvre d’art est loin d’être une solution sécurisante, car il est rare de pouvoir gagner beaucoup d’argent par la création artistique. Elle s’appuie ainsi sur l’exemple de J.K. Rowling qui vivait d’allocations avant d’écrire Harry Potter, mais aussi sur celui de Toni Morrison qui écrivait ses romans dès cinq heures du matin avant de se rendre au bureau pour travailler dans le domaine de l’édition.

De même, les facteurs de succès dans le milieu artistique sont très aléatoires. Elizabeth Gilbert a toujours écrit ses romans tout en gardant à l’esprit l’idée selon laquelle aucun succès n’était garanti. Le fait d’être doué dans un domaine artistique ne constitue malheureusement par le seul facteur de réussite. Le succès, au sens de la reconnaissance sociale, dépend en effet de trois facteurs : le talent, la chance et la discipline. Deux d’entre eux ne peuvent être maîtrisés : le talent s’obtient à la naissance, et la chance ou la malchance sont impossibles contrôler. Par contre, seule la discipline peut être maîtrisée.

Elizabeth Gilbert nous conseille ainsi de nous engager avec acharnement dans nos créations. Cet engagement requiert d’accepter que nos œuvres soient imparfaites, tout en essayant de les terminer jusqu’au bout. Mieux vaut un mauvais roman achevé qu’un roman parfait jamais écrit. Et même si malgré notre acharnement nous n’obtenons pas le succès, nous faisons ce que nous aimons, ce qui est un chemin très noble.

6. Conclusion

Avec cet ouvrage, Elizabeth Gilbert délivre des conseils au lecteur pour dynamiser sa créativité. Tout individu est naturellement créatif, mais les voies artistiques sont difficiles. Souvent peu rémunératrices, elles nous confrontent aussi à des échecs, au rejet et à la peur.

Mener une existence créative nécessite donc du courage. C’est pourquoi il semble également essentiel de créer dans le plaisir et dans la joie.

7. Zone critique

Cet ouvrage s’inscrit dans la lignée des livres proposant des voies de réflexion sur la création artistique. L’originalité de l’ouvrage d’Elizabeth Gilbert réside dans les évocations de ses propres expériences en tant que romancière à succès.

Considérant par ailleurs la créativité comme une forme de magie capable de s’éveiller en tout un chacun, l’auteure rend aussi la création artistique accessible à tous.

8. Pour aller plus loin

Ouvrage recensé– Elizabeth Gilbert, Comme par magie : Vivre sa créativité sans la craindre, Paris, Calmann-Lévy, 2015.

Autres pistes– Marie Boudon, J’ose créer : 35 défis pour booster sa pratique créative, Paris, Eyrolles, 2019. – Julia Cameron, Libérez votre créativité, Paris, J’ai lu, « Aventure secrète », 2007. – Manon Lavoie, Créer le meilleur de soi, Paris, Druide, 2017.

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