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Voici le résumé de l'un d'entre eux.

Foutez-vous la paix

de Fabrice Midal

récension rédigée parAnne-Claire DuchossoyDoctorante en littérature française (Universités de Bordeaux Montaigne et Georg-August Göttingen).

Synopsis

Développement personnel

Foutez-vous la paix ! et commencez à vivre est un ouvrage de développement personnel qui invite à repenser toutes les injonctions de la société actuelle. Le philosophe Fabrice Midal propose de se foutre la paix, être soi-même et vivre. Quinze chapitres « cessez de » invitent à transformer en profondeur son rapport à soi, aux autres et au monde.

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1. Introduction

Philosophe et enseignant de la méditation en France, Fabrice Midal a publié Foutez-vous la paix ! Et commencez à vivre en 2017. Il y propose un enseignement loin des injonctions imposées chaque jour par la société et loin même de certaines pratiques de la méditation.

À travers ses anecdotes et expériences personnelles, l’auteur pointe du doigt tout ce qui pousse l’être humain à se torturer, tout ce qui entrave le bien-être et le bonheur. Après avoir introduit rapidement son propos, il développe en quinze chapitres, les actes qu’il faut « cesser de » faire pour enfin s’autoriser à être soi.

Nous proposerons les grandes lignes de ce qu’est et ne doit pas être la méditation selon Fabrice Midal. Puis, pas à pas, nous aborderons plus en détail tous les conseils prodigués par le philosophe pour enfin « cesser de » dans l’optique d’améliorer son rapport à soi et son rapport au monde.

2. La méditation selon Fabrice Midal

Chaque jour, les hommes sont traqués par des injonctions sociétales : il faut se comporter ainsi, il faut posséder cela, être comme-ci mais surtout pas comme ça. Au milieu de cette floraison de « il faut », se trouvent aussi depuis quelques années la méditation et la Sagesse. En témoignent les ouvrages publiés et lus par un lectorat de plus en plus demandeur. La méditation devient alors un impératif comme les autres, un impératif à suivre avec ses règles et ses consignes.

À force d’être toujours dans la performance, et cela dans tous les domaines, l’Homme occidental réussit même à faire de la méditation un moyen de se torturer à nouveau. Fabrice Midal s’insurge contre tout cela, car pour lui la vraie méditation n’a pas d’objectifs, n’a pas de techniques, ne peut pas par conséquent promettre quelque chose. « Une forme de paix sera au bout de ce cheminement. Mais à condition que je ne fasse pas de ce cheminement un nouveau moyen de me brutaliser ! » (p. 44).

La méditation n’est pas un médicament qui permet de faire disparaître les émotions ou les souffrances, elle permet au contraire de les observer et d’avancer avec elles. Elle permet de « rencontrer tout ce qui nous empêche de nous foutre réellement la paix, à dire bonjour à ce qui est blessé en nous, à dire bonjour à la vie en soi » (p. 44). Souvent la méditation telle qu’elle est enseignée ne permet que de cacher superficiellement les plaies, alors que la pratique de Fabrice Midal offre la possibilité de vivre avec ses blessures, et de ne plus essayer de tout contrôler. C’est une vision du monde différente qui se profile alors. Il faut repenser notre façon d’appréhender la vie, son soi et notre rapport aux autres.

Pour le philosophe, il ne s’agit donc pas de méditer pour répondre aux nouvelles injonctions de la société, il ne s’agit pas de méditer avec pour objectif irraisonné de devenir Sage, patient et calme. Selon lui, la méditation doit justement libérer de la dictature de la société qui pousse à ne faire que de l’utile et de la rentabilité. La méditation du philosophe n’a ni règle ni notice, elle est simplement « un art de vivre. L’art de se foutre la paix » (p. 11).

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, il s’agit en fait d’arrêter de chercher à méditer pour enfin méditer vraiment. Il faut abolir l’impératif !

3. Améliorer son rapport à soi

• Cessez d’être sage. Soyez enthousiaste

Aucun ouvrage et aucun enseignement ne peuvent acheter la sagesse. Elle n’est pas un but à atteindre à tout prix, elle est un chemin. Surtout, « la vraie sagesse ne consiste pas à enfouir ses émotions, ni non plus à les exposer. Elle implique d’entrer en rapport avec elles, de les écouter, de reconnaître ce qu’elles disent pour distinguer le vrai du faux » (p. 43) ! Il faut assumer ses faiblesses et arrêter de ne pas se sentir à la hauteur ; il faut laisser vivre les débordements.

• Cessez d’être calme. Soyez en paix

La société enjoint à l’Homme de se contrôler, de ne pas exprimer avec trop de vivacité ses sentiments. Cette promesse du calme et du contrôle est en réalité une injonction pour ne pas être qui nous sommes. Le philosophe met un point d’honneur à différencier le mot « calme » et le mot « paix ». Là où le premier désigne une absence de mouvement, une immobilité, le second « implique un effort pour que tout soit rassemblé avec justesse » (p. 49). La paix ne met pas à distance les troubles, les émotions, les soucis. Au contraire elle fait avec, elle reconnaît leur existence.

• Cessez d’être passif. Sachez attendre

Les hommes confondent souvent agir et s’agiter : ils ont un emploi du temps surchargé pour avoir le sentiment d’être et d’exister, en se targuant d’être actif. Notre philosophe trouve que le monde « malgré son agitation frénétique, beaucoup trop passif […] nous engage à la passivité » (p. 70). Être réellement actif, c’est savoir s’arrêter, et attendre que la vie offre une réponse, c’est savoir se poser et se mettre en rapport avec son être tout entier et avec la vie. Encore une fois, être actif ce n’est pas faire mille et une choses en même temps !

• Cessez de vouloir être parfait. Acceptez les intempéries

L’injonction du perfectionnisme sévit dès le plus jeune âge et pollue l’existence et le comportement des Hommes. Accepter que l’on n’est pas parfait, car personne ne l’est, voilà une autre clef du bonheur. Il ne s’agit pas de se négliger, il s’agit juste d’accepter les intempéries, accepter les imperfections et les lacunes. « Ne soyez pas parfaits, soyez ambitieux ! » (p. 90).

4. Philosophie du lâcher-prise

• Cessez de vous torturer. Devenez votre meilleur ami

À force de se juger, de se critiquer, nous provoquons l’échec. L’autoflagellation nuit profondément à l’être humain ! Fabrice Midal invite à être bienveillant avec soi-même. il ne s’agit pas de s’autocongratuler à longueur de temps, non, il suffit juste de se laisser tranquille et de s’accepter dans son entièreté.

• Cessez de chercher à tout comprendre. Découvrez le pouvoir de l’ignorance

Notre volonté de tout comprendre, de tout calculer, de tout réfléchir, de tout contrôler nous empêche de vivre pleinement et ainsi, les regrets s’accumulent tout au long de la vie. Ne plus chercher à tout comprendre c’est aussi donner une place à l’instinct et par ricochet à la créativité, outils efficaces pour s’adapter et rebondir et donc vivre pleinement !

• Cessez de rationaliser. Laissez-faire

Rationaliser, c’est une fois encore vouloir tout comprendre et tout contrôler. Ce qui est considéré comme un atout est en fait très handicapant dans la vie. Même si la rationalité est quelquefois indispensable, elle ne doit pas être l’unique mode de pensée. Il faut laisser la place « à une intelligence beaucoup plus profonde » (p. 104), celle qui fait intervenir tous les sens, le cour, le corps

• Cessez de vous refréner. Désirez !

Tout d’abord, il faut oublier l’injonction d’être moins égocentrique et plus altruiste. Il faut être à l’écoute de ce que l’on souhaite, de ce qui nous appelle. Mais le désir n’est pas l’envie de consommer, il s’agit d’ « un désir d’accomplissement. Un désir qui nous sort de notre zone de confort pour nous faire aller plus loin, vers l’autre, vers l’ailleurs, vers ce qui est juste, vers ce qui est plus grand que notre petit moi-moi-même-et-encore-moi. Tel est le vrai sens du désir » (p. 62).

5. Prendre soin de soi

• Cessez d’obéir. Vous êtes intelligent

Fabrice Midal dénonce le formatage de la société et la condition des hommes nés pour obéir à des règles imposées. Il pousse son lecteur à se libérer des carcans, à oublier les règles qu’il a lui-même inventées sans tomber pour autant dans l’anarchie ou la rébellion. Il s’agit seulement de bon sens, de libération et de vivre pleinement sans aliénations.

• Cessez d’être conscient. Soyez présent

Fabrice Midal rappelle que la méditation s’adresse tout autant à l’esprit qu’au corps, à l’être tout entier. « Méditer n’est pas réfléchir, mais sentir. C’est être présent à ce qui se passe, simplement, sans chercher à prendre conscience sans cesse de ce qui se produit » (p. 75). Finalement, cesser d’être conscient, c’est cesser de tout intellectualiser, de tout penser et de tout réfléchir. Être présent, c’est laisser vivre tous les sens et se relier pleinement au monde.

• Cessez d’avoir honte de vous. Soyez vulnérable

« La honte est le visage social de la culpabilité » (p. 120). Tout le monde a une part de vulnérabilité, plus ou moins prononcée, mais certains font tout pour la cacher aux autres. Fabrice Midal explique qu’il faut arrêter avec l’idée qu’être heureux signifie d’avoir surmonté toutes ses blessures. Sans se laisser submerger par sa vulnérabilité, il faut seulement accepter ses failles et être heureux avec tout ce que l’on est.

6. Pour s’ouvrir au monde et améliorer ses rapports avec les autres

• Cessez de vous comparer. Soyez vous-même

Fabrice Midal pointe du doigt la perversion de la société de consommation : « Soyez comme tout le monde et ne sortez pas du lot, mais, en même temps, soyez différent […] Différenciez-vous en faisant comme tout le monde » (p. 108). Quelle ironie et quelle violence surtout de subir ces deux injonctions opposées ! Sans tomber sous le diktat des « anti », le philosophe invite le lecteur à se donner la possibilité de faire exister son être singulier. Ne plus se comparer, c’est juste être libre d’être soi, être bienveillant envers soi-même et par conséquent se foutre la paix !

• Cessez de vouloir aimer. Soyez bienveillant

Pour le philosophe, l’amour ne doit pas être conditionnel. L’autre ne doit pas nous aimer à condition de…, et nous ne devons pas aimer à condition de… Finalement, il n’y a pas de raisons à l’amour, ni de conditions. Être bienveillant en amour c’est accepter et aimer l’autre comme il est, et être accepté et être aimé de l’autre comme on est.

• Cessez de discipliner vos enfants. La méditation n’est pas de la Ritaline

Tout d’abord, il ne s’agit pas de faire des enfants sages, car l’enfant doit être un enfant avec toutes ses émotions. Il faut aborder l’éducation bienveillante pour offrir aux petits la possibilité d’être ce qu’ils sont. Cette éducation ne consiste pas assouvir tous leurs caprices, elle a en réalité pour but de voir « les choses avec lui, plutôt que contre lui » (p. 145).

7. Conclusion

Fabrice Midal propose une nouvelle réflexion sur la méditation et plus précisément sur le sens que doit prendre la vie. Selon lui, tout son discours n’est pas « une révolution ni une innovation, mais un retour aux sources » (p. 76), sur le sens originel de la méditation. Dans un monde occidental, où les taux de suicides, de dépressions et de burn-out sont en constante progression, Fabrice Midal propose un chemin vers soi : s’écouter, se faire confiance, oser être soi, oser sa singularité et sa différence, être bienveillant avec les autres et avec soi-même.

Dans la lignée des Quatre Accords toltèques de Don Miguel Ruiz, le philosophe ouvre la voie de la sagesse et du bonheur intérieur, profond et durable ! Avec un titre accrocheur, il réveille les consciences et invite à déconstruire toutes les certitudes et tous les maux et injonctions de la société qui torturent les esprits de plus en plus pollués. Ses références philosophiques et littéraires sont très appréciables et la lecture, simple et rythmée, fait de la parole de Fabrice Midal un message d’autant plus efficace !

8. Pour aller plus loin

Ouvrage recensé– Foutez-vous la paix ! Commencez à vivre, Paris, Flammarion/Versilio, 2017.

Du même auteur– Sauvez votre peau ! Devenez narcissique, Flammarion/Versilio, 2018 ;– Comment la philosophie peut nous sauver, Pocket, 2016 ;– Frappe le ciel, écoute le bruit, Pocket, 2015.

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