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Freddy Vinet

La Grande Grippe

L’épidémie qui s’abat sur le monde au printemps 1918, dite « grippe espagnole », suscite d’emblée peu d’inquiétudes, le conflit mondial monopolisant l’attention. Pourtant, ses particurités : contagiosité, mortalité des jeunes adultes, polycyclisme et complications pulmonaires, surprennent bientôt, d’autant que la médecine d’alors n’est pas en mesure de détecter les causes du mal – son étiologie – ni d’enrayer celui-ci. En 2005, la science finira par identifier le virus responsable, dont les millions de victimes ont rarement mérité l’honneur d’une mémoire de guerre plutôt réservée aux héros.

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Pierre Boucaud

La Grande Grippe
La Grande Grippe

book.chapter Introduction

« Pars vite, loin, et reviens tard ». Cet adage, attribué au médecin grec Hippocrate (Ve s. av. J.-C.), a longtemps déterminé les réflexes des populations exposées à une contagion mortelle que la médecine était incapable de vaincre. En 570, Cautin, évêque de Clermont, applique peut-être ce conseil en quittant la ville, touchée par une terrible épidémie de peste . Son ennemi personnel, Grégoire, évêque de Tours, oppose à cette attitude l’exemple du prêtre Caton, terrassé par ce mal pour avoir prodigué de l’aide à ses ouailles au lieu de s’enfuir . Mais que faire en pareil cas, alors que « sarcophages et cercueils faisaient défaut » ? De manière contradictoire, lors des résurgences de la maladie, le roi Gontran favorise les regroupements en ordonnant, vers 588, de réunir le peuple de Marseille dans les églises pour y solliciter le secours divin , quand vers 650, Gall, autre évêque de Clermont, demande au contraire à son homologue Didier de Cahors que les gardes de cette cité découragent les contacts en empêchant les habitants de se rendre aux foires du Rouergue, afin de ne pas y répandre le fléau . Les récits de Grégoire de Tours et la lettre de Gall de Clermont témoignent de la tension entre prudence salutaire et prise de risque face à la pandémie. Les reproches adressés par certains provinciaux aux habitants des grandes villes qui, tout récemment, ont gagné leur résidence secondaire dès l’annonce de confinement dictée par l’épidémie de Covid-19, actualisent donc un poncif attesté de longue date. En ce sens, l’épidémie de grippe espagnole (1918-1919) ne fait pas exception. Cet épisode a fait l’objet de nombreuses études depuis une quarantaine d’années. Freddy Vinet en offre une synthèse approfondie, sans éluder les questions qui, aujourd’hui encore, restent sans réponse. Que révèle l’histoire de cette pandémie partiellement atypique, foudroyante et longtemps occultée ? Après avoir présenté la maladie et décrit la gestion de crise à laquelle celle-ci a donné lieu, il faudra évoquer les explications progressivement apportées à ce phénomène et l’exploitation tardive des mémoires de l’événement.

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