Dygest logo
Google logo

Google Play

Apple logo

App Store

book.notAvailable

book.availableIn

Gérard Noiriel

Immigrés et prolétaires

Cet ouvrage retrace un siècle d’histoire industrielle et sociale du bassin sidérurgique lorrain de Longwy, où les maîtres de forge sont longtemps restés tout-puissants. Dès la fin du 19e siècle, Longwy a vu affluer de nombreux travailleurs immigrés, notamment en provenance de Belgique, de Pologne et d'Italie. Noiriel montre comment ces populations, initialement perçues comme une "menace" par la population locale, ont finalement réussi à s'intégrer et à s'unir au sein de la classe ouvrière. L'auteur décrit en détail les conditions de vie et de travail de ces immigrés, ainsi que leurs luttes pour de meilleures conditions de vie et de salaire. Il analyse la manière dont l'expérience commune de l'antifascisme et des mobilisations sociales a permis de transcender les clivages ethniques et de forger une identité collective. Gérard Noiriel y éclaire de façon magistrale la question des rapports entre classe sociale et immigration.

book.readingBy

Alexandre Kousnetzoff

Immigrés et prolétaires
Immigrés et prolétaires

book.chapter Introduction

Dans le bassin sidérurgique lorrain de Longwy, qui existe depuis au moins le XVIIIe siècle, mais qui connaît un essor spectaculaire à partir des années 1830-1840 et, surtout, des années 1880, l’inclusion des étrangers dans la communauté, d’abord locale puis nationale, se fait par l’intermédiaire de l’identification à la classe ouvrière. Ces étrangers sont dans un premier temps belges et luxembourgeois (la frontière avec ces deux pays se trouve à un jet de pierre de Longwy) ainsi qu’« Allemands » : c’est ainsi en effet que l’on désigne les Lorrains habitant la Moselle, annexée à l’Allemagne après la guerre de 1870-1871. Dans un deuxième temps, à partir des années 1880 justement, ces immigrés sont très majoritairement italiens, puis polonais, et enfin, à partir de l’entre-deux-guerres et, plus encore, de la reconstruction consécutive à la Seconde Guerre mondiale, nord-africains, Algériens et Marocains essentiellement. Les immigrés italiens tiendront cependant toujours le haut du pavé parmi les étrangers du bassin de Longwy, formant une véritable aristocratie ouvrière dominant toutes les autres nationalités. À l’origine, les Italiens trouvaient surtout à s’employer dans les mines de fer du bassin, dont le minerai alimentait les hauts fourneaux de la sidérurgie locale. Le patronat local, les mythiques maîtres de forge, réussiront longtemps à opposer main-d’œuvre française et main-d’œuvre étrangère. Une stratégie du « diviser pour régner » qui prendra fin dans les années 1950, lorsque ouvriers français et italiens, essentiellement, s’uniront pour arracher à leurs employeurs de meilleures conditions de vie, de travail et de rémunération. Victoire tardive, et éphémère, d’un milieu ouvrier local qui, dès le début des années 1960, devait connaître une régression irrémédiable, avec la fermeture des mines de fer, puis la disparition de nombreuses usines du bassin. Ainsi, à une lente construction succède un déclin rapide, celui d’une identité locale extrêmement forte qui avait soudé tout un groupe ouvrier autour de l’engagement communiste.

book.moreChapters

allBooks.title