Dygest vous propose des résumés selectionnés et vulgarisés par la communauté universitaire.
Voici le résumé de l'un d'entre eux.
de Hanine Mhannd
En termes de développement personnel, certaines questions se posent dès lors qu’on essaie de mettre en œuvre les méthodes découvertes dans des livres. Comment passer à l’action et maintenir sa motivation dans la durée ? Comment se dépasser tout en s’amusant ? Hanine Mhannd présente ici une approche différente du dépassement de soi, pour cesser d’être spectateur de sa vie, sortir de sa zone de confort et devenir la meilleure version de soi-même : la gamification. Il propose ainsi d’utiliser les mécanismes psychologiques du jeu pour retrouver du plaisir et de la motivation. Son but ? Transformer progressivement sa vie grâce à un passage à l’action en quatre étapes successives, sous la forme d’un jeu de rôle grandeur nature.
En termes de développement personnel, certaines questions se posent dès lors qu’on essaie de mettre en œuvre les méthodes découvertes dans des livres : comment passer à l’action et maintenir sa motivation dans la durée ? Comment se dépasser tout en s’amusant ?
Hanine Mhannd présente ici une approche différente du dépassement de soi, pour cesser d’être spectateur de sa vie, sortir de sa zone de confort, expérimenter et devenir la meilleure version de soi-même : la gamification. Il propose ainsi d’utiliser les mécanismes psychologiques du jeu pour retrouver du plaisir et de la motivation.
Son but ? Transformer progressivement sa vie grâce à un passage à l’action en quatre étapes successives, sous la forme d’un jeu de rôle grandeur nature.
L’être humain a évolué de manière à éviter la souffrance, sa tendance naturelle est de rechercher un état de confort, d’anxiété neutre. Ainsi, la zone de confort est un ensemble de comportements, d’habitudes et d’activités correspondant à un schéma minimisant le stress et les risques, fournissant une bulle familière et rassurante dans laquelle la sécurité mentale est optimal. Cette zone est propre à chaque personne, fruit de son vécu et de son histoire personnelle. Toutefois, elle a parfois ses limites : cernée par des peurs irrationnelles (manque de confiance en soi, peur de l’échec, peur du regard des autres…), elle nous enferme dans un mode de vie par défaut et nous empêche de vivre la vie à laquelle nous aspirons.
Juste en-dehors de la zone de confort (et avant l’inconnu total, source de panique) se trouve la « zone d’anxiété optimale », qui est notre zone d’apprentissage : c’est une zone de challenge qui révèle un champ de possibilités immense, jusqu’à pouvoir modifier notre perception du monde, nos habitudes et nos croyances. C’est aussi une zone d’évolution qui nous fait grandir un peu plus à chaque incursion. Entrer dans cette zone en se mettant au défi, c’est connaître un niveau de stress et d’inconfort plus élevé permettant paradoxalement d’atteindre des performances maximales.
Pour autant, aller au-delà de ses limites peut être contreproductif –c’est précisément ce mécanisme qui a permis à l’espèce humaine de survivre. La zone de confort est vitale, c’est le lieu privilégié de l’introspection, du ressourcement.Pourquoi donc vouloir sortir de sa zone de confort ?
Une précision avant tout : sortir de sa zone de confort ne veut pas dire relever des défis spectaculaires. Se lancer des challenges à l’occasion permet de dépasser ses limites, de faire le point sur soi-même sur sa vie actuelle, sur ses priorités. Le principe est de sortir de sa routine pour explorer de nouvelles possibilités, peut-être de vivre des expériences inattendues, certainement de mieux se connaître voire de se découvrir de nouveaux talents.
Tout cela accroît la confiance en soi en dépassant les peurs et les croyances limitantes, et en développant nos capacités d’adaptation. C’est pourquoi il est important de déterminer les contours de cette zone, de savoir pourquoi on souhaite en sortir (mais aussi de prendre conscience des limites dont le franchissement ne nous apportera aucun bienfait).
L’enfant explore naturellement son environnement, joue pour acquérir de nouveaux savoir-faire, confiance et connaissance de soi, mais aussi pour se développer ses compétences dans les domaines affectif, social, physique et intellectuel, tirant profit de ses erreurs. Malheureusement, une fois adulte, le jeu est proscrit, synonyme d’oisiveté, alors même que de nombreuses études ont prouvé qu’apporter une dimension ludique à une tache contraignante accroît drastiquement la motivation et la productivité. De plus, notre mode de vie actuel dominé par le divertissement nous pousse à rester passifs, à vivre notre vie par procuration. L’auteur propose donc un défi : cesser d’être spectateur et devenir véritablement acteur, et « joueur », du jeu qu’est la vie.
Mais mettre en place un tel changement n’est pas aussi simple qu’il y paraît. En effet, la résistance au changement résulte d’un processus naturel et biologique. Lorsqu’un changement survient, la première réaction est le déni et l’inaction. Puis arrive la zone de résistance, l’étape la plus désagréable qui est aussi celle où les projets échouent. Si l’on persiste dans le changement, advient alors le passage d’un point d’inflexion et le début d’une acceptation, sous la forme d’expérimentations et de nouvelles compétences amenant un retour progressif du confort jusqu’à la zone d’intégration finale.
À cette étape, la zone de confort se trouve agrandie. L’objectif est donc de supporter ce processus jusqu’au bout pour avoir la plus grande zone de confort possible et pouvoir se sentir à l’aise dans un maximum de situations.Hanine Mhannd propose de considérer la vie comme un jeu pour se dépasser constamment, indépendamment des objectifs à atteindre. Il assoit sa méthode sur la gamification qui « consiste à utiliser des mécanismes, une esthétique et une réflexion empruntée à l’univers des jeux pour engager, motiver l’action et promouvoir l’apprentissage » (p. 26).
Cette approche peut impacter nos capacités à résoudre des problèmes et à contextualiser des informations, la qualité de nos apprentissages, notre motivation ou encore nos liens sociaux, notamment via le sentiment de plaisir qu’elle induit. Les huit leviers de la motivation sur lesquels reposent tous les jeux vidéo à succès (mais aussi nombre de stratégies marketing) peuvent se décliner très efficacement dans le domaine du développement personnel et professionnel.
Les jeux vidéo sont basés sur des alter ego virtuels : c’est ici l’occasion de créer un personnage qui représentera la meilleure version de nous-mêmes dans la vie réelle.
Ce personnage, qui n’est pas totalement quelqu’un d’autre, mais plutôt une version de soi que l’on ne s’autorise pas à être en temps normal, a plusieurs avantages. L’alter ego peut prendre le relais dans une situation qui nous fait peur, réaliser une opportunité, lâcher prise, agir en faveur d’une chose qui compte vraiment, mais cela demande de sortir de notre zone de confort. Recourir à un alter ego peut aussi permettre de contrer notre discours intérieur, cette petite voix dans notre tête qui nous abreuve de pensées limitantes, de peurs et d’excuses, en introduisant une seconde voix forte, défensive et contestataire.
Comme les héros des films, des séries ou des jeux, chacun peut être le héros de sa propre existence. Les ambitions à réaliser et les obstacles à surmonter deviennent une sorte de « légende personnelle » qu’il nous incombe de vivre. L’auteur invite donc à définir son alter ego en fonction qui l’on est. Le conflit entre nos valeurs conscientes et inconscientes (idées reçues, systèmes de croyances) peut saboter notre potentiel: un travail d’introspection sera l’occasion d’en prendre conscience pour rééquilibrer la situation. Il est intéressant de déterminer un « code de l’honneur » pour notre alter ego, un système couvrant plusieurs domaines (santé, finances, spiritualité…) qui déterminera nos croyances et nos choix.
Ce processus permet de façonner son « environnement de jeu ». Pour ce faire, l’auteur propose d’élaborer de courtes phrases dans le but de reprogrammer notre cerveau. Des messages clairs destinés au subconscient, que l’on répétera souvent pour réorienter la pensée vers l’objectif au détriment des croyances limitantes. Par exemple, on peut répondre à « C’est impossible, je n’y arriverai jamais » par « Ça a l’air excitant et je n’ai rien à perdre. Quand puis-je commencer ? » (p. 54).
Par ailleurs, Hanine Mhannd insiste sur l’idée qu’avoir une vraie conscience des frontières de sa zone de confort et de l’objectif à atteindre est crucial pour parvenir à visualiser l’écart entre les deux, et à prioriser ce qui compte le plus à nos yeux.
Dans cette quête de dépassement, il faut constamment être dans une perspective de découverte. Pour contrer les obstacles mentaux générés par le cerveau, l’auteur conseille d’utiliser la règle des 3 secondes : au moment où l’idée d’une chose que l’on devrait faire survient, nous pouvons entamer le décompte et débuter l’action.
Cette courte durée court-circuite les pensées limitantes, nous permettant ainsi de sortir aisément de notre zone de confort pour des actions quotidiennes. Nous pouvons ainsi prendre des décisions rapides et entrer en mouvement pour pouvoir nous adapter aux événements qui vont suivre au lieu de rester bloqué dans sa zone de confort, à se laisser décourager par les meilleures excuses du monde.
Il convient ensuite de créer le scénario de son aventure. D’abord, en définissant ses objectifs (si possible grands), car émettre une intention est déjà une action en soi, cela amorce une nouvelle dynamique et nous rend euphoriques. Établir sa « liste de quêtes légendaires » sous la forme d’une bucket list (accomplissements à réaliser avant de mourir) permet de faire la différence entre le fantasme et les actions à entreprendre dans la vie réelle, puis de se demander posément si tout cela est bel et bien réaliste, sous notre contrôle, et si ce souhait nous appartient. D’autre part, contrairement aux idées reçues, personne ne réussit seul : l’être humain est un animal social qui a besoin des autres pour son équilibre. Développer ses capacités en interagissant avec les autres est excellent.
En parallèle de nos grands objectifs de vie, nous pouvons nous ménager nombre de « succès intermédiaires » qui joueront le rôle de divertissement et de récompense tout en améliorant le cas échéant les compétences dont nous aurons besoin par la suite. L’auteur encourage à établir une liste de ces étapes en prenant soin que chacun de ces accomplissements intermédiaires réponde aux exigences de la méthode SMART : Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste et défini dans le Temps.
Notre existence est fatalement parsemée d’obstacles de tous types (physiques, mentaux, sociaux, pratiques, émotionnels), qu’il est possible de transformer en moteurs pour atteindre ce qui nous rend heureux. Hanine Mhannd cite quatre principaux obstacles.
• Le premier : les excuses. Notre cerveau possède une créativité incroyable pour nous pousser à rester dans la zone de confort. Il produira toujours des raisons de rester dans l’inaction. Si ce discours semble toujours raisonnable, cela reste un mécanisme de défense. L’état d’esprit à rechercher est le suivant : non pas chercher pourquoi on ne peut pas faire quelque chose, mais trouver des solutions pour pouvoir le faire, et déterminer ce dont on a besoin pour y arriver.
• Le deuxième obstacle : le dialogue intérieur (ou « pensées conscientes »). Continu et souvent négatif, imprégné de culpabilité et d’anxiété, il peut fortement diminuer notre confiance en nous. L’action découle de la pensée : modifier ses actions peut donc permettre de changer ses pensées. Nous pouvons aussi pratiquer un contre-discours intérieur positif en contestant systématiquement sa petite voix préalablement affublée d’un sobriquet ridicule.
• Le troisième obstacle : le jugement des autres. Quels que soient nos choix, il y aura toujours des spectateurs pour critiquer. Les critiques sont le plus souvent le reflet des insécurités des autres. Ignorer cette négativité permettra de se libérer des doutes et des émotions négatives, de ne pas être distrait de ses objectifs, ou de laisser la peur de déplaire nous bloquer.
• Le quatrième obstacle : le perfectionnisme, une exigence si haute qu’elle ne peut jamais être satisfaite, au point de penser que tout ce qui n’est pas absolument parfait est horrible ou catastrophique. L’auteur conseille d’assouplir ses normes pour soulager ce stress, puis de combattre ses peurs en s’y exposant progressivement et en apprenant à assumer son imperfection.
Le cerveau humain n’est pas conçu pour apprécier l’inconfort, la peur et la difficulté. Comme un muscle, il doit être entrainé pour s’améliorer. Le cortex préfrontal, partie du cerveau qui gère la volonté, est également en charge de la concentration, de la pensée abstraite et de la mémoire à court-terme : si on lui donne une multitude de missions, il sera en surcharge cognitive.
C’est une limitation biologique. Croire que l’on devrait être constamment motivé de passer à l’action est un mythe. Pourtant, appliquer les mécanismes du jeu à ses objectifs rend la démarche plus structurée, plus amusante et plus réalisable. L’auteur présente huit leviers utilisés dans l’industrie du divertissement, que l’on peut s’approprier pour mieux atteindre ses objectifs.
La vocation : faire partie de quelque chose de plus grand que soi rend profondément passionné, donne un sens à la vie et aux tâches les plus ennuyeuses.
La progression : un fonctionnement à la fois physique et psychologique, car nous sommes programmés pour progresser et la réussite génère de la dopamine, hormone du plaisir.
La créativité : il est important d’utiliser sa créativité pour améliorer sa stratégie occurrence après occurrence, et obtenir plus de succès par la suite.
L’appropriation : quand on possède quelque chose, on veut le protéger, s’y impliquer totalement et le faire évoluer. Le hasard et la curiosité : se confronter à des modèles de réflexion inconnus garde le cerveau en alerte, les surprises étonnent et le hasard maintient la curiosité et l’euphorie parfois même jusqu’à la dépendance. La pression sociale : ce levier est lié au besoin d’appartenance de l’être humain (faire partie d’un groupe, impressionner les autres…) et repose sur l’émulation du collectif.
La rareté et l’impatience : vouloir une chose au point d’en perdre patience peut nous pousser à réaliser n’importe quelle tache et à utiliser pleinement nos compétences sans prendre le temps d’avoir peur ni de reculer.
Enfin, l’enjeu et la perte : il s’agit d’une menace très efficace et engageante. Pour utiliser ce levier, il faut donc être au clair sur ses motivations, sur ce qu’on gagne à atteindre notre objectif et ce qu’on perd à ne pas l’atteindre.
Dans cet ouvrage innovant, Hanine Mhannd explore un territoire particulièrement intéressant en termes de développement personnel : la zone de confort. Il en fait une description concrète qui permet de comprendre de quoi il s’agit, quels sont les bienfaits d’en sortir et pourquoi il est si difficile de le faire même lorsqu’on a les meilleures intentions.
Les outils de la gamification peuvent être de véritables soutiens au dépassement de soi et à la progression vers nos objectifs de vie, notamment en nous permettant de déjouer les méandres du fonctionnement de notre cerveau et en réinjectant du plaisir et de la légèreté dans un quotidien souvent morne et subi par défaut.
Cet ouvrage magnifiquement réalisé se différencie de beaucoup de livres de développement personnel : certes, il présente une méthode à suivre, mais il annonce immédiatement la couleur dans le sens où le succès de cette méthode dépendra uniquement du passage à l’action du lecteur.
La partie du livre portant sur les leviers de la gamification pousse toutefois à s’interroger sur cette pratique : en profitant de notre mode de fonctionnement biologique, s’agit-il de manipuler notre cerveau ? Certes, dans ce contexte, cela serait pour le mieux puisqu’au service de nos objectifs de vie et de notre réalisation personnelle. Mais qu’en serait-il si la gamification était utilisée de manière massive, dans le divertissement, le marketing, le monde professionnel ou encore la politique ? Comment se protéger d’une telle manipulation, dès lors qu’elle ne serait pas choisie et adoptée librement, mais subie en toute ignorance ?
Quoi qu’il en soit, il serait intéressant de compléter la lecture de ce livre par des ouvrages plus poussés sur les neurosciences.
Ouvrage recensé– Goodbye Comfort Zone – Transformez votre vie en jeu !, Hachette Livre, coll. Hachette Pratique, 2019.
Autres pistes– Idriss Aberkane, Libérez votre cerveau !, Pocket, coll. Évolutions, 2018.– Onur Karapinar, Petites Habitudes, Grandes Réussites – 51 pratiques inspirantes pour devenir la meilleure version de soi-même, Paris : Éditions Eyrolles, 2019.– Ryan Holiday, L’Obstacle est le chemin : de l’art éternel de transformer les épreuves en victoires, Alisio, 2018.– James Macanufo, Gamestorming : Jouer pour innover – pour les innovateurs, les visionnaires et les pionniers, Diateino, 2019.– Marion Sarazin, S’initier à la PNL : Pour mieux communiquer et atteindre ses objectifs, ESF Éditeur, 2019.