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Voici le résumé de l'un d'entre eux.

Les 5 formes d’intelligence pour affronter l’avenir

de Howard Gardner

récension rédigée parAnne-Claire DuchossoyDoctorante en littérature française (Universités de Bordeaux Montaigne et Georg-August Göttingen).

Synopsis

Développement personnel

Dans cet ouvrage, publié en langue originale en 2006, Howard Gardner analyse les principaux types d’esprit décisifs pour l’avenir : la capacité à maîtriser un domaine, l’esprit de synthèse, la créativité, le respect des autres, le sens moral… Il propose un cheminement au cœur de ces différentes intelligences qui s’avèreront être des dispositions avantageuses pour faire face aux défis de la vie moderne.

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1. Introduction

Au fil des pages, Howard Gardner se donne la mission d’expliquer les principales formes d’intelligences ou principaux esprits à travers de nombreux exemples concrets : esprit discipliné, esprit synthétique, esprit créatif, esprit respectueux, esprit éthique.

Quelles sont leurs caractéristiques ? Quels sont les obstacles à la formation de ces esprits ? Comment les acquérir et les cultiver ? Le tout est orienté vers l’apprentissage des enfants, adolescents et jeunes adultes.

2. L'esprit discipliné

« Les individus qui ne possèdent pas au moins une discipline ne seront pas en mesure de réussir dans un lieu de travail exigeant et se verront cantonner dans des tâches subalternes. » (p. 30)

Pour l’auteur, il est important que les individus soient capables de maîtriser les modes de réflexion des disciplines principales. Par exemple pour le lycée, il est nécessaire d’axer l’enseignement sur la science, les mathématiques, l’histoire et une matière artistique. Toutes ces disciplines permettraient ensuite de constituer des sortes de passerelles vers d’autres disciplines. Ces savoirs sont source d’une indépendance de points de vue et de réflexion sur le monde. Pour acquérir cet esprit discipliné, il s’agit d’identifier les sujets ou concepts importants de la discipline ; d’y consacrer du temps ; d’approcher le sujet sous différents angles ; d'organiser des exercices de compréhension pour donner aux étudiants la possibilité d’exercer cette compréhension à multiples reprises.

Le but ultime est que les étudiants n’échouent pas quand la réflexion sort du cadre du manuel. S’ils donnent une réponse commune, et abordent la question sans méthode, on peut « conclure qu’ils ont accumulé des faits sans avoir acquis une maîtrise de la discipline » (p. 50). Bien entendu, le mot « discipline » peut prendre un autre sens : « un individu est discipliné dans la mesure où il a acquis les habitudes qui lui permettent de progresser régulièrement et sans fin dans la maîtrise d’une compétence, d’un art, ou d’un corps de connaissances » (p. 54). Mais cette forme de discipline (faire par exemple consciencieusement ses devoirs le soir) n’a pas toujours prouvé son efficacité.

Pour l’auteur, la discipline est efficace, non pas lorsqu’elle est imposée par l’extérieur (faire deux heures de devoirs tous les soirs), mais quand l’individu est passionné et prend plaisir à cet enrichissement continuel. La notion de plaisir est ainsi essentielle dans la discipline. Mais attention, l’obsession et la compulsion ne sont pas de mise.

3. L'esprit synthétique

« Les individus sans capacités de synthèse crouleront sous l’information et seront incapables de prendre des décisions judicieuses sur les plans professionnel et personnel. » (p. 30)

Il est incontestablement difficile de maîtriser plusieurs points de vue, et de réussir à les réunir et à les synthétiser. Pour réussir une synthèse, il faut un objectif, un point de départ, une stratégie ou une méthode, des ébauches et un retour. Même si elle est parfois faussement utilisée, l’interdisciplinarité permet de repérer les liens et d’établir des comparaisons. Comment le faire dans le cadre de l’enseignement ?

Pour les élèves de primaire, les professeurs doivent leur laisser la possibilité d’établir des rapports, mais il est important également identifier « les synthèses qui manquent ou pêchent sur un plan ou un autre » (p. 85). L’auteur donne en exemple des examens français pour les enseignants (concours) où ces derniers doivent étudier quatre textes autour d’un sujet. Cette méthode permet d’explorer les capacités de synthèse.

4. L'esprit créatif

« Les individus sans aptitudes créatives seront remplacés par des ordinateurs et feront fuir ceux qui possèdent l’étincelle créatrice. » (p. 30)

Il est essentiel d’éduquer le créateur qui est en nous à tous les âges de la vie. Pour cela, il s’agit de ne pas toujours suivre les trajectoires droites, mais plutôt d’emprunter les détours et d’échouer également. En effet, l’échec est très instructif. Il permet d’ouvrir son esprit créatif. Avoir un esprit créatif, c’est avant tout savoir conserver une sensibilité enfantine (car les petits sont naturellement créatifs).

« Plus concrètement, dans les années précédant la puberté, les parents devraient s’assurer que les enfants ont des passe-temps des activités qui ne débouchent pas sur une unique réponse exacte. Les professeurs devraient illustrer les diverses manières dont un problème de maths peut être résolu ou un passage littéraire, interprété » (p. 105). Il existe des parallèles entre synthèse et création, mais là où le premier nécessite ordre, équilibre et conclusion, le second est emmené par l’incertitude, la surprise, le défi et le déséquilibre.

5. L'esprit respectueux

« Les individus irrespectueux ne seront pas dignes du respect des autres et empoisonneront l’atmosphère du lieu de travail. » (p. 30)

L’auteur fait le bilan du dernier siècle : des guerres et des conflits, des armes de destruction massive… Pour lui, seule l’éducation, au sens large, peut au moins permettre de progresser un peu. Le respect de l’autre, pour commencer, est un objectif raisonnable et doit s’apprendre dès la première année de l’existence d’un bébé. Leur regard est naturellement attiré par les visages de leurs semblables, mais pour autant si cette détection des différences est naturelle et même utile à certains égards, « la manière dont on étiquette et interprète ces différences est un phénomène culturel. » (p. 130)

Les enfants de 5 ans ont déjà conscience des identités et des différents groupes, mais la question est : est-ce qu’il considère le groupe A différent du groupe B ou pensent-ils que le groupe A est meilleur que le groupe B ? Pour que les enfants soient respectueux des autres, il faut qu’ils aient devant eux des modèles et des enseignements qui vont dans ce sens. Bien entendu, il semble difficile de donner des formules infaillibles et magiques qui offriraient tout de suite un cadre respectueux.

Mais finalement, des petites choses peuvent influencer les enfants : les mots que les adultes emploient, les comportements également. S’ils ont un modèle respectueux, ils le copieront facilement.

6. L'esprit éthique

« Les individus sans éthique formeront un monde d’où les salariés convenables et les citoyens responsables seront absents : aucun d’entre nous n’a envie de vivre sur ce genre de planète désolée » (p. 30)

Respect et éthique sont profondément liés bien entendu ! Même si l’éthique est applicable à tous les domaines de la vie, l’auteur s’arrête ici sur l’éthique au travail. Droits, responsabilités, obligations… Être éthique dans son travail, c’est ne pas avoir de pratiques condamnables, c’est-à-dire des pratiques ne respectant pas des principes, des valeurs, de la transparence : « Toutes les sociétés connues respectent les vertus de la vérité, de l’intégrité, de la loyauté, de la justice ; aucune ne défend explicitement le mensonge, la malhonnêteté, la déloyauté, les inégalités grossières » (p. 161).

Malheureusement, de nombreux exemples (scandales…) montrent qu’il n’en est pas toujours ainsi. Qui n’a jamais entendu parler de détournement d’argent, de pression d’un supérieur ? Pour parer tout cela, il est donc, encore une fois, important que l’éducation soit axée sur cette valeur de travail éthique. Les institutions, où passent la majorité de leur temps les enfants et jeunes adultes, sont responsables d’un futur basé sur ce principe. Les professeurs sont les modèles essentiels, encore une fois !

7. Cultiver ces cinq esprits

Selon Howard Gardner, il n’est pas évident de cultiver ces cinq esprits, car sur la route surgissent de nombreux obstacles et résistances. La première d’entre elles est le conservatisme. Pourquoi changer des façons de faire qui conviennent depuis si longtemps ? Voilà le genre de propos qu’il est courant d’entendre… Certains penseront que ces types d’esprits ne sont finalement qu’une nouvelle mode à suivre.

L’autre argument sera les risques cachés : est-ce que ces cinq types d’esprit ne cachent pas quelque chose, « Et si une créativité excessive menait droit à l’anarchie ? Un respect naïf ou déplacé ne va-t-il pas faire de nous des cibles rêvées pour des terroristes ? » (p. 185).

Pour terminer, le dernier obstacle est l’impuissance : admettre que ces objectifs sont attirants, mais ne pas savoir comment faire pour les atteindre. Mais voilà la réponse : il est absolument nécessaire de prendre le temps de repérer et de comprendre ces freins pour essayer d’acquérir les cinq états d’esprits ou intelligence. Il est aussi possible de commencer par un domaine. L’auteur donne en exemple un groupe ou une classe où il y aurait eu des conflits. Axer la parole sur le respect pourra alors susciter de l’intérêt. Mais attention de bien garder en tête que ces modèles positifs de pensées ne sont pas toujours soutenus par la société : « difficile d’être un penseur discipliné quand les jeux télévisés ne récompensent que des connaissances factuelles. Il est difficile d’être respectueux à l’égard des autres quand un esprit chicanier domine la politique et les médias… » (p. 187).

Une fois toutes ces résistances dépassées, il ne s’agit pas de respecter un ordre d’acquisition. Chaque état est déjà présent de façon embryonnaire chez les individus : il faut les développer. Pour le respect, créer une atmosphère respectueuse et polie avec les autres est la première chose à faire. Pour la discipline, à la fin des classes primaires, les bases sont acquises, c’est alors le moment d’acquérir les principaux modes de réflexion (scientifique, mathématique, historique et artistique). Une fois équipé de ces modes de réflexion, l’individu dispose de tous les outils nécessaires pour faire des synthèses judicieuses et ainsi acquérir une réflexion interdisciplinaire. Dès le lycée, grâce à la pensée abstraite et distanciée, il est possible de conceptualiser le monde du travail avec éthique.

Dans un monde dominé par la science et la technologie, ces cinq types d’intelligence s’avèrent être essentiels : ceux qui les ont acquis auront plus de chance de prospérer. Howard Gardner insiste sur la formation des enseignants et dirigeants qui doit donner la priorité aux compétences de ces cinq intelligences. Pour réussir à les acquérir, les objectifs doivent être raisonnables. Il peut y avoir des tensions entre ces différents types d’esprit.

Trop de discipline peut gêner la créativité, trop de respect peut gêner l’éthique même s’ils sont liés [« une position éthique peut exiger que l’on prenne ses distances par rapport à un pair gênant qu’on s’est employé à traiter avec respect » (p. 191)] Bien entendu, si les professeurs ont un rôle essentiel à jouer, les parents, les voisins, les médias, peuvent également y aller de leur implication… Tout le monde a cette capacité de changer les choses et de faire de ces cinq types des conduites de vie. « La survie et la prospérité de notre espèce dépendront de notre volonté de cultiver le potentiel qui n’appartient qu’à l’homme. » (p. 193)

8. Conclusion

Howard Gardner propose de s’arrêter longuement sur les cinq types d’intelligence, ou cinq types d’esprits, qui sont pour lui essentiels à l’avenir de notre monde. Esprit discipliné, esprit synthétique, esprit créatif, esprit respectueux, esprit éthique. Il décrit ces principes en partant du postulat qu’ils doivent être enseignés à l’école et dans toutes les institutions. Il ponctue son propos avec de nombreux exemples et contre-exemples à travers le monde et les siècles.

9. Zone critique

Pour certains critiques, cette théorie des intelligences est une théorie plus philosophique que scientifique. Célébrée par certains membres du milieu éducatif, elle a pu également être critiquée par la communauté scientifique. Il faut peut-être en effet, plutôt y voir une philosophie de vie…

10. Pour aller plus loin

Ouvrage recensé

– Les 5 formes d’intelligence pour affronter l’avenir, Paris, éditions Odile Jacob, 2009.

Du même auteur

– Nouvelles formes de la vérité, de la beauté et de la bonté : pour les transmettre au XXIe siècle, 2013.– L’intelligence et l’école : la pensée de l’enfant et les visées de l’enseignement, 2012.– Les intelligences multiples : La théorie qui bouleverse nos idées reçues, 1993.

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