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Au cœur des émotions de l'enfant

de Isabelle Filliozat

récension rédigée parAnne-Claire DuchossoyDoctorante en littérature française (Universités de Bordeaux Montaigne et Georg-August Göttingen).

Synopsis

Développement personnel

Au cœur des émotions de l’enfant est un livre-ressource pour prétendre à davantage d’harmonie familiale. En tirant des exemples du quotidien, Isabelle Filliozat souhaite aider les parents à comprendre les différentes émotions qui animent leurs enfants : peur, colère, joie, tristesse… Toutes ces émotions diverses et variées ont un sens, une intention et elles sont guérissantes. Il ne s’agit pas d’imposer une façon de faire, mais plutôt d’éclairer, de dénouer les nœuds et d’identifier certains obstacles.

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1. Introduction

Publié en 1999, Au cœur des émotions de l’enfant est l’un des best sellers d’Isabelle Filliozat. La psychothérapeute s’intéresse aux émotions diverses des enfants. En citant des exemples concrets du quotidien, elle propose des pistes pour aider les parents à identifier, nommer, comprendre et utiliser de façon positive les émotions de leurs enfants. Tout en expliquant que la vie est motion, elle pousse ses lecteurs et lectrices à avoir confiance en eux et leur donne des clefs pour être heureux. Après avoir exposé les sept questions à se poser pour répondre à presque toutes les situations, elle s’attarde sur chacune des principales émotions : la peur, la colère, la joie, la tristesse et la dépression.

Il s’agira dans un premier temps de nommer ces cinq émotions principales avant d’expliquer les enjeux de leur compréhension et la façon de vivre une vie plus heureuse en affrontant les difficultés et obstacles. Pour terminer, sera dressée une liste des croyances communes à oublier et des astuces à mettre en place pour veiller au bon épanouissement des enfants.

2. Les cinq principales émotions

Les émotions témoignent de la vie et sont profondément utiles. Tous les enfants ont leur « Je » à exprimer, à affirmer, et il est important de les écouter, de prêter attention à leurs voix. Il y a plusieurs étapes dans l’accompagnement de l’émotion : respecter l’émotion ; écouter ; accepter et comprendre ; moi aussi / dédramatiser ; chercher ses ressources intérieures et extérieures ; l’aider à libérer son énergie ; satisfaire le besoin d’information ; faire élaborer différentes réponses possibles.

La peur : « Il y a des peurs saines, il y a des peurs démesurées, déplacées. Il y a des peurs à traverser, d’autres à dépasser, toutes sont à respecter, à accompagner » (p. 136). Forcer les enfants à affronter leurs peurs peut avoir l’effet inverse : ils peuvent devenir des adultes prenant énormément de risques ou devenir effacés, angoissés, phobiques. Les peurs les plus fréquentes sont les bruits forts, dormir, les araignées, les insectes, les animaux, la cave, l’école, le professeur, les contes de fées…

La colère : La colère (qui est constructive, contrairement à la violence qui est destructrice) et la frustration sont des réactions saines et nécessaires à la construction. Écouter, décoder les colères et accueillir l’émotion est primordial.

La joie : Être heureux est le premier élément favorable pour que les enfants le soient aussi. « Tous les affects refoulés, les nœuds émotionnels et les blessures non guéries empêchent l’accès à la joie. Libérez les émotions, laissez parler les détresses, pleurez les larmes, criez les colères… » (p. 211) Pour aider les enfants à conserver cette joie naturelle qu’ils ont en eux, il suffit de les valoriser, de les encourager. Cela consiste à sortir du culte de la souffrance, à exprimer son amour d’être avec eux, partager des petits moments simples du quotidien, jouer avec eux, rire, dire « je t’aime » sans limites.

La tristesse : La tristesse fait aussi partie de la vie : elle accompagne une perte. Il faut respecter et accepter les pleurs des enfants qui accompagnent cette tristesse, soulagent et guérissent : « Ça fait du bien de pleurer, et surtout de pleurer dans les bras de quelqu’un qui sait écouter les larmes sans les stopper, de pleurer devant un témoin qui sait accueillir sans juger, sans conseiller, sans baisser les yeux » (p. 228). Il faut pleurer ses tristesses !

La dépression : « La dépression prend la couleur de la tristesse, mais ce n’est pas une tristesse guérissante. C’est un blocage d’émotions emmêlées » (p. 241). Les symptômes de la dépression chez l’enfant sont les suivants : ne rit pas ; ne s’intéresse à rien ; s’ennuie ; on le dit sage presque trop sage ; est agité ; problèmes de sommeil et d’alimentation ; troubles du comportement ; besoin de stimulations violentes, d’adrénaline ; échec scolaire : désinvestissement des apprentissages scolaires ou surinvestissement… attention aux trop bonnes notes tout le temps ; se plaint souvent d’être fatigué ; maladies à répétition. Pour l’aider, le parent doit lui dire qu’il voit qu’il ne va pas bien, et lui donner la permission de s’exprimer. Il faut l’aider à « reconstruire un sentiment de puissance personnelle, de contrôle sur sa propre vie » (p. 252).

3. Comprendre les émotions ; vivre heureux malgré les difficultés et obstacles

« Les parents sont souvent démunis devant l’intensité des affects de leurs enfants, ils cherchent volontiers à les calmer, à faire taire les cris, les larmes, l’expression de l’émoi. Or, l’émotion a un sens, une intention. Elle est guérissante. Les décharges émotionnelles sont le moyen de se libérer des conséquences d’expériences douloureuses. (….) la répression des émotions est nocive. Elle nous entraîne dans toutes sortes de processus défensifs, de répétitions douloureuses, de compulsions et de symptômes physiques. » (p. 15)

Isabelle Filliozat part de deux postulats : à chaque étape de leur développement les enfants disent ce dont ils ont besoin / tous les parents sont en mesure de comprendre leurs enfants. L’erreur est humaine, et les enfants n’attendent pas de leurs parents qu’ils soient parfaits. Écouter ses émotions et celles des enfants, se respecter et respecter ses enfants : c’est déjà un très bon début…

L’enfant doit pouvoir se sentir être qui il est et se construire en tant que sujet. Les parents doivent se faire confiance et écouter leur cœur pour comprendre les émotions de leurs enfants. Pour cette compréhension, vous devez vous poser au préalable sept questions :

1- Quel est son vécu ?Un problème de comportement ne sera qu’un symptôme provoqué par des causes… Un enfant interprète ce qu’il voit en raison d’informations souvent incomplètes (ex. : mes parents se disputent à cause de moi, il serait préférable que je ne sois pas né) et ses conclusions apportent des croyances qui agissent sur le comportement. Il faut donc lui donner les informations manquantes.

2- Que dit-il ?Lorsqu’un enfant a un comportement qui surprend, une émotion qui semble disproportionnée, se cache souvent derrière ces agissements autre chose. Il faut être à l’écoute de son langage.

3- Quel message ai-je envie de lui transmettre ?« À chacune de nos réactions, nous avons le choix entre les messages d’amour : « Je t’aime, tu es capable » et les messages destructeurs : « Tu es nul, tu ne vaux rien. » (p. 47) Les enfants écoutent et observent leurs parents. Tous les actes et paroles de ces derniers envoient donc un message à leur progéniture. Amour, joie, liberté ? Ou mensonge, trahison, enfermement … ?

4- Pourquoi je dis cela ?« Les caprices sont des inventions des parents. Ils surgissent lorsque les parents se prennent les pieds dans les jeux du pouvoir. » (p. 53) Isabelle Filliozat rappelle également que nombre des réactions proviennent finalement d’une transmission culturelle. Les parents disent ceci parce que toute la société le dit, parce qu’ils ont reçu telle ou telle éducation, tels ou tels codes. Mais est-ce vraiment ce qu’ils ressentent et pensent ?

5- Mes besoins sont-ils en compétition avec ceux de mes enfants ?Les enfants sont différents et ne peuvent pas toujours réagir comme les adultes aimeraient qu’ils réagissent. Avoir et vivre avec un enfant est éprouvant, il faut le reconnaître. Écouter leurs propres besoins leur permettra alors d’être plus disponibles pour les besoins de leurs petits. Et surtout il faut que les parents guérissent leurs blessures anciennes pour que leurs enfants vivent à leur propre rythme.

6- Qu’est-ce qui est le plus précieux pour moi ?Avant d’intervenir face à une « bêtise » faite par un enfant, il faut se poser la question de ce qui compte vraiment. Un parent veut-il envoyer comme message à son enfant que le vase cassé est plus précieux que lui-même ? « Un enfant a besoin de sentir qu’il est précieux, qu’il a sa place, qu’il est important et que ses besoins comme sa réalité sont pris en compte. » (p. 67)

7- Quel est mon objectif ?Il n’y pas de « bien » ou de « mal », il y a seulement des choix qui approchent ou éloignent de l’objectif. Et quel est-il justement ? « Il n’y a pas de réponse universelle, mais une réponse pour cet enfant-là, et ce parent-là, à cet instant-là de leur histoire commune » (p. 71).

4. Être aux côtés de son enfant

Isabelle Filliozat donne les étapes de l’accompagnement émotionnel de l’enfant :

– Accueillir non verbalement par le regard. Être présent dans votre respiration, dans votre attitude intérieure. Éventuellement, selon l’âge de l’enfant, le prendre dans les bras ;

– Mettre des mots sur le ressenti : « je vois que tu es en colère ! Oh, tu es triste ! Tu as eu peur ! » ;

– Permettre à l’émotion d’aller jusqu’à sa résolution ;

– Quand la respiration de l’enfant est redevenue calme, place à la parole.

Isabelle Filliozat le rappelle : la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Des épreuves de toutes sortes la traversent : séparations, décès, accidents, maladies… Il faut alors savoir les accompagner.

À contrario, d’autres ne traversent aucune difficulté. Alors, sous prétexte que dans leur vie les enfants devenus adultes seront soumis à des contraintes, des injustices, de la souffrance, certains adultes pensent qu’il faut dès le début les mettre face à cette réalité. Notre psychothérapeute se confronte à cette question « Nous déplorons l’insensibilité de ce monde et nous voudrions y conformer nos enfants ? » (p. 258).

Selon elle, même si ces enfants ayant connu une enfance cocon deviennent des êtres plus sensibles aux épreuves, cela est plutôt une bonne chose. Il faut arrêter de penser que la manifestation des émotions est une faiblesse ; les émotions justes rendent la puissance. La répression émotionnelle est toxique pour la santé physique et psychique.

Voici pour finir, les quelques astuces données par Isabelle Filliozat pour vivre plus heureux avec les enfants et pour éviter les jeux de pouvoir :

– Il faut être heureux. Ne pas vivre sa vie par procuration à travers les enfants, mais vivre sa vie; faire des choix de vie qui rendent heureux (travail, quotidien…) ; faire face aux problèmes pour qu’ils ne soient pas plus tard à la charge des enfants ou petits-enfants et ne pas oublier que « les secrets sont toujours toxiques » (p. 298) et incitent au processus de répétition ;

– Il faut écouter : écouter avec son corps, écouter avec son cœur. « Ne cherchez pas à solutionner le problème, mais à aider votre enfant à exprimer ce qu’il ressent. Accueillez ses émotions, comme si vous étiez un bol qui accueille de l’eau » (p. 302) ;– Communiquez avec le corps, le cœur, la tête, et de personne à personne. Les caresses et les bisous, le jeu, rêver ensemble, évoquer l’enfance, parler des sentiments et parler de tout.

5. Quelques croyances à oublier, quelques astuces

– À oublier C’était mieux avant. Il y a une façon de faire, une réponse universelle.– À penser / Astuces« Les recettes éducatives d’hier ne sont plus adaptées » (p. 14).La réponse se fait et s’adapte selon les enfants et les parents.

– À oublier Dès la grossesse, les femmes se sentent obligées d’écouter les conseils de leur belle-mère, mère…– À penser / AstucesOublier les « il faut », suivre son instinct, son cœur et se faire confiance est la clé ! Chacun est en mesure de comprendre son enfant.

– À oublier Il faut laisser les bébés pleurer et refuser de les prendre dans les bras.– À penser / Astuces« La séparation précoce ne conduit pas vers l’autonomie mais vers la peur de l’abandon et la dépendance relationnelle. L’autonomie s’élabore sur un sentiment de sécurité. Ne devrions- nous pas nous interroger sur cette crainte d’être abandonné si répandue dans notre société ? » (p. 29). La séparation peut être violente pour un nourrisson.

– À oublier Lors d’une séparation, il faut partir sans rien dire.– À penser / AstucesFaux ! La séparation est une épreuve qui traverse la vie (naissance, crèche, école…). Il faut préparer cette séparation (photo, t-shirt, doudou…), jouer à cache-cache, lire une histoire en rapport avec la séparation et surtout : toujours dire au-revoir !

– À oublier Poser la question « pourquoi tu pleures ? ».– À penser / AstucesPréférer « qu’est-ce qui se passe ? » ou « Qu’est-ce que tu ressens ? ».

– À oublier Lui affirmer ou lui ordonner qu’il ne doit pas avoir peur de quelque chose.– À penser / AstucesPour l’aider à traverser sa peur, l’adulte peut partager avec lui ses propres peurs, et l’encourager à les dépasser.

– À oublier Réagir violemment à sa colère– À penser / AstucesAvoir une pièce qui permet de s’isoler pour évacuer la colère est une bonne idée. Pour réagir à cette colère, il est également possible de mettre des mots dessus avec cette formule : « Quand tu… (comportement précis de l’autre), je ressens … (mon émotion, mon sentiment) parce que je … (mon besoin) et je te demande de ... (demande précise de comportement ici et maintenant qui me permette de réparer la relation avec l’autre) de façon à ce que… (motivation pour l’autre) ».

– À oublier Se moquer d’un enfant qui boude. – À penser / AstucesIl faut essayer de découvrir l’émotion qu’il cache derrière la bouderie. S’en moquer c’est lui dire « Je ne m’intéresse pas à ta souffrance »

– À oublier Les contes de fées sont bons pour les enfants.– À penser / AstucesEn effet, ils sont porteurs de symboles, mais « les symboles non explicités n’aident pas à guérir, ils risquent même de servir la répression émotionnelle » (p. 142).

– À oublier Cacher les lourds secrets (décès, agression sexuelle du parent quand il était plus jeune, faillite d’une entreprise, violence…)À penser / AstucesLes secrets sont toxiques. Il faut tout dire, car les enfants ressentent les choses, et surtout il y a risque d’un processus de répétition.

– À oublier Éviter de parler de la séparation, du divorce.À penser / AstucesIl faut en parler, et préparer les enfants, ne surtout pas les mettre devant le fait accompli.

– À oublier Pour faire le deuil, obliger un enfant à ne pas parler de la personne, de l’animal ou de la chose disparue.À penser / Astuces

Dans le deuil, le travail de nostalgie est fondamental et il faut le respecter et ne pas forcer l’enfant à ne plus parler de la personne ou l’animal qui est mort.

6. Conclusion

Dans son ouvrage, Isabelle Filliozat apprend aux parents à se faire confiance et à écouter leurs besoins et émotions et les besoins et émotions de leurs enfants. Il faut tout d’abord se soigner et soigner ses propres blessures pour ne pas les donner en héritage pour être ensuite disponible pour les entendre les émotions des enfants. Elle pointe du doigt les croyances encore trop ancrées dans la conscience collective et l’éducation traditionnelle. Pour parvenir à une éducation plus épanouie et épanouissante pour tout le monde, il faut savoir faire table rase des agissements et « enseignements » d’hier. Mais attention, il ne s’agit pas non plus de tout leur passer, et de satisfaire toutes leurs demandes. Non ! Ce livre est un concentré d’exemples, de conseils, et de bon sens, une philosophie de vie familiale positive.

7. Pour aller plus loin

L’éducation positive était, il y a encore quelques années, un éducation alternative. À présent, elle prend une place importance dans la réflexion des jeunes parents. Dans un article du 31 mai 2015, dans Libération, la philosophie de l'éducation positive est considérée comme un « nouveau dogme parental ». Mais, elle a son lot de controverses et de détracteurs. Certains l’associent à l’enfant roi et à l’éducation permissive, d’autres pensent qu’elle est très culpabilisante pour les parents. La psychanalyste, Claude Halmos, affirme, quant à elle dans un article du Figaro du 4 mars 2016 que : « L’éducation ne peut pas se faire sans autorité car l’enfant petit est toujours dans un premier temps, à mille lieues de pouvoirs accepter les règles qu’il vit comme un obstacle à son bon plaisir » .

Chacun peut penser ce qu’il veut, mais pourquoi ne pas jeter un coup d’oeil à cet ouvrage et y piocher, ne serait-ce, que deux ou trois idées… À la lecture d’Au coeur des émotions de l’enfant, le lecteur ne ressent pas de culpabilité, mais découvre bel et bien quelques clés. Isabelle Filliozat le dit : les parents ont le droit de se tromper. Alors tout ne fonctionnera peut-être pas, mais qu’importe. Le bonheur en famille n’attend pas !

8. Pour aller plus loin

Ouvrage recensé

– Au cœur des émotions de l’enfant, Paris, Marabout, 1997.

De la même auteure

– Il me cherche ! Comprendre ce qui se passe dans son cerveau entre 6 et 11 ans, Paris, Marabout, 2016.– On ne se comprend plus : Traverser sans dommage la période des portes qui claquent entre douze et dix-sept ans, Paris, J.C. Lattès, « Coll. Psy-Santé », 2017.

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