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Voici le résumé de l'un d'entre eux.

Se libérer du connu

de Jiddu Krishnamurti

récension rédigée parClaire Cursoux

Synopsis

Développement personnel

L’ouvrage intitulé Se libérer du connu constitue un recueil de conférences menées par Krishnamurti. Dans ce livre, l’écrivain nous invite à nous libérer des idéologies, des religions et des systèmes. Il nous propose d’observer notre vie quotidienne, pour provoquer « dans l’essence même de notre être une révolution totale » (p. 14). L’auteur nous engage à voir le mouvement de la vie avec un esprit neuf. Cette nouvelle qualité d’être, que Krishnamurti nomme l’« esprit religieux », correspond à un état d’esprit silencieux, pleinement lucide, et dénué de résistances.

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1. Introduction

Publié pour la première fois en 1969, l’ouvrage intitulé Se libérer du connu est élaboré à partir de conférences menées par Krishnamurti. Chaque chapitre du livre est construit selon une démarche de questionnements visant à interpeller le lecteur, afin qu’il ne reste pas simplement passif, mais qu’il puisse mettre en œuvre sa propre révolution intérieure. Krishnamurti ne nous propose pas de technique ni de méthode pour nous transformer, il nous invite plutôt à observer le mouvement de la vie.

Il répond alors à des questions universelles : qu’est-ce que la liberté, l’amour, la mort et la vie ? L’auteur souligne l’importance de la conscience et de la véritable méditation, tout en associant comme éléments fondateurs d’une existence saine et apaisée l’amour et la liberté.

2. La conscience et la méditation

Selon Krishnamurti, la conscience est un champ indivisible constitué notamment de la pensée, des désirs et des émotions. Il n’établit donc pas de distinction entre le conscient et l’inconscient, car il considère que les divisions provoquent des conflits intérieurs. Il invite ainsi le lecteur à devenir pleinement conscient « du champ total de la conscience » (p. 29) grâce à une attention absolue. L’auteur établit une distinction entre l’attention et la concentration. Tandis que la concentration « procède par exclusions », l’attention « n’exclut rien » (p. 30).

Dans un état d’attention totale, le « moi » disparaît et l’esprit devient à la fois calme et souple. Cette attention ne peut pas être comprise intellectuellement, elle doit être vécue. Nous devons pour cela percevoir de manière très lucide et impartiale notre façon de penser, de marcher, de parler et de nous comporter. Cette lucidité engendre une nouvelle manière de vivre, non plus fondée sur les conditionnements, mais sur la fraîcheur de l’instant présent.

Krishnamurti remet en cause l’emploi du terme « méditation » dans certaines écoles, car elles proposent des approches mécaniques de la méditation. Ces écoles recommandent notamment de s’asseoir dans des postures précises, de respirer de manière régulière, de se concentrer sur une pensée, ou de répéter des mots afin de calmer l’esprit. Or, selon l’auteur, ce type de méthodes ne transforment aucunement l’esprit, car la méditation ne consiste pas à appliquer des techniques et à suivre des dogmes. Elle ne doit pas découler de la volonté. Elle consiste à être conscient de tous les mouvements du champ de la conscience, comme la pensée, les comportements et les sentiments, sans les juger.

L’auteur nous invite ainsi à vivre ces mouvements dans un état d’observation. Autrement dit, soyez spectateur attentif de votre être. Il est donc possible de méditer en toutes circonstances. Ainsi, la méditation ne peut être enseignée par personne, car son essence est complètement libre et fluide.

3. La liberté

Selon Krishnamurti, la liberté ne peut apparaître que lorsque nous ne dépendons d’aucune autorité, lorsque notre esprit s’affranchit du passé et du connu Cependant, cette libération de toute forme d’autorité ne doit pas passer par le rejet, car cela ne ferait qu’engendrer de nouveaux conflits intérieurs.

D’après l’auteur, la liberté est « un état d’esprit, non le fait d’être affranchi de quelque chose » (p. 69). Cet état d’esprit est celui de la solitude, qui doit être différenciée de l’isolement. Tandis que l’isolement constitue une forme de protection, la solitude correspond à un état intérieur délivré du passé et des conditionnements. Cet état d’esprit toujours neuf ne doit pas être conditionné par les habitudes, car celles-ci nous empêchent d’être vivants. Selon Krishnamurti, la liberté est une manière de vivre avec nous-mêmes, tels que nous sommes, sans peur et sans condamnation. Elle n’est pas le fruit d’une recherche, au contraire, elle se produit « d’une façon naturelle » (p. 71) en observant le mouvement vivant de l’existence.

Un esprit libre et silencieux a une vision claire, il est à la fois neuf et innocent. Pour autant, cette liberté ne signifie pas une domination de la pensée, comme le veulent la plupart des techniques de méditation consistant à apaiser l’esprit. Or, il est nécessaire de vivre complètement dans le présent pour être libre.

Selon l’auteur, il s’agit du sens véritable de la mort : mourir au connu nous rend vivants. Un esprit libre et vivant est silencieux et sans limites. D’après Krishnamurti, un esprit religieux ne dépend d’aucune religion. Il s’agit au contraire d’un état d’esprit où ne subsistent aucune croyance et aucune peur. Un esprit religieux est pleinement vivant dans l’instant neuf.

4. La pensée

Krishnamurti souligne l’importance de la pensée dans nos sociétés, car elle permet de construire des idées, plutôt que de mettre en place des actions. L’auteur montre que la pensée trouve ses origines dans la mémoire.

Ainsi, toutes les pensées proviennent du passé. Or, il révèle qu’il est impossible d’aborder des problématiques présentes à partir de données appartenant au passé, car nos réponses deviennent alors inadéquates. En effet, la pensée est construite sur des structures fondées sur des réactions comme la peur, le plaisir et la douleur. Krishnamurti invite dès lors le lecteur à devenir conscient de la structure de sa pensée, en observant comment elle apparaît.

En devenant conscient du fonctionnement de la pensée avec une attention totale, notre esprit devient clair, et les conflits intérieurs disparaissent. Lorsqu’il n’y a pas de pensée provenant du passé, le penseur disparaît également, ce qui nous permet d’aborder la vie d’une manière complètement neuve.

Le lien entre la pensée et le plaisir est expliqué par Krishnamurti. Il montre que la plupart des gens sont dans une quête incessante de plaisirs, et ces derniers sont directement reliés à la douleur. En effet, lorsque nous vivons une expérience plaisante, la pensée l’alimente grâce au désir, dans le but de perpétuer le plaisir afin de lui donner une continuité. Dès lors, cette pensée se transforme en mémoire, qui engendre par la suite des conflits et de la douleur, puisque nous réagissons aux événements en fonction de cette mémoire.

Pour Krishnamurti, le plaisir est nécessairement lié au passé, car nous faisons des efforts pour qu’une expérience plaisante se répète. Au contraire, la joie diffère du plaisir en ce qu’elle est complètement neuve et immédiate. La vie au présent nous offre une joie immense, car nous pouvons percevoir la beauté de manière directe. Il est notamment possible de ressentir une joie véritable en regardant un visage ou un oiseau. Lorsque certains plaisirs nous sont refusés, comme le tabac et l’alcool, nous devenons anxieux. C’est ainsi que le plaisir est toujours relié à la souffrance.

L’auteur nous propose donc d’être attentif à la structure du plaisir sans le rejeter. Seule une telle attention totale peut nous libérer de la souffrance.

5. L’amour

Krishnamurti remet en question l’usage du mot « amour » dans nos sociétés, car il considère que son utilisation est galvaudée. Il montre en effet que ce terme est généralement employé comme une idée liée au plaisir, à la jalousie, à la possession et à la domination. Par ailleurs, il montre également que nous établissons des divisions dans l’amour, car nous le réservons souvent à notre famille, ou à une seule personne. Il souligne dès lors que l’amour est devenu un code construit par notre culture.

L’auteur montre aussi que notre amour est limité, puisque nous aimons par exemple notre femme tant qu’elle nous accorde du bien-être et une forme de sécurité, mais dès qu’elle s’éloigne de nous, nous souffrons et l’amertume envahit notre cœur.. Ainsi, Krishnamurti révèle que l’amour ne peut exister tant qu’il est lié à la peur, à la dépendance et au plaisir. Cependant, aucun système ni aucune méthode ne peuvent nous apprendre l’amour véritable, car celui-ci n’est pas le fruit d’une discipline.

Pour Krishnamurti l’amour est directement lié à la beauté. Lorsque l’esprit connaît l’amour, il sait voir la beauté. Mais pour rencontrer l’amour, il faut cesser de le chercher. En effet, l’amour est neuf et vivant, il ne peut donc pas dépendre du passé. Ainsi, seul un esprit innocent peut connaître l’amour. C’est en cessant de le chercher que nous pouvons le rencontrer.

Autrement dit, lorsque notre esprit est complètement silencieux, et que nous ne poursuivons plus nos désirs. Il ne s’agit pas de comprendre ce qu’est l’amour de façon intellectuelle, mais de le vivre en observant notre vie intérieure et extérieure pour qu’il apparaisse, d’une manière intense et totalement neuve. Pour vivre l’amour, il faut ainsi avoir des rapports directs avec le monde, sans être aveuglé par nos pensées et par notre imaginaire.

6. Conclusion

À travers l’ouvrage Se libérer du connu, Krishnamurti invite le lecteur à devenir son propre maître grâce à des questionnements qui lui sont directement adressés et qui l’invitent à se transformer. Il montre en effet que les dogmes, les religions, les idéologies et les croyances sont des formes d’autorité qui nous empêchent de trouver notre liberté.

Or, selon lui, il est nécessaire de se libérer de nos conditionnements et de trouver notre propre voie, afin de connaître le mouvement vivant de l’existence. Seul un esprit neuf peut rencontrer l’instant présent directement, c’est pourquoi cet esprit ne peut dépendre d’une autorité. C’est en devenant conscient de tout ce qui se passe à l’intérieur de nous, sans condamnation ni rejet, que nous pouvons nous observer et apprendre dans un mouvement perpétuel.

Ainsi, Krishnamurti nous invite à devenir une « lumière à soi-même, qui ne s’éteint jamais

7. Pour aller plus loin

Ouvrage recensé

– Se libérer du connu, Paris, Éditions Stock, « Le Livre de poche », 1969.

Du même auteur

– Jiddu Krishnamurti, Cette lumière en nous : la vraie méditation, Paris, Le Livre de poche, « Spiritualités » 2002.– Jiddu Krishnamurti, Briller de sa propre lumière, Paris, Pocket, 2015.

Autres pistes

– Mâ Ananda Moyî et Jean Herbert, Aux sources de la joie, Paris, Albin Michel, « Spiritualités vivantes », 1996. – Ramana Maharshi et Yse Tardan-Masquelier, Le Libéré-vivant, Paris, Points, « Points sagesse », 2010.

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