1. Introduction

Grâce à différents domaines comme la physique quantique, les neurosciences, la chimie cérébrale, la biologie et la génétique, Joe Dispenza propose à ses lecteurs de rompre avec eux-mêmes et de faire advenir la réalité qu’ils désirent. Contrairement aux idées reçues, les individus ne sont pas condamnés par leurs gènes à vivre une vie déjà établie. Les changements sont possibles.

C’est pourquoi il donne toutes les clefs et connaissances nécessaires pour amorcer cette transformation et modifier sa personnalité. Il invite ainsi à un voyage dans la science de notre être et de notre cerveau pour se construire une nouvelle destinée.

2. Notre être quantique

L’une des premières visions du monde de la théorie scientifique a été de séparer esprit et matière, c’est-à-dire de démontrer qu’il existe « une réalité prédéterminée où les gens ne pouvaient pas modifier leurs propres actions et encore moins leurs pensées » (p.3). Pour Descartes, par exemple, des lois prévisibles gouvernent l’univers ; l’esprit, quant à lui, n’est pas soumis aux lois du monde physique, mais appartient à la religion. Il n’y a donc pas lieu de le soumettre à la recherche scientifique.

Pour Newton, tout ce qui existe est solide. Ce qu’il faut comprendre c’est que pour ces deux scientifiques, toute la réalité est prédéterminée. Il faut attendre Einstein et son équation E = mc2 pour que soit prouvé que la matière et l’énergie sont liées et interchangeables.

L’étude des plus microscopiques particules s’appelle la physique quantique. Ce domaine a modifié notre perception du monde. À partir de là, on a reconnu que « tout ce qui est physique dans notre vie n’est pas de la matière solide » (p.10). Un atome est constitué à 99,99999 % d’énergie et à 0,00001 % de matière. Il est donc impossible de séparer esprit et matière. Les différentes recherches ont prouvé que « nous faisons partie d’un vaste champ d’énergie invisible contenant toutes les réalités possibles et réagissant à nos pensées et à nos sentiments » (p.3). Il existe un nombre infini de réalités possibles, et nous sommes tous reliés à tout ce qui existe dans le champ quantique, c’est-à-dire « reliés à un océan d’information situé dans une dimension hors de l’espace et du temps » (p.17).

Tout ceci prouve que les sentiments comme les pensées influencent la matière. Prenons par exemple une situation d’angoisse ou de peur : à ce moment précis, le rythme cardiaque s’accélère et devient irrégulier. Une expérience menée est allée plus loin en démontrant que pour obtenir quelque chose, la pensée intentionnelle (c’est-à-dire le fait de vouloir quelque chose) et l’émotion positive ne donnent un résultat seulement lorsqu’elles sont combinées ensemble. Il faut que les deux, sentiments et pensées, envoient le même message.

L’alignement de nos pensées et émotions crée un nouvel état. Il est important de comprendre que ce que nous émettons nous revient. Si nous avons souffert et que nous entretenons cette souffrance dans le corps et l’esprit, alors la souffrance revient ! Conserver le même fonctionnement, les mêmes pensées et ressentis créent des circonstances identiques.

3. Transcender l’environnement, le corps et le temps

Pour changer, Joe Dispenza nous invite à être plus grand que notre corps, notre environnement et le temps, c’est-à-dire être plus grand que les circonstances de notre vie. Il faut aller au-delà que ce qui est ou paraît être ! Pour transcender l’environnement, il est important de comprendre que ce sont les souvenirs qui nous poussent à reproduire les mêmes expériences. L’auteur évoque même le fait que l’environnement (mode de vie ; ce et ceux qui nous entourent…) contrôle notre esprit. Aussi, nous avons mémorisé tellement d’automatismes, que « 95% de ce que nous sommes à 35 ans constituent une série de programmes involontaires, de comportements mémorisés et de réactions émotives coutumières » (p.69). Nous ne sommes donc éveillés qu’à 5 % ! C’est pour cela, que Joe Dispenza nous incite à maintenir nos rêves même s’ils sont en dehors de notre environnement, c’est-à-dire même s’ils ne correspondent pas à ce que les autres attendent de nous et pour nous.

Ce qu’il faut savoir, c’est que toutes les pensées créent des substances chimiques (neurotransmetteurs, neuropeptides, hormones) qui agissent sur le corps. Il est donc absolument nécessaire de transcender notre corps, c’est-à-dire de lui redonner sa fonction de serviteur, le maître étant l’esprit. Il faut « démémoriser une émotion qui est devenue une partie de votre personnalité et reconditionner ensuite le corps à la présence d’un nouvel esprit » (p.78). Mais attention la seule pensée positive consciente n’est pas en mesure de combattre seule les sentiments négatifs qui eux sont subconscients, souvent ancrés dans le corps.

En entretenant depuis des années des sentiments négatifs, nous sommes conditionnés négativement. De la même façon, l’auteur rappelle que 95 % des maladies sont dues à l’environnement. À cet environnement extérieur s’ajoute l’environnement intérieur, c’est-à-dire ce qui se passe à l’intérieur de nous, qui influe énormément sur la santé. Mais rien n’est perdu : l’épigénétique a prouvé qu’il était possible d’offrir aux gènes un autre futur, de ne pas rester figé dans un prédéterminé ADN. Mais comment faire tout ça ? « Simplement en changeant nos pensées, nos sentiments, nos réactions émotionnelles et nos comportements (par exemple en adoptant un mode de vie plus sain par une meilleure alimentation et des activités moins stressantes), nous envoyons de nouveaux signaux à nos cellules, qui expriment alors de nouvelles protéines sans changer le plan génétique » (p.87).

4. Transcender le temps

Il est également essentiel de transcender le temps, car malheureusement notre corps est conditionné à vivre dans le passé. Par réflexe, il réagit automatiquement à des situations qui lui rappellent un souvenir. Lorsque cela arrive, même si l’esprit conscient semble se trouver dans le moment présent, le corps (et l’esprit subconscient) se trouve dans le passé.

Il est donc important de se défaire des dépendances émotionnelles du passé. Pour l’auteur, il faut vivre dans le présent mais aussi dans le futur potentiel que l’on désire, « au point que votre corps croira que vous vivez présentement les émotions positives associées à ce futur » (p.104).

Le message de Joe Dispenza est clair : se créer plutôt que survivre ! Il est important de se libérer de nos problèmes et de tout ce qui peut engendrer le stress, la tristesse ou la colère, d’« oublier les gens que nous connaissons, nos problèmes, nos biens matériels, les endroits où nous allons régulièrement ; perdre de vue le temps ; transcender le corps et son besoin d’alimenter ses habitudes ; renoncer à l’euphorie des expériences émotionnelles familières qui réaffirment l’identité »…

C’est un début pour se libérer de notre vie actuelle. L’auteur explique qu’il faut vivre en étant personne, c’est-à-dire vivre comme lorsqu’on est en état de création (on parle de flow, un état maximal de concentration qui capte toute l’attention et fait perdre la notion du temps) qui permet d’oublier qui nous sommes. Le soi égocentrique est alors mis de côté.

5. Nos trois cerveaux

Le premier cerveau est le néocortex. C’est le cerveau pensant : apprendre, raisonner, analyser, se souvenir, inventer, communiquer, voilà quelques unes de ses fonctions. Il s’occupe du savoir et de l’expérience. Le deuxième cerveau est le cerveau limbique. Situé sous le néocortex, c’est le cerveau émotionnel. Il participe à la fabrication des souvenirs à long terme et libère les substances chimiques lors d’expériences et d’émotions. Le troisième cerveau est le cervelet. Situé à l’arrière du crâne, c’est le siège du subconscient. C’est là que se jouent nos réactions habituelles. (le fait de réagir toujours de la même façon à chaque situation). Pour rompre avec soi-même, il faut agir sur nos trois cerveaux.

L’auteur donne pour exemple un dîner prévu avec une personne qui nous est antipathique. Il faut se projeter psychologiquement dans une situation future désagréable avant de la vivre concrètement. Cette projection nous permet de devenir observateur et maître de notre cervelet, siège de nos réactions face à nos émotions.

Il s’agit en fait d’anticiper ce moment en essayant de voir cette personne avec qui l’on a un conflit autrement, en faisant preuve de compassion et en repoussant toutes les émotions négatives qu’elle fait naître en nous. Ainsi le jour J, les réactions émotionnelles impulsives sont réprimées, ce qui « incite le cerveau limbique à concocter un nouveau mélange chimique qui génère une nouvelle émotion » (p.146). Bien entendu, cela ne fonctionnera pas du premier coup, il faut le travailler plusieurs fois pour que cela devienne ensuite notre nouvelle façon de réagir.

6. L’écart identitaire

Joe Dispenza explique qu’il existe un écart identitaire, c’est-à-dire un écart entre ce que nous semblons être (identité projetée aux autres, ce que nous voulons que les autres pensent de nous, l’idéal pour les autres) et ce que nous sommes réellement (ce que nous ressentons, ce que nous sommes intérieurement, le soi idéal). De nombreux états émotionnels comme l’indignité, la colère, la peur, la honte, le doute et la culpabilité creusent davantage cet écart entre ce que nous semblons être et ce que nous sommes.

C’est d’ailleurs la dépendance émotionnelle qui creuse encore plus cet écart. Pour l’auteur, « une mémoire sans charge émotionnelle, cela s’appelle la sagesse » (p.179), c’est pour cela qu’il est important de désapprendre (voire d’éliminer) l’état émotionnel pour être enfin libre de vivre et de penser. De là, nous bénéficions d’une ressource d’énergie inédite que nous pouvons utiliser pour nous créer une nouvelle vie. « À ce stade, on se sent heureux et complet. On ne dépend plus du monde extérieur pour se définir. Les émotions élevées que l’on éprouve sont inconditionnelles. »

7. Démystifier la méditation

Pour rompre avec soi-même, il faut acquérir le sens de l’observation, c’est-à-dire surveiller ses pensées, et trouver la paix intérieure. La méditation permet de développer tout cela.

Méditer consiste à se familiariser avec soi-même. Cela permet de se connaître soi-même et de cultiver cet intérieur. Cette technique ancestrale permet de dépasser l’esprit analytique et d’entrer dans le subconscient : ainsi, nous pouvons « entrer dans le système d’exploitation du subconscient, où résident tous les comportements et toutes les habitudes indésirables, et les remplacer par des modes plus productifs qui permettront de mieux vivre » (p.221).

Joe Dispenza propose un programme sur quatre semaines où il apprend à identifier le problème, à l’admettre, et à abandonner les blocages.

8. Conclusion

Grâce à des connaissances solides en sciences et à son expérience personnelle, Joe Dispenza guide ses lecteurs dans l’optimisation de leur cerveau et dans la création d’un nouveau soi.

Pour changer de vie, il est nécessaire de modifier pensées et émotions, actions et comportements. Il s’agit d’interrompre les pensées négatives afin de libérer l’énergie pour se réinventer. La méditation est la solution pour rompre avec soi et se créer une nouvelle personnalité.

9. Zone critique

La lecture de Joe Dispenza peut s’avérer aussi enrichissante que déstabilisante. Mêlant à son propos spirituel une théorie purement scientifique, il offre une perspective du développement personnel renouvelée.

Mais même si ces efforts pour vulgariser et simplifier le propos sont payants, la lecture reste tout de même ardue, mais passionnante !

10. Pour aller plus loin

Ouvrage recensé– Rompre avec soi-même. Pour se créer à nouveau, Paris, Guy Trédaniel éditeur, 2020.

Du même auteur– Le placebo, c’est vous ! Comment donner le pouvoir à votre esprit, Québec, Ariane, 2014.– Devenir super-conscient : transformer sa vie et accéder à l’extra-ordinaire, Paris, Guy Trédaniel éditeur, 2017.

Autre piste– Russel Targ, L’Esprit sans limites, Paris, J’ai lu, « Aventure secrète », 2014.