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Michel Foucault

Naissance de la biopolitique

Au début de l’année 1979, Michel Foucault, alors titulaire d’une chaire au Collège de France, se lance dans une réflexion sur la naissance de la « biopolitique ». Mais Michel Foucault, afin de comprendre les problèmes liés à la vie et à la population au plan politique, retrace essentiellement l’histoire du libéralisme, davantage encore qu’il ne s’attache à expliciter l’intitulé du cours. Et pour cause : comme le veut la tradition pédagogique de cette institution, les cours qui y sont dispensés suivent en temps réel l’avancement des recherches et montrent le cheminement de la pensée. Cette aventure intellectuelle, qui semble de prime abord manquer son objet, s’avérera structurante et déterminante dans la compréhension du virage néolibéral que les sociétés occidentales ont pris au cours du XXe siècle.

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Marc-Antoine Authier

Naissance de la biopolitique
Naissance de la biopolitique

book.chapter Introduction

Dans la leçon inaugurale, Michel Foucault présente sa démarche intellectuelle : il consacrera sa réflexion à retracer l’histoire de l’art de gouverner comme exercice de la souveraineté politique. Il partira de ce qui est donné, sans s’intéresser aux grands universaux, tels que l’« État » ou la « société ». L’art de gouverner est d’abord rendu nécessaire par la raison d’État, qui fait exister l’État par lui-même et pour lui-même. Aussi cette gouvernementalité trouve-t-elle des limites à l’extérieur, par la confrontation aux autres États, mais elle n’en connaît pas à l’intérieur, où son pouvoir, exercé par la police, est illimité. Or c’est précisément parce que l’État de police avait des objets limités (c’est-à-dire les individus) que la théorie du droit et les institutions judiciaires lui ont fixé des bornes. Ce n’est qu’à partir du XVIIIe siècle que cette limitation devient aussi interne – et non plus seulement externe – à la rationalité gouvernementale. D’où l’apparition de l’économie politique en tant que théorisation de cette autorégulation. L’économie politique ne s’intéresse pas à la légitimité en droit des décisions prises par le gouvernement, mais à leurs conséquences pour la société. Désormais, la science politique prend en compte la question économique, à travers l’observation de la manière dont les individus, considérés comme objets de ces décisions, réagissent aux actions du gouvernement ; il est supposé que ces réactions obéissent aux lois naturelles qui tendent à équilibrer les flux économiques. Ainsi, il ne s’agit plus de savoir à quoi ressemblerait un bon ou un mauvais gouvernement, mais de comprendre et connaître ces lois naturelles. Avec la question de l’économie se pose donc la question de la vérité. Le gouvernement doit savoir ce à quoi il peut toucher, ce qu’il a intérêt à ne pas déranger, ce qu’il doit laisser tranquille. Apparait alors le principe du « laissez faire », et avec lui le libéralisme. C’est ce nouvel art de gouverner que Foucault se propose d’explorer plus avant.

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