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Michel Leiris

L’Afrique fantôme

"L’Afrique fantôme" de Michel Leiris est un journal de voyage et une œuvre ethnographique publiée en 1934, qui documente l'expérience de l'auteur en tant que secrétaire archiviste de la mission Dakar-Djibouti entre 1931 et 1933. À travers ses observations et réflexions, Leiris offre un regard critique sur la pratique ethnographique de son époque, remettant en question les méthodes de collecte et l'attitude des ethnographes européens envers les cultures africaines. L'ouvrage se distingue par son style littéraire et son approche introspective, dans laquelle Leiris explore ses propres réactions et sentiments face aux réalités de l'Afrique coloniale. "L’Afrique fantôme" est à la fois un témoignage précieux sur les sociétés africaines et une réflexion sur la subjectivité de l'ethnographe, marquant une étape importante dans l'évolution de l'ethnologie vers une prise de conscience de ses propres présupposés et limites.

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Mélanie Pénicaud

L’Afrique fantôme
L’Afrique fantôme

book.chapter Introduction

La mission Dakar-Djibouti est une mission ethnographique et linguistique de grande ampleur préparée et dirigée par Marcel Griaule. Pour ce dernier, la mission fait suite à de précédents terrains en Éthiopie. Elle s’étend de mai 1931 à février 1933 et traverse l’Afrique du Sénégal à l’Éthiopie. Cette mission comprend onze membres au total, dont quatre permanents : Marcel Griaule (ethnologue), Michel Leiris (secrétaire-archiviste), Marcel Larget (chargé de logistique) et Éric Lutten (opérateur cinématographique, chauffeur et « responsable du personnel indigène »). Cette équipe est pluridisciplinaire : l’ethnographie, la linguistique (Jean Mouchet, Déborah Lifchitz), les sciences naturelles (Abel Faivre), la musicologie (André Schaeffner) et la peinture sont représentées. Les objets d’étude de la mission balaient ainsi un large spectre. Mission à la fois d’exploration et de recherche en des territoires peu ou pas investis par l’ethnologie, elle avait tout d’abord pour objectif d’inventorier les aspects culturels pour lesquels une investigation ultérieure serait intéressante. Elle est réalisée en partenariat avec l’Institut d’ethnologie et le musée d’ethnographie du Trocadéro. Près de 3 500 objets ont ainsi été collectés, des milliers de notes d’ethnographie ont été rédigées. La mission a également réuni un nombre considérable de photographies et de films. Se déroulant en même temps que l’exposition universelle de 1931, la mission marque un tournant dans la discipline par la médiatisation dont l’ethnologie française a alors bénéficié et par l’appui institutionnel dont elle a joui. Elle est financée à la fois par des fonds privés (mécénat, etc.), mais surtout publics. Elle a, à ce sujet, fait l’objet d’un vote au Parlement qui l’a reconnue d’intérêt général. Le but principal de la mission Dakar-Djibouti révèle l’ambition de la discipline : il s’agit d’établir la scientificité de l’ethnologie, de soutenir son institutionnalisation et sa professionnalisation. La mission itinérante avance très vite. L’un de ses objectifs initiaux est de collecter le maximum d’objets et d’informations de toutes sortes : il s’agit de « tout voir et tout saisir avec rapidité, efficacité et exhaustivité, en accumulant en chemin le maximum d’informations et d’échantillons culturels, linguistiques, botaniques et zoologiques, de la collection d’objets aux listes de mots » (Jolly, 2016). À cet effet, Leiris et Griaule ont rédigé avant leur départ un manuel de collecte ethnographique inspiré des cours de Marcel Mauss (Instructions sommaires pour les collecteurs d’objets ethnographiques). La mission réalise également des arrêts ethnographiques de plusieurs jours pendant lesquels ses membres approfondissent leur connaissance des aspects culturels de certaines populations, comme en pays dogon au Soudan français, au Nord-Cameroun, ou encore en Éthiopie dans la ville de Gondar.

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