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Données retouchées, patients inventés, expériences impossibles à reproduire… la fraude scientifique se développe. Les articles toxiques polluent la recherche quand ils ne font pas peser un risque sur la santé des patients, traités sur la base de résultats truqués. Longtemps considérées comme marginales, ces dérives ne proviennent pas seulement de comportements individuels. La recherche de financements des laboratoires, l'évaluation continue des chercheurs et le marché juteux de l'édition scientifique favorisent les arrangements avec la rigueur. Voire la tromperie à grande échelle.
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Robert Guégan
Les articles scientifiques relèvent d'une mystification. Car le plan précis que suit chaque publication (introduction, méthode, résultats, discussion) aboutit à une reconstruction, qui met en avant une belle histoire, avec un résultat clair et précis, éloigné des réalités expérimentales. À l'image des travaux du prix Nobel de physique Robert Andrews Millikan (1923), premier à mesurer la charge électrique de l'électron, en pulvérisant de minuscules gouttes d'huile ionisée entre deux électrodes : grâce à son cahier de laboratoire, on sait aujourd'hui que le physicien américain n'a retenu que 58 gouttelettes sur 175 : celles qui se rapprochaient le plus des résultats qu'il escomptait. Ce n'est donc pas l'expérience qui lui servait de tribunal, mais une idée préconçue conduisant d'ailleurs à un résultat faux, Millikan s'étant trompé sur la viscosité de l'air freinant les gouttelettes. Cet exemple montre à quel point la littérature toxique peut entraver la production scientifique : trouvant des valeurs plus élevées que leur prédécesseur, les physiciens qui ont refait l'expérience les ont éliminées à leur tour, pensant qu'ils avaient fait une erreur.
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