Dygest logo
Google logo

Google Play

Apple logo

App Store

book.notAvailable

book.availableIn

Olivier Rey

Une question de taille

Urbanisme, machines, organisations politiques… le gigantisme a remplacé la juste mesure dont les anciens textes et le monde vivant se font l’écho. Cette démesure va de pair avec l’affranchissement des limites, que favorisent le libéralisme et une science qui puise sa morale en elle-même. Source de contre-productivité, elle condamne l’autonomie de l’homme promise par la modernité et entraîne nos sociétés vers l’effondrement. Il ne s’agit pas seulement de la crise écologique. Le monde n’est pas invariant par changement d’échelle : changer de taille modifie aussi l’essence des choses.

book.readingBy

Robert Guégan

Une question de taille
Une question de taille

book.chapter Introduction

Pourquoi le plus petit animal à sang chaud est-il une souris ? Parce que les animaux plus petits que la souris sont handicapés par l’importance relative de leur surface externe : avec un système sanguin, il leur faudrait consommer beaucoup trop de nourriture, eu égard à leur volume, pour accumuler suffisamment de calories. À l’opposé, le géant des contes est inconcevable : pour supporter un homme de 20 mètres, le fémur devrait avoir une section énorme, puisque les efforts par unité de surface seraient multipliés par 10. Ainsi, les différentes grandeurs ne varient pas proportionnellement les unes aux autres. D’où des limites naturelles et des effets de seuil : au minimum cinq grammes pour les mammifères ; un demi-millimètre pour les coléoptères, par exemple. Comme l’ont souligné D’Arcy Wentworth Thompson et, après lui, Sanderson Haldane – une annexe est là pour le rappeler –, la dimension n’est pas un paramètre secondaire dans la caractérisation d’un être vivant. « La taille détermine dans une large mesure le type d’organisation possible » (p.162). Si les animaux sont plus évolués, c’est parce qu’ils sont de plus grande taille, et non l’inverse. L’ordre de grandeur fait ainsi partie de l’essence d’un objet. Mais la pensée moderne a oublié les enseignements de Galilée ou de Pascal. Olivier Rey explique cet oubli (auquel contribue la fonction « zoom » de nos écrans) par la scission de la philosophie naturelle, chère aux Lumières. La philosophie nouvelle s’est trouvée dépossédée de ses prétentions scientifiques par l’apparition d’une science qui entendait mathématiser le monde. D’où une certaine répugnance du nombre et du mesurable. Ignorance délétère, dénonce l’auteur, car « la plupart des concepts se sont élaborés à l’intérieur d’un certain horizon quantitatif » (p.170). Faute de retenir une échelle de pertinence, la pensée conceptuelle obscurcit les réalités qu’elle devrait éclairer.

book.moreChapters

allBooks.title