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Philippe Breton

La Parole manipulée

Dans "La Parole manipulée", le sociologue Philippe Breton analyse en profondeur les techniques de manipulation de la parole qui se sont développées au 20e siècle, notamment dans les domaines de la politique, de la publicité et des médias. L'auteur montre comment ces techniques privent les individus de leur liberté en leur imposant un message tronqué et mensonger, dans le but de les convaincre sans leur consentement éclairé. Breton dénonce les conséquences désastreuses de cette manipulation omniprésente sur le lien social et la démocratie. Selon lui, la généralisation de ces pratiques mène à un repli individualiste et à une méfiance envers les institutions, au détriment du débat public et de la liberté d'expression. L'objectif principal de l'ouvrage est de démontrer que l'utilisation des techniques de manipulation a un effet néfaste sur la liberté individuelle et la démocratie. Breton s'attache à décoder les méthodes utilisées pour manipuler la parole, comme l'appel aux affects, la recherche d'un effet fusionnel, le mensonge et la dissimulation. Il préconise en retour une argumentation non manipulatoire, fondée sur le respect de la liberté d'expression et de réception.

book.readingBy

Barbara Merle

La Parole manipulée
La Parole manipulée

book.chapter Introduction

Après deux millénaires de parole démocratique et « d’art du convaincre », théorisé par le sophiste Corax, puis modernisé par Aristote, le XXe siècle a été le berceau de la manipulation, et de ses corollaires, la propagande et la désinformation. La parole manipulée, aujourd’hui largement banalisée, est dangereuse, car elle diffuse un message faux par la contrainte en privant de liberté les personnes qui la reçoivent. Tel est le fondement de l’analyse de l’auteur qui voit dans l’omniprésence de cette parole manipulée la mise en danger même de la démocratie. Car si la démocratie avait fait de la parole, et de l’art oratoire, le cœur de la vie publique, la généralisation de la manipulation par les mots risque de mettre à mal ses fondements : la liberté, la liberté d’expression, l’égalité des citoyens, l’indépendance, la souveraineté, le libre arbitre… La politique, la publicité, la communication, les médias et même la psychothérapie, aucun domaine n’y échappe. « Tous ces exemples ont en commun de mettre en scène des techniques précises de manipulation, utilisées tout à fait consciemment. Ces techniques s’enseignent, elles font l’objet de manuels vendus en librairie. Il se trouve même des chercheurs ou des intellectuels pour en légitimer l’emploi. » (p. 9) Étonnamment, les « spécialistes » de la parole manipulée ne semblent rencontrer que peu de résistances, peu de contradictions, comme si l’auditoire avait envie, d’une certaine façon, d’être manipulé. Cette thèse d’une manipulation « consentie » n’est pas nouvelle. L’historien du droit, sociologue, penseur et théologien, Jacques Ellul, l’avait développée en 1967 dans Histoire de la propagande, en prenant, entre autres, pour exemple le peuple allemand sous le joug nazi. Dans ce monde contemporain où la manipulation est reine, les citoyens développent un sentiment diffus, mais bien réel, celui de vivre en permanence dans une société du « mensonge », avec les répercussions que cela peut avoir individuellement et collectivement, repli sur soi, individualisme, communautarisme, adhésion aux théories du complot…

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