Dygest logo
Google logo

Google Play

Apple logo

App Store

book.notAvailable

book.availableIn

René Girard

La Violence et le sacré

Dans "La Violence et le Sacré", René Girard voit le rite sacrificiel comme la commémoration ancienne d’un meurtre originel, ce qu’avait perçu Freud dans Totem et tabou, par une intuition magistrale mais inaboutie. En s'appuyant sur une relecture des tragiques grecs et sur une discussion approfondie des théories sociologiques, ethnologiques et psychanalytiques, Girard met en lumière le rôle fondamental de la "violence fondatrice" et de la "victime émissaire" dans la genèse des institutions culturelles et sociales. Ce livre audacieux remet en question les interprétations traditionnelles du sacré et des mythes, offrant une théorie nouvelle et convaincante. La clarté et l'élégance de l'exposé de Girard en font une lecture à la fois enrichissante sur le plan scientifique et captivante sur le plan littéraire.

book.readingBy

Clara Boutet

La Violence et le sacré
La Violence et le sacré

book.chapter Introduction

La Violence et le sacré apparaît comme un commentaire du verset de la Genèse 4,10 où Dieu s’adresse à Caïn, le cultivateur, qui vient de tuer son frère, Abel, le pasteur, et lui dit : « Qu’as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie de la terre à moi ». Le sang appelle le sang, la violence agit comme un cercle vicieux : comment les hommes s’organisent-ils pour la contenir, l’endiguer et faire société ? La violence, dans son mécanisme de réciprocité, développe un engrenage que Girard qualifie d’escalade mimétique de la violence. Pour la contourner et offrir à la communauté un exutoire – pour tromper la violence – on effectue des rituels sacrificiels qui mettent fin aux enchères de la vengeance. Mais comment choisit-on une victime sacrificielle ? Quels sont les critères ? Quel véritable mécanisme est à l’œuvre et quels en sont les résidus dans nos sociétés ? Pour René Girard, il s’agit de dévoiler le mécanisme qui sous-tend les organisations humaines dont les multiples formes renvoient à une origine commune et religieuse, découlant d’un sacrifice originel. Contre toute attente, Girard nous aide à penser, à partir de sa théorie du sacrifice et de son corollaire victimaire, la jalousie amoureuse autant que la mode, le harcèlement ou encore les conflits géopolitiques et le terrorisme. Il propose une lecture des organisations sociales fondée non plus sur l’opposition individu/collectif mais sur les relations entre les êtres humains. L’ensemble de sa théorie prend racine sur le rôle du religieux dans nos sociétés, qu’il soit visible et institutionnalisé ou issu de modèles archaïques que nous ne cessons de rejouer et dont les manifestations les plus éloquentes se retrouvent dans plusieurs champs de la vie sociale. Parmi ces dérivés, on peut relever l’art scénique (notamment la tragédie grecque sur laquelle il s’appuie amplement) ; les sports collectifs dans lesquels il s’agit, par exemple, d’aplatir un ballon qui a tout de la forme d’un crâne ; les jeux d’échanges réciproques de balle avec une raquette ; les jeux de cartes avec des figures royales, la « pioche » qui n’est autre qu’un tas banni et, parfois, une carte dont il faut se défausser ; les contes et les comptines ; la fête et le carnaval ; Halloween et ses sorcières, etc. : tous ces phénomènes sociaux ont un fondement sacrificiel et fonctionnent sur des mécanismes expiatoires. Une communauté de sujets qui cherche à faire société a besoin de s’accorder sur un tiers à exclure : une victime. C’est vers l’origine de ce mécanisme archaïque et pourtant ô combien effectif dans les sociétés contemporaines que nous guide René Girard dans cette œuvre magistrale qu’est La violence et le sacré.

book.moreChapters

allBooks.title