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Tenir ensemble horreur et progrès scientifique, tel est le pari de Robert N. Proctor, dans cet ouvrage. Si l’on connaît les atrocités perpétrées au nom d’une prétendue pureté ethnique revendiquée par les nazis, les avancées médicales réalisées au même moment par des chercheurs affiliés au régime semblent, elles, avoir été des oubliées de l’Histoire : l’ère nazie a en effet mêlé science utile et préoccupation politique en un écheveau que l’auteur s’attache à démêler peu à peu.
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Antoinette Ferrand
Des médecins allemands à l’époque hitlérienne, on ne retient que l’hubris d’apprenti sorcier, la folie monstrueuse d’une science inhumaine, dérive parmi les dérives déjà trop nombreuses du temps. Or, en considérant le domaine scientifique, et plus précisément le champ médical, au sens bourdieusien du terme, structuré par les logiques propres au régime nazi, Robert N. Proctor révèle non pas un ensemble cohérent mis au service de l’idéologie raciale, mais plutôt un terrain de luttes et de résistances internes. En cela, l’usage politique de la science n’est plus l’apanage d’une Allemagne dictatoriale ; à l’instar de bien des pays occidentaux, elle n’a fait qu’incorporer le savoir médical à l’édifice idéologique nazi ainsi qu’à l’effort de guerre. Tâchant d’éviter la fascination morbide pour les expériences scientifiques des médecins nazis, Robert N. Proctor s’attache plutôt à circonscrire et définir l’intérêt scientifique allemand, balançant entre souci de la santé publique et théories douteuses. Ainsi intègre-t-il pleinement à l’Histoire contemporaine et européenne des sciences, cette étape délicate du passé allemand.
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