Dygest vous propose des résumés selectionnés et vulgarisés par la communauté universitaire.
Voici le résumé de l'un d'entre eux.
de Robert T. Kiyosaki
Dans cet ouvrage, l’auteur livre les clefs pour reprendre le contrôle de ses finances et pour s’enrichir, notamment par l’acquisition d’actifs générant des revenus. Il s’oppose à ce qu’il considère comme des préjugés très répandus : l’idée que seul un salaire élevé permet de devenir riche, que les riches travaillent pour l’argent, que le premier objectif doit être l’acquisition d’une résidence principale, etc. S’appuyant sur son histoire personnelle, il défend l’idée que les bases de la gestion financière doivent être accessibles au plus grand nombre.
Comment expliquer que certaines personnes ayant réussi scolairement et professionnellement se débattent malgré tout sur le plan financier ? C’est que, si nous recevons tous une forme d’éducation financière, certains préceptes nous conditionnent à être pauvres.
Pour illustrer cela, l’auteur revient sur son histoire personnelle. Son père naturel cherchait la sécurité de l’emploi, car il craignait le risque, tandis que celui qui est devenu son père spirituel était entrepreneur et savait gérer les risques. Ils avaient ainsi des opinions divergentes quant à l’argent. Tous deux gagnèrent des revenus substantiels, mais le premier éprouva toujours des difficultés. Quant au second, quoique moins instruit, il sut créer des investissements et acquérir une indépendance financière suffisante pour devenir riche. Sans se contenter de chercher un emploi rassurant, il monta des projets financiers créateurs d’emplois.
Tout au long de l’ouvrage, Kiyosaki détaille les leçons de ce père riche portant sur la gestion financière tant en matière de dépenses que de recettes.
Faut-il vraiment courir, comme la plupart des employés, derrière une petite augmentation de salaire ? La vie de beaucoup est régie par la peur de manquer. Face à la difficulté de boucler ses fins de mois, on pourrait vivre éternellement dans l’espoir illusoire qu’un surplus d’argent résoudra tous les problèmes. Rien n’est moins sûr : au contraire, cela pourrait même « les amplifier » (p. 113). Car, bien souvent, davantage d’argent ne fait que perpétuer le cycle de nos dépenses, qui s’accroissent alors en proportion.
Afin que l’argent ne contrôle pas nos vies, il nous faut d’abord en maîtriser les pouvoirs : il s’agit donc de contrôler nos émotions. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’il faille devenir une sorte de machine à calculer froide et sans projet. Certaines émotions demeurent essentielles. Transformer en profondeur notre rapport à l’argent suppose de suivre nos désirs plutôt que nos peurs. L’argent peut servir à réaliser des rêves, qui ne se réduisent pas à l’acquisition de biens pour impressionner les autres. Il faut pour cela changer son état d’esprit. Le père pauvre de l’auteur disait ainsi « Je ne peux pas me permettre d’acheter cela » quand le père riche se demandait « Comment puis-je me permettre d’acheter cela ? ».
L’auteur raconte que lorsqu’il était enfant, son père riche l’a embauché pour 10 cents de l’heure. D’abord révolté par ce salaire dérisoire, l’enfant a ensuite compris qu’il fallait envisager d’autres ressources, plutôt que de blâmer son employeur. Fort de cet enseignement, il fonda, avec son ami Mike, une bibliothèque de bandes dessinées : les enfants du quartier payaient pour y lire tandis qu’eux recevaient de l’argent sans avoir à travailler. Ils avaient ainsi créé leur propre entreprise et « n’étaient plus dépendants d’un employeur » (p. 69). La première leçon du livre est donc que « les riches ne travaillent pas pour l’argent » (p. 70) : c’est au contraire l’argent qui travaille pour eux.
Peu de choses sont impossibles lorsque la volonté et l’inventivité sont présentes. À soixante ans passés, le colonel Sanders, fondateur de KFC, fut ruiné par la construction d’une autoroute devant son restaurant. Loin de se décourager, il sillonna l’Amérique, pour trouver un restaurateur acceptant de vendre sa recette de poulet frit. Ainsi, ce n’est souvent pas le plus intelligent qui prend les devants, mais le plus audacieux et le plus persévérant. L’argent que nous gagnons importe moins que les sommes que nous parvenons à conserver et surtout à investir. Saisir les bonnes occasions suppose de faire des choix efficaces et rapides. Par exemple, à la suite d’un krach boursier, ou même hors période de crise, de nombreuses opportunités se présentent : investissez au bon moment.
Beaucoup croient que, pour réussir, il suffit de travailler dur, mais le travail et les compétences techniques ne suffisent pas sans des capacités commerciales, managériales, marketing ou encore de communication. L’entrepreneur et l’investisseur ont donc un avantage sur l’employé : ils peuvent sortir du piège du salariat en créant ou en acquérant des actifs générant un revenu.
Le premier principe est d’investir, c’est-à-dire d’utiliser son argent pour acheter des actifs. Il ne faut pas forcément créer une entreprise, mais mettre l’accent sur la colonne comptable de l’actif. Comment définir plus précisément un actif ? Il s’agit d’un bien qui augmente vos revenus, à la différence du passif qui les diminue. Il peut s’agir par exemple d’entreprises ne requérant pas de présence, d’actions, d’obligations, de biens immobiliers qui génèrent des revenus, de reconnaissances de dette, de droits d’auteur, etc. Une fois déterminées les raisons pour lesquelles vous souhaitez vous enrichir, l’acquisition d’actifs doit être votre principal objectif.
Cela peut paraître simple, mais, si tant de gens rencontrent des difficultés financières, c’est parce qu’ils achètent des éléments de passif. Le deuxième objectif consiste à minimiser les dépenses courantes et les passifs. Ainsi, une personne pauvre dépense l’intégralité de son salaire en loyer, nourriture, taxes et impôts, par nécessité ou parce qu’elle ne dispose pas de l’éducation financière adaptée. Une personne de la classe moyenne utilise quant à elle son salaire pour acheter du passif : un crédit pour un bien immobilier, pour une voiture, un prêt étudiant, etc.Nombre de personnes ont ainsi de mauvaises habitudes de dépenses. Dans la logique de l’auteur, on peut même aller jusqu’à dire de personnes qu’elles « choisissent de ne pas être riches » (p. 278). Le premier objectif est donc de parvenir à l’autofinancement, point auquel vos actifs génèrent des revenus couvrant vos dépenses. Alors, vous serez à l’aise financièrement même si vous ne serez pas encore riche. Le riche peut s’endetter également, mais au lieu de percevoir un salaire, il reçoit son revenu de ses actifs.
Quels actifs acquérir ? D’abord ceux que nous connaissons et apprécions, car on en prend davantage soin. Il faut se concentrer « sur ses propres affaires » (p. 123), sur ce que l’on sait faire, tout comme le patron de McDonald’s qui affirmait que son principal métier n’était pas de faire des hamburgers, mais d’« investir dans l’immobilier » (p. 121). D’ailleurs, dans ce domaine, il faut « commencer modestement puis continuer à échanger des propriétés contre des propriétés de plus en plus grandes » (p. 133).
Attention toutefois, la résidence principale n’est pas un actif, en raison des taxes multiples, des dépenses d’entretien, des occasions manquées, car l’argent est immobilisé, et enfin des risques de dépréciation accrus depuis l’éclatement de la bulle immobilière. Cela ne signifie pas qu’il faille renoncer à acheter sa résidence principale, mais il faut avant cela commencer par « acquérir des actifs qui généreront un cash-flow plus que suffisant » (p. 115). De même, l’achat de biens de luxe n’est pas à exclure dans l’absolu, mais ne doit venir qu’une fois acquis un nombre suffisant d’actifs.
On peut dénombrer « cinq principales raisons » (p. 221) psychologiques au développement d’une colonne de l’actif suffisamment étoffée. La première est la peur de perdre de l’argent, mais il faut bien se dire que toute personne riche a déjà, un jour, perdu de l’argent. En cas d’échec, il faut plutôt suivre le propos de Rockefeller qui invitait à « transformer chaque désastre en une bonne occasion » (p. 225). Deuxièmement, l’incrédulité peut nous détourner de l’action : à trop écouter les paroles incrédules de telle ou telle connaissance, nous ne prendrons jamais de risque, mais nous stagnerons également. En troisième lieu, le laisser-aller peut nous conduire à une forme de paresse qui nous fait oublier ce pour quoi nous souhaitons nous enrichir. Tout comme la négligence, les mauvaises habitudes en matière de finances peuvent avoir un effet négatif : il faut exercer son esprit à la manière des exercices physiques. Enfin, un cinquième obstacle est l’arrogance : elle n’est pas mauvaise à dose réduite, mais peut conduire à des pertes d’argent si elle est trop forte.
L’impôt constitue une autre difficulté importante. Or, les riches paient moins d’impôt, car ils « ne jouent pas selon les mêmes règles du jeu » (p. 153) que les autres. Une entreprise jouit d’un taux d’imposition inférieur à celui des particuliers. Ainsi, les revenus générés lorsque l’on fait travailler l’argent pour soi permettent souvent de bénéficier d’avantages fiscaux, notamment lorsque l’on sait se servir des lois fiscales. Les gouvernements accordent en effet des privilèges aux investisseurs ou leur permettent de différer le paiement de leurs impôts et donc d’investir davantage.
Comment faire preuve d’intelligence financière ? Il s’agit de « trouver des moyens de créer des occasions ou de faire jouer des situations en votre faveur » (p. 188). D’où l’importance de la réflexion et de l’inventivité. Et ce d’autant plus que l’épargne lente et progressive n’est plus aujourd’hui une voie d’enrichissement : si, dans les années 1970, elle promettait des rendements de 5 %, les taux d’intérêt très faibles, voire négatifs, pratiqués par les banques centrales ont fait baisser les rendements de placements traditionnels (assurance-vie, livret d’épargne).
À la suite de la politique dite d’assouplissement quantitatif (quantitative easing), les classes moyennes salariées qui épargnent sont les grandes perdantes : la prise de risque maîtrisée apparaît donc incontournable pour s’enrichir.
La sécurité de l’emploi est confortable, mais elle ne nous confronte pas au risque. Or, l’action surpassera toujours l’inaction : pour pouvoir recevoir une récompense, il faut avant tout agir, faire des expériences, quitte à se tromper. L’échec n’est pas à craindre, car il peut être instructif. Ainsi, avant de lancer un nouveau projet, il faut savoir faire une pause par rapport à son mode de fonctionnement et évaluer ce qui fonctionne ou non. Puis, afin de ne pas tergiverser, il faut passer à l’action. Sachez regarder aux bons endroits et voyez cela comme un jeu.
N’attendez pas que les prix augmentent. Vous trouverez sur les marchés financiers des ventes au cours, également appelées corrections, qui sont de bonnes affaires. Pour l’immobilier, faites plusieurs offres. Osez demander un prix inférieur à la valeur du bien : on vous répondra peut-être oui. N’oubliez pas que les profits se font d’abord à l’achat, et non à la vente. Robert Kiyosaki a ainsi proposé un prix plus bas à un acheteur pressé de vendre car il était muté à l’étranger : pour le même logement, son voisin avait payé près du double du prix. Cherchez des aubaines dans tous les marchés, sans vous limiter aux promotions du supermarché. On peut faire ses meilleurs investissements en faisant du jogging !
Un principe important est d’investir dans l’éducation, notamment dans l’éducation financière. Il faut chercher de nouvelles idées en s’instruisant rapidement. Vous pouvez aussi trouver des personnes ayant déjà accompli ce que vous voulez faire afin de leur demander conseils et astuces. Le cas échéant, veillez à bien rémunérer les courtiers compétents, car l’information de qualité permet souvent d’économiser de l’argent. Un bon conseil représente une force. Voyez grand et pensez grand : vous pouvez vous-même vous associer avec d’autres acheteurs pour négocier de meilleures offres. Mais soyez prudents, car la richesse peut attirer des personnes mal intentionnées. Celles-ci, cependant, ne vous demanderont jamais comment gagner de l’argent. Elles vous solliciteront plutôt pour un emploi ou un prêt. Il est donc important de réussir à bien s’entourer.
N’oubliez pas, en toute circonstance, de « vous payer en priorité » (p. 280) : ceux qui règlent les factures de leurs créanciers avant d’épargner tendent à se négliger. Ils auront du mal à se constituer une réserve d’actifs. Pour garder le bon cap, il convient aussi de « choisir des héros » (p. 284) ayant connu des succès en affaires tels que Warren Buffet, dont l’esprit d’analyse l’a conduit vers une grande richesse. Enfin, un principe est qu’il est important de savoir donner. Le pouvoir de la générosité est immense : ce que l’on donne, qu’il s’agisse d’argent, d’amour ou d’amitié, nous revient au centuple. Soyez généreux et veillez à donner pour le simple plaisir de le faire, et non pas uniquement en vue de recevoir.
Il est possible de s’enrichir à partir d’une faible mise de départ, puisque l’essentiel ne se trouve pas dans les revenus, mais dans les actifs. L’auteur évoque dans son ouvrage plusieurs personnes s’étant progressivement enrichies après avoir investi des sommes initialement modestes. L’important est de mettre à profit notre inventivité, puis de savoir prendre rapidement les bonnes décisions.
Kiyosaki affirme également que la pauvreté ne se limite pas au fait d’être sans le sou, mais qu’elle peut également être une manière de penser qui détermine nos choix. Notre culture nous a fait croire, à tort, que « l’amour de l’argent était la source de tous les maux » (p. 276). Mais il faut garder à l’esprit que l’argent n’est ni bon ni mauvais en soi. Il n’est jamais qu’un moyen en vue de telle ou telle fin : la liberté, les voyages, la transmission, etc. En cette matière, c’est à chacun de déterminer ses objectifs, afin de mettre l’argent à son service, et non l’inverse.
Partant de l’histoire personnelle de l’auteur, cet ouvrage est un plaidoyer pour l’esprit d’entreprise et l’autonomie financière. Plusieurs conseils permettent de mieux gérer son budget mais le propos gagnerait à être complété par une liste de recommandations plus concrètes.
Surtout, le portrait idéalisé qui est fait de l’investisseur laisse dans l’ombre le poids des contraintes qui pèsent sur l’employé ou le locataire modeste. L’ouvrage a ainsi pour défaut majeur de négliger le rôle des causes socio-économiques, réduites à une manière d’excuser la paresse, la peur, ou un manque d’inventivité. L’orientation politique sous-jacente à l’ouvrage apparaît clairement, à travers la critique des impôts, ou par la mise en valeur de Donald Trump.
On ne saurait toutefois reprocher à Robert Kiyosaki de réduire la vie à une quête de richesse puisqu’il insiste à plusieurs reprises sur le fait que l’argent ne saurait être une fin en soi et qu’il doit plutôt nous accompagner sur le chemin de vie que nous choisissons.
Ouvrage recensé– Père riche, père pauvre, Brossard (Québec), Un monde différent, 2017 [1997].
Du même auteur– L'entreprise du XXIe siècle, Brossard (Québec), Un monde différent, 2013.– Le quadrant du cashflow, Brossard (Québec), Un monde différent, 2015.
Autres pistes– Romain Caillet, Adieu patron : devenir rentier en 18 mois grâce à l'immobilier, Marseille, Paca éditions, 2017.– Napoléon Hill, Réfléchissez et devenez riche, Paris, J’ai lu, 2011 [1937].– Olivier Seban, Tout le monde mérite d'être riche, Paris, Maxima, 2011.