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Roger Caillois

L’Homme et le Sacré

Publié en 1939, "L'Homme et le Sacré" de Roger Caillois est considéré comme un ouvrage pionnier de la nouvelle sociologie française. Dans cet essai, Caillois étudie le phénomène du sacré d'un point de vue à la fois sociologique et métaphysique. L'auteur considère en effet que le sacré pose un problème métaphysique au-delà de sa simple dimension sociologique. Contrairement aux tenants d'une "sociologie objective", Caillois n'hésite pas à assumer cette dimension philosophique de son analyse, estimant que toute interprétation sociologique du sacré débouche nécessairement sur des questionnements métaphysiques. Ainsi, l'ouvrage explore la signification spirituelle et actuelle des phénomènes religieux et moraux, cherchant à comprendre ce qui donne "vie et mort" au sacré dans les sociétés humaines.

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Clara Boutet

L’Homme et le Sacré
L’Homme et le Sacré

book.chapter Introduction

L’Homme et le Sacré est une étude qui date de 1939, à laquelle trois appendices sur le sexe, le jeu et la guerre sont ajoutés en 1950. Roger Caillois nous conduit à différencier ce qui est saint de ce qui est sacrilège en fonction de ce qui porte atteinte à l’ordre établi. Selon lui, « la société, la nature sont censées reposer sur le maintien d’un ordre universel, protégé par de multiples interdits qui assurent l’intégrité des institutions, la régularité des phénomènes » (p.171). Il est question d’un équilibre, maintenu ou mis en péril par des forces antagonistes. Les rites qui fondent l’organisation sociale ont pour rôle de restaurer l’ordre initial et de ressouder la communauté. Pour l’auteur, le sacré est le fondement du phénomène religieux. L’homo religiosus conçoit deux mondes antagonistes et complémentaires, le sacré et le profane, régis par des forces contraires. La nature du sacré recèle une forte ambiguïté qui se tient au cœur de sa définition. Il est une force virulente, dangereuse, incompréhensible, mais aussi « indivisible, équivoque, fugitive » (p.212) ; il est une puissance qui, par-dessus tout, se caractérise par son efficacité. Le sacré est structuré par un ensemble de règles et d’interdits. Ces derniers s’expriment à travers les rites qui, seuls, captent cette force, la contraignent, la domptent, la domestiquent. Comme il est écrit dans le Li-Ki (Mémorial des rites chinois), « les rites préviennent le désordre, comme les digues les inondations ». Dès lors qu’il s’agit du sacré, il est bien question d’ordre et de désordre, que les rites ont pour charge d’administrer. De fait, leur fonction première est d’insérer une distance avec le monde profane, c’est-à-dire de procéder à la séparation pour pénétrer dans le monde sacré, débarrassé des impuretés. Le temps sacré entretient un lien étroit avec l’harmonie et le rythme du monde. L’expression la plus explicite du sacré de transgression se traduit par la fête. Cette dernière tranche radicalement avec l’existence quotidienne, se distinguant des jours ouvrables, comme le remarquait déjà Durkheim. Autre dimension dans laquelle l’homme s’écarte du réel, très proche du rite à plusieurs égards : le jeu, auquel Roger Caillois consacre un essai, intitulé « Les jeux et les hommes ».

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