Dygest vous propose des résumés selectionnés et vulgarisés par la communauté universitaire.
Voici le résumé de l'un d'entre eux.
de Thich Nhat Hanh
La sérénité de l'instant écrit par le célèbre maître zen vietnamien, Thich Nhat Hanh, propose un guide pratique de la Pleine-Conscience. Des conseils à appliquer au quotidien, aussi bien pour laver la vaisselle que se promener. Les préceptes principaux « pour vivre en paix et en harmonie » consistent à se concentrer sur le moment présent, à respirer, à méditer et à finalement apprendre à transformer ses émotions et souffrances avec compassion. Autrement dit, à s'éveiller avec la conscience de faire partie d'un tout pour propager, tel un parfum, le bonheur autour de soi.
Tchich Nha Hanh propose dans son ouvrage La sérénité de l'instant un guide « pour vivre en paix et en harmonie ». Il s’agit d’apprendre à sentir, à vivre en soi pour propager, ensuite, cet état de grâce, tel un virus de paix se transmettant avec amour et compassion. Il transmet conseils, pratiques et analyses pour vivre dans l'ici et maintenant en pensées et en actions.
La Pleine-Conscience passe principalement par le souffle, la respiration. Il alterne, ainsi, conseils, anecdotes et exercices de méditation. Il offre, en quelque sorte, un guide pratique pour entreprendre un « voyage dans la Pleine-Conscience ». Réapprendre à vivre dans le présent, à lâcher prise sur les soucis qui entravent notre quotidien, qui nous retiennent dans le passé ou nous propulsent dans le futur sans que l’on ne parvienne jamais à trouver la sérénité dans l'instant. Les exercices sont accessibles à tous et décrits dans un langage facile à lire.
Dans les traditions non-dualistes du bouddhisme, le zen, courant auquel l'auteur, moine vietnamien, fait partie, l'objectif de la méditation n'est pas seulement de s'asseoir et méditer, c'est surtout un état de vigilance face au présent, une posture de non-dualité. Ce concept implique de ne plus agir sans être concentré par la pensée, de ne plus faire les choses mécaniquement. Il s’agit ainsi d’être attentif pour cultiver le moment présent. Autrement dit, d’être éveillé.
Cette non-dualité est la clef pour développer la Pleine-Conscience à chaque instant de son quotidien, y compris des choses aussi triviales que de sortir les poubelles. Et ainsi accéder à la conscience sociétale, soi face à la société. Pour y parvenir, la compassion serait l'unique chemin.
Dans les conseils pour respirer la joie de vivre la nature tient une place centrale. Le calme et la fraîcheur extérieurs nourrissent l'intérieur de l'homme, selon Thich Nah Hanh. Un sourire suffirait à approcher la détente et à faire disparaître les soucis et la fatigue. Il nous apporterait le bonheur, ainsi qu’à notre entourage. Respirer la vie à pleins poumons revient à profiter du chemin et pas seulement de la destination. Trop souvent, esprit et corps sont désunis. Nous faisons une chose en pensant à une autre et nous passons à côté de la sérénité de l’instant. Or par la maîtrise de sa respiration, nous pouvons sortir du tourbillon de nos pensées.
Il conseille également de profiter de sa santé. Il donne l'exemple du mal de dents, lorsqu'on le ressent on voudrait évidemment qu’il prenne fin. Seulement une fois disparu, on oublie de rendre à cette sensation de bien-être, sans douleur. La Pleine-Conscience, c'est faire de chaque minute une œuvre d'art grâce à la conscience et la sérénité de l'instant. L'art est d’ailleurs le moyen de partager à l'autre et au monde la paix et la joie qui sont en nous.
« Quand vous êtes vraiment vous-même, vous pouvez vivre la vie au moment présent », précise-t-il (p. 60). Être soi-même permettrait de vivre sa vie dans la paix, la joie, la présence ou encore la perspicacité. « En respirant et en étant donc présent, le corps et l'esprit s'unifient laissant le cœur être amour et se propager dans chaque pensée et action et donner ainsi naissance à un miracle » (p.102).
Selon l'auteur, pratiquer la Pleine-Conscience est plus facile en communauté, car c’est une bonne façon de s'approcher du vivre ensemble au présent. Il opère également un parallèle avec l'automobile, ce qui est un classique de la plupart des maîtres zen aussi bien dans le bouddhisme que dans l’hindouisme considérant le corps comme le véhicule de l'âme, son enveloppe.
Ainsi il mentionne, le feu rouge comme l'opportunité d'un retour au moment présent, de s'arrêter pour prendre conscience de soi et ainsi se concentrer avec notre quotidien quotidien. Ralentir, s'arrêter, surtout dans les rythmes effrénés modernes, permet de prendre du recul, de la distance et obtenir une plus grande clarté sur soi et les autres.
Pour l'auteur, le présent et la concentration qu’il requiert est un cadeau de la vie. Pour être dans cet état de vigilance, de Pleine-Conscience, le maître zen propose de respirer en conscience avec le sourire, conscient de sa respiration, de son existence rythmée par l'inspiration et l'expiration. Et ainsi de se reconnecter à notre présent.
Cet état de grâce permet d'être corps et esprit, présent en soi. Il propose un exercice simple d'inspire-expire à réciter qui reflète bien la nature de ses conseils : « J'inspire, je calme mon corps. J'expire, je souris. M'installant dans le moment présent. Je sais que c'est un moment merveilleux » (p. 24) Il nomme également cet exercice « le biscuit de l'enfance », faisant référence à son souvenir d'enfant dégustant lentement un biscuit en 45 minutes, savourant le présent sans se soucier ni du passé, ni du futur.
Selon lui, manger est une pratique essentielle de la Pleine-Conscience. Ainsi il décrit le repas comme un moment de reliance, d'échange entre les membres d’une famille. Il recommande d'alterner les repas en silence et les repas avec de belles conversations, afin de demeurer dans une énergie de nourriture spirituelle et de conscience de l'univers à chaque bouchée. Chaque cuillère de nourriture reflétant la nature, la terre, la vie, l’extérieur qui remplit l’intérieur.
Penser trop au futur et au passé est la cause nos tristesses et nos angoisses. Il donne l'exemple de la télévision, cette fenêtre sur le monde extérieur qui nous contrôle nous modèle et nous détruit. Selon lui, l'extérieur devrait s'unir à notre intérieur sans jamais se confondre ou en être esclave. Car chaque acte du quotidien est un miracle, chaque geste une quintessence, chaque odeur une sensation sacrée. Le quotidien est la vie qui crépite sous nos doigts.
Méditer n'importe où, dans n'importe quel lieu, position et moment, tel est le message du moine bouddhiste. L'essentiel étant de se sentir à l'aise. Il reconnaît que la position du lotus, en tailleur, est considérée comme la plus propice à la méditation. Toutefois, il recommande d’adopter une position confortable. Il explique son point de vue, assez original dans le courant de la Pleine-Conscience bouddhiste très attaché à cette position, selon lequel la méditation est avant tout le reflet du calme, de la joie, d'un corps qui se sent bien.
Tout est prétexte pour revenir à soi. Il préconise donc de se servir des bruits et lumières tels que les cloches des églises, un rayon de soleil ou encore plus simplement, la marche. Un inspire-Expire libre détend le corps et l'âme reliés dans l'unité de l'être. « Si vous vous sentez heureux, paisible et joyeux pendant que vous marchez, vous pratiquez correctement » (p. 43). Vivre en paix avec soi-même pour vivre en paix avec les autres, avec l'univers. Il conseille bien souvent de sourire avant d'entrer en relation avec l'autre. Il explique aussi que nous devrions avoir dans chaque foyer une pièce dédiée à la paix, une pièce pour se réfugier lorsque la colère gronde.
Mais, selon lui, la colère peut également être bénéfique. Il faut l’accepter, la reconnaître, l'observer et ne pas le nier. « Nous avons besoin de la colère comme le jardiner a besoin du compost » (p. 75). On libère, selon le maître, la colère avec l'amour et la compassion. La colère est un appel à se comprendre, à comprendre la souffrance de l'autre. Et pouvoir ainsi dénouer les nœuds, qui sont appelés en psychologie bouddhiste les « formations internes ».
En fin de compte, le bouddhisme tend à ce que nous nous mettions en relation directe avec nos émotions. Il rappelle que pour avancer dans la paix, c'est bien de voir la personne telle qu'elle est et les choses telles qu'elles sont. Dans cette colère sont contenus aussi notre éducation, les transmissions générationnelles, nos ancêtres et leurs souffrances devenues nôtres. Il conseille alors de nourrir « les graines saines », pensées et actions positives qui s'occuperont d'évacuer « les graines négatives ». Méditer c'est regarder profondément dans les choses pour voir comment nous pouvons transformer nos situations. « Le son et la lumière peuvent pénétrer partout, l'amour et la compassion aussi » (p. 102).
Un unique constat s’impose : nos émotions, quelles qu’elles soient, font de toute façon partie de notre existence. Elles nous mettent en inter-relation avec nous-mêmes et les autres.
Elles sont impermanentes et ne doivent pas être contrôlées, car elles nécessitent d'être observées et offertes dans nos échanges avec les autres afin d'éviter que des nœuds se forment. « Quand vous comprenez, vous ne pouvez vous empêcher d'aimer et quand vous aimez, vous agissez naturellement d'une façon qui peut alléger les souffrances des gens » (p. 97). L'amour vrai, c'est désirer que l'autre ne souffre pas.
Pour ce fervent défenseur de la paix, chaque camp est notre camp, il prône la non-dualité, même durant la guerre. « Le destin de chaque pays est lié au destin de tous les autres (…) je suis ton frère, je suis ta sœur, nous sommes toute l'humanité. Notre vie est une » (p. 139). Avoir conscience de soi pour une meilleure conscience de l'autre passe par une sérénité à acquérir au quotidien, et à considérer toutes ses relations avec une grande compassion. Notamment notre relation à la terre, à la planète. Marcher en conscience, c'est s'unir à la terre, l'accueillir sous ses pieds, « Marchez comme si vous embrassiez la terre sous vos pieds. Nous avons fait beaucoup de tort à la terre. Il est temps maintenant de prendre soin d'elle. » (p. 43).
Engagé pour la paix et l'écologie, il dénonce la destruction de la planète opérée par l'humain, rappelant simplement, que l'homme sans la terre n'existe pas : « Au cours des dernières années, cinq millions de kilomètres carrés de forêts ont été détruits par les pluies acides, en partie à cause de nos voitures(...) si les arbres meurent, alors les humains mourront aussi. »(p. 43). Il explique, ainsi que la nature est notre mère, notre remède. Il raconte alors comme un symbole, l'histoire d'une ville où un seul arbre avait survécu. Le docteur conseillait, alors à tous ses patients d'aller embrasser cet arbre pour se guérir.
Et pour continuer le parallèle, l'auteur précise la temporalité nécessaire à chaque déchet, pour parvenir à se transformer en fleur. Selon lui, le chemin pour guérir notre terre est d'utiliser la souffrance du XXe siècle comme un compost pour qu'ensemble nous puissions créer des fleurs au XXIe siècle. Protéger notre environnement revient à nous protéger. L'unité est écologique, c'est l'harmonie, l’amour, la compassion et la paix de la Terre-Mère avec ses enfants humains.
Cet ouvrage écrit pourtant par un maître zen bouddhique est original dans le sens où il n'y a ni dogme ni croyance exposée. C'est uniquement un parchemin pour apprendre à vivre en Pleine-Conscience, au quotidien. Contrairement à d'autres de ses contemporains, Thich Nath Han simplifie la pratique de la Pleine-Conscience, la rendant accessible à tous, et surtout adaptée aux activités du quotidien.
C'est cet aspect qui a fait de cet ouvrage une référence pour les apprentis de la pleine-conscience. Le travail que conseille le maître zen est celui de libérer ses émotions, d'accepter sa colère, et de se guérir en échangeant avant que des nœuds psychologiques se forment, appelés formations internes en psychologie bouddhique. La compassion et l'amour sont le chemin vers la paix et la joie, donc l'éveil. L'ouvrage La sérénité de l'instant est une invitation à profiter du présent sans se soucier du passé (qui n’existe plus), ni se préoccuper de l’avenir (qui n’existe pas encore).
Tout en méditant avec compassion pour tous et pour la terre et développer ainsi une conscience sociétale, écologique. Il est connu pour ses ouvrages autour de la colère. Alors que la colère est une émotion réprimée et parfois même condamnée par certains bouddhistes, l’auteur en fait un élément clé pour s'éveiller.
La méditation et la respiration sont les outil principaux menant à la paix intérieure et bien entendu extérieure. Profiter du présent, se trouver en état d'éveil, méditatif, décrit par le moine bouddhiste est l’un des fondements de nombreuses sagesses telles que l’art de vivre selon les épicuriens. Tendre vers ce présent est en effet une clef pour diminuer l’anxiété, cependant les conditions de la vie sont complexes et conditionnées sur un rythme effréné. Cette réalité amène à se demander si certains conseils sont suffisamment adaptés à la modernité.
On peut, ainsi, extrapoler cette métaphore démontrant que les conditions de certaines grandes mégalopoles ne sont peut-être pas suffisamment prises en considération dans les conseils, exercices pratique. La vision de la méditation dans le confort de Thich Nhat Hanh n'est pas partagé par de nombreux maître zen.
Ainsi le maître zen vietnamien démocratise la pratique de la Pleine-Conscience. C'est aussi cette démocratisation qui amène à la critique globale de l'ouvrage, les ingrédients sont donnés avec simplicité, mais la recette reste floue. C'est comme une sorte d’éloge de la simplicité devant une pratique qui requiert vigilance, patience, connaissance et constance.
De toute façon, les graines saines de ce livre viennent s’occuper de nourrir les graines négatives, comme il conseille de le faire pour toutes pensées et actions.
Ouvrage recensé
– La sérénité de l'instant, Paris, J'ai lu, Collection Aventure secrète, 2008.
Du même auteur
– Le Miracle de la Pleine Conscience, Paris, J’ai lu, « Aventure secrète », 2008. – Instant présent, Instant précieux, Paris, Le Courrier du livre, 2012.– La Plénitude de l'Instant, Paris, Poche Marabout, 2013.
Autres pistes
– Christophe André, Méditer jour après jour, Paris, L’Iconoclaste, 2011.– Le Dalaï-Lama et Jeffrey Hopkins, Le Cœur de la méditation, Paris, Pygmalion, 2017. – Matthieu Ricard, L’Art de la méditation, Paris, NiL éditions, « Pocket », 2008. – Yongey Mingyour Rinpotché, Bonheur de la méditation, Paris, Fayard, 2009.