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Tristan Garcia

La Vie intense

Nous voulons connaître de grandes passions, pratiquer des sports extrêmes, nous engager fiévreusement pour ce en quoi nous croyons ou encore avoir une vie nourrie d’expériences sans cesse renouvelées. Pour Tristan Garcia, ces tendances s’expliquent par un idéal contemporain : l’intensité. Formée à partir de la fascination de l’homme du XVIIIe siècle pour l’électricité, cette nouvelle valeur peut-elle vraiment réaliser sa promesse et mettre l’homme en tension toute sa vie durant ? L’intensité ne finit-elle pas irrémédiablement par s’épuiser ?

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MĂ©lanie Semaine

La Vie intense
La Vie intense

book.chapter Introduction

Contrairement aux animaux, lorsque les hommes expérimentent le monde, ils ne sentent pas seulement des excitations physiques leur parcourir le corps, mais ils ont également conscience des sentiments que ces sensations leur inspirent. Et pour Tristan Garcia, ces sentiments nous font plus ou moins nous sentir nous-mêmes. Des sensations faibles nous font ressentir des sentiments tièdes, ce qui nous donne l’impression de passer à côté d’une expérience, de vivre en demi-teinte voire même d’être dissocié de notre personne. Au contraire, des sensations fortes inspirent à l’individu le sentiment de vivre pleinement sa vie, de s’exprimer, de s’affirmer et de ressentir ce que personne ne peut ressentir à sa place. C’est donc parce que l’intensité vient nous rappeler que notre vie est singulière, c’est-à-dire unique en son genre, qu’on la valorise. Cette valeur s’élève contre les normes, les idéaux et les modèles universels. Le problème est cependant qu’à partir du moment où tout le monde valorise l’intensité, alors elle devient à son tour une norme. Une norme toutefois originale puisqu’elle est la seule qui ne pousse plus à se comparer à une chose extérieure à soi, mais à ne plus se comparer qu’à soi-même : l’intensité comme norme nous enjoint d’aller puiser davantage au fond de nous-mêmes. Tristan Garcia ne manque pas de souligner l’ironie de cette nouvelle injonction : alors que les modèles que la société occidentale avait connus avant le XVIIIe siècle insufflaient l’espoir d’autre chose (la vérité, le salut ou encore la sagesse), le critère avec lequel nous jugeons désormais nos vies nous dit implicitement que ce que nous pouvons espérer de mieux n’est que l’intensification de ce qui est déjà là. N’est-ce pas une quête paradoxale ? Cette valeur qui s’est imposée comme critique et progressiste, contre les normes universelles qui niaient notre singularité, est en réalité extrêmement conservatrice puisque son seul projet est de maintenir les choses identiques à elles-mêmes. Comment a-t-on pu imaginer une valeur si paradoxale ? Comment se manifeste-t-elle au quotidien ? Et peut-elle vraiment réaliser ses promesses ?

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