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Le Livre de la jungle

de Younès Rharbaoui et Annabelle Bignon

récension rédigée parNicole MassonNormalienne, agrégée et docteure en Lettres Modernes.

Synopsis

Économie et entrepreneuriat

« Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les startups, mais que vous n’avez pas osé demander avant d’y postuler » : voilà le sous-titre qu’auraient pu choisir les auteurs du Livre de la Jungle. En effet, on commence à disposer d’une bibliographie assez fournie sur les chefs d’entreprise qui lancent des startups, sur leur formation, leur parcours, leur psychologie même, mais sur le profil idéal d’un salarié de startup, par contre, on manquait jusqu’ici d’éléments. Cet ouvrage de Younès Rharbaoui et Annabelle Bignon y remédie. Il répond le plus précisément possible aux questions de base que peut se poser un candidat quand il lit une annonce de recrutement et définit clairement l’environnement de travail auquel il faut s’attendre. Pour ce faire, l’ouvrage présente une analyse très poussée de l’écosystème des startups en fonction de leur stade de développement et étudie les aptitudes indispensables en fonction des types de postes et des secteurs d’activité. Nourri d’une foule d’exemples, examinés comme autant de cas d’école, il constitue une parfaite introduction au sujet.

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1. Introduction

Que vous veniez juste de finir vos études, que vous soyez en poste dans une entreprise « classique » ou que vous cherchiez un emploi, vous avez sans doute été déjà tenté de rejoindre une startup. Le terme fait rêver dans le monde entrepreneurial, accompagné de sa guirlande de termes plus imagés les uns que les autres, que l’on parle de « licorne » ou de « pépite ». Les rumeurs, plus ou moins fondées, sur un environnement où l’on passerait du temps à se détendre autour d’un babyfoot plutôt que de multiplier les réunions, alimentent les fantasmes des employés qui se sentent mal dans leur peau dans un poste un peu terne et triste. L’ouvrage de Younès Rharbaoui et Annabelle Bignon recourt au « fact checking » pour tordre le cou aux idées reçues et bien renseigner les potentiels candidats à l’aventure. Car ceux qui font vraiment la valeur de la startup, ce sont au moins autant les employés que ses géniaux fondateurs !

2. La vérité sur les startups

Younès Rharbaoui et Annabelle Bignon présentent le monde des startups comme une « jungle ». Pour quelle raison ? Est-ce parce que c’est un monde impitoyable où sévit la loi du plus fort ? Non, finalement, c’est plutôt parce que le monde des startups ressemble à celui de Rudyard Kipling, luxuriant, avec des personnages insaisissables, dont on ne sait ,de prime abord, s’ils vont être bienveillants ou hostiles, un univers impressionnant où on appréhende de perdre son chemin. Le livre se présente donc comme un guide pour se repérer, mais aussi un manuel pour apprendre à dompter les créatures sauvages qui peuplent cet univers foisonnant.

Fondé sur l’expérience des groupes de travail de LION, l’ouvrage ne s’adresse donc pas à ceux qui ont déjà les codes et qui ont créé des startups, il est destiné aux employés à la recherche d’informations fiables et de ressources pour tous les compartiments d’activité qui doivent ainsi endosser plus facilement le rôle d’explorateur de cette jungle.

Il faut donc commencer par dissiper des « fake news », des légendes, des véritables mythes que nourrissent les plus gros succès comme BlaBlaCar ou le storytelling qui entoure la Silicone Valley.

Une startup n’est pas forcément une entreprise. Selon le moment de son évolution, elle peut n’être qu’une idée, un projet, jeté sur le papier et qu’on commence tout juste à tester. Mais une startup n’est pas forcément de création récente ou de gabarit réduit. De fait, quand un employé envisage de rejoindre une startup, il doit prendre en compte ce degré de développement de la structure : dans ces différents environnements, il n’aura pas besoin des mêmes aptitudes et ne retirera pas le même type de satisfaction.

Forcément innovante et technologique ? Non, une startup ne se définit pas ainsi. Elle peut très bien cloner des business models existants en les perfectionnant pour une cible particulière. De même, elle peut aussi commercialiser des produits tout sauf technologiques.

3. Qu’est-ce qu’une startup ?

Vient alors le moment de caractériser une startup. Elle n’est qu’une organisation temporaire qui a vocation à se développer et à devenir une entreprise mature. Elle doit aussi grâce au numérique trouver un business model qui rapproche le produit du client. Mais, plus important encore, son modèle doit être « scalable » et « répétable » : que signifient ces deux néologismes très concrètement ?

La « scalabilité » consiste à pouvoir proposer le même service à une autre échelle sans multiplier les coûts. La recherche sur Google, par exemple, ne génère pas davantage de coûts pour l’entreprise si une ou mille requêtes se produisent en même temps, bien au contraire. Quant à la « répétabilité », c’est la possibilité de reproduire le même schéma de production de valeur dans un autre business : on peut prendre l’exemple de Uber dont le modèle s’adapte à différents secteurs, -comme en témoigne la notion d’« uberisation » de la société.

À la manière d’un organisme vivant, la startup connaît des stades de développement. C’est d’abord l’enfance, l’« inception ». Lors de cette phase, l’équipe patauge, les fondateurs ne sont pas sûrs de leur projet et expérimentent tous azimuts. On explore un marché en phase de « pré-product » ou de « pré-market fit ». Un employé qui débarque dans cette pagaille doit savoir tout faire et aimer être confronté à toutes les problématiques de l’entreprise. Il faut une bonne dose d’audace et d’optimisme, car, hélas, beaucoup de projets ne dépasseront pas ce stade.

Commence ensuite la phase de croissance, une sorte d’adolescence. La direction a réuni des investisseurs, les clients sont là et il faut accélérer le mouvement. C’est une phase critique et dangereuse, car il faut prendre des risques, mais bien savoir les calculer. Pour les employés, c’est le moment de faire son trou, de prendre des responsabilités. La visibilité à moyen terme est un peu meilleure.

La troisième phase est celle de la maturité. La startup est adulte, elle génère de la valeur, elle peut faire l’objet d’une introduction en bourse, il faut optimiser les process et les employés sont là pour étendre encore les champs d’activité et perfectionner les produits. C’est sans nul doute la phase la plus confortable pour rejoindre l’entreprise comme salarié.

Il reste encore à mettre en avant un moment particulier du développement de la startup, celui où, enfin, le produit ou le service rencontre les clients qui étaient visés. C’est souvent un moment qui fait passer la startup de l’enfance à l’adolescence... et qu’hélas un bon nombre d’entités ne connaîtront jamais.

4. Quel job dans quel secteur ?

En s’appuyant sur cette présentation des phases de développement d’une startup, Younès Rharbaoui et Annabelle Bignon peuvent décliner les différents secteurs d’activité et les types d’emploi pour créer une véritable nomenclature du personnel des startups. C’est ce qui va permettre au lecteur de réfléchir à ce qu’il souhaite réellement faire en rejoignant cet écosystème très particulier.

Dans cet univers, certes les diplômes peuvent être utiles, mais l’employé peut créer son propre parcours et faire en sorte qu’il se rapproche de ses propres souhaits de réalisation personnelle. En effet, on ne peut plus dire qu’il existe à proprement parler des « métiers », que celui qui entre dans la structure à un poste pourra simplement y rester en prenant de l’ancienneté ! Par contre, on peut distinguer des profils différents que les auteurs analysent en quatre grands ensembles : les « ops » (les opérations qui font tourner l’entreprise au quotidien), le « growth hacking » (la recherche de filons de croissance, les « sales » (les forces de vente, souvent en BtoB), et enfin le « développement » (le travail des ingénieurs et techniciens qui maîtrisent et développent la technologie).

D’autres jobs existent encore, mais à la périphérie de l’activité le plus souvent, par exemple un graphiste, un Community Manager ou le responsable de la hotline des utilisateurs.

Pour les quatre grands secteurs, les employés doivent faire preuve d’aptitudes différentes. Il va donc falloir adopter un « mindset », un état d’esprit particulier et l’adapter aux missions qui sont confiées. L’ouvrage se présente comme un guide pour choisir son meilleur parcours en prenant en compte un élément décisif : la formation. En effet, pas question d’arriver avec ses diplômes et de croire que c’est terminé !

Il faut sans cesse améliorer sa formation et ajouter des cordes à son arc. L’ouvrage reprend un des cours prodigués dans le cadre de The Familiy par Alice Zagury, une de ses co-fondatrices. Avec des maximes en anglais percutantes, des préconisations sous forme de courtes assertions, la formatrice explique comment être pragmatique : silence, humilité, mais aussi sens de l’initiative et ambition, le « mindset » est un juste équilibre qui permet de s’insérer dans l’équipe de la startup, d’y trouver sa place et d’être soi-même.

5. Prendre en main son employee experience

Le pragmatisme précédemment évoqué permet de comprendre que pour être un bon employé de startup et se sentir bien dans cet environnement, il faut être tout plutôt qu’attentiste. Il faut aller au-devant des problématiques et prendre en main son propre parcours. Bref, il est inutile d’attendre de recevoir une fiche de poste, il faut l’écrire soi-même !

Une fois le contrat d’engagement signé, on entre dans la phase d’« onboarding », le process d’intégration des recrues, souvent mis en place par la startup elle-même. Rapidement il faut prendre connaissance de tous les documents, ressources internes ou publiques, sur le projet. Le mieux c’est aussi de se mettre « en mode éponge » pour écouter et absorber tout ce qui va se dire au bureau. Rencontrer l’ensemble des autres acteurs est essentiel. Et enfin pour travailler efficacement, il ne faut pas venir avec des méthodes de travail et des outils préconçus. Il sera temps de proposer des améliorations par la suite. Il faut s’approprier les moyens de communication et de développement qu’utilisent tous les membres de l’équipe. Prendre des notes, poser des questions, insister, ne pas avoir peur du ridicule, s’ouvrir à toutes les informations : ce sont des attitudes essentielles pour s’intégrer rapidement.

Il va falloir ensuite se créer un plan d’évolution, une perspective de carrière. Pour cela, l’autonomie dont on dispose permet d’accumuler des expériences opérationnelles. Gagner en productivité, notamment sur des tâches répétitives, mais incontournables, comme traiter ses e-mails de manière efficace, voilà des challenges à relever pour libérer sa créativité. Dans le domaine des startups, tout est à inventer. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas des expériences transposables.

6. Une boite à outils en action

Le livre propose une trentaine de cours très précis sur les bonnes techniques à mettre en œuvre dans les secteurs précédemment définis. À chaque fois, c’est à partir d’une étude de cas précise, avec un conseiller clairement identifié, expert dans le domaine. On peut ainsi noter quelques exemples, parfois présentés de manière percutante.

Chloé Martinot (User Researcher chez ManoMano) engage le lecteur à adopter une « paranoïa constructive » pour devenir un employé clé : elle explique qu’il faut lister les menaces qui pèsent sur la startup, et exploiter rationnellement cette paranoïa. Investir en soi, mais se remettre sans cesse en question, amener le reste de l’équipe à partager le même point de vue, tout cela permet de rester au centre et de devenir un élément clé du dispositif.

Plus technique, la leçon que prodigue Miguel de Fontenay (CEO de Pathfinder) permet de connaître les meilleurs moyens de vendre aux grands comptes, c’est-à dire aux clients importants. Être capable, alors qu’on évolue dans l’écosystème des startups, de s’adresser efficacement aux grandes entreprises pyramidales, voilà le vrai challenge. L’asymétrie des situations doit amener à beaucoup de travail pour intégrer comment se prennent les décisions et être efficace dans ses propositions de vente.

Étienne Alcouffe (fondateur chez Junto), lui, consacre une leçon à l’optimisation de la publicité via Facebook, avec une liste d’erreurs à éviter et de bonnes pratiques à adopter : objectifs, budget, cibles, retour d’expérience, tout y passe.

On peut encore citer pêle-mêle Kyle Hall sur son expérience de création de contenu (Copywriter et Content Manager) ou encore Gilles Barbier sur l’analyse des Metrics et des Google Analytics, ou Sacha Azoulay sur les outils du Growth Hacker performant.La collection d’études de cas couvre bien tout le champ de curiosité que peuvent avoir les futurs employés d’une startup.

7. Une source d’inspiration universelle

Tous ces cours sont centrés sur des expériences pratiques, et facilement communicables. Le livre invite aussi tous les lecteurs, qu’ils choisissent au final de rejoindre ou non la jungle des startups, d’en tirer un kit de survie dans l’entreprise, quelle qu’elle soit. Toute une série de questions claires est proposée pour aller à l’essentiel et ne pas se perdre dans les détails, qu’on soit en poste dans une grande entreprise, qu’on soit étudiant, entrepreneur ou consultant.

Les différents chapitres du livre peuvent être abordés de manière différente selon son profil de lecteur et un dernier chapitre parcourt à nouveau tout l’ouvrage en renvoyant chaque lecteur-utilisateur à certains passages en particulier.

8. Conclusion

Le livre de Younès Rharbaoui et Annabelle Bignon permet aux novices de découvrir le mode de fonctionnement de ces nouvelles formes d’entreprises dont on parle souvent sans les connaître précisément. Il donne aussi tous les éléments pour choisir quelle startup rejoindre : plutôt dès l’origine du projet ou dans une phase de développement plus avancée ? Plutôt du côté des ventes, de la technique ou de l’opérationnel ?

Et enfin, l’ouvrage se transforme en séances de coaching très pointues qui permettent de maîtriser tous les codes et tous les outils pour s’intégrer et faire carrière dans ce secteur attractif.

9. Zone critique

Financé par une campagne kickstarter qui a récolté plus de 30 000€, Le Livre de la jungle est une compilation des notes de synthèses récoltées lors des cours à LION.

Il ne s’adresse pas aux dirigeants ou aux fondateurs de startups, mais à leurs employés et à tous ceux qui rêvent d’en intégrer une. Il tente de donner les clés pour s’inscrire dans la révolution numérique.À travers une trentaine d’études de cas thématiques, les auteurs expliquent de façon didactique ce que sont réellement les startups et comment elles fonctionnent.Ils brossent également un tableau assez optimiste de l’univers des startups dont on sait pourtant que le taux de mortalité est fort élevé : peut-on vraiment le leur reprocher ? Celui qui veut intégrer une startup sait bien qu’il doit avoir le goût du risque et s’attendre à une carrière parfois mouvementée...

10. Pour aller plus loin

Ouvrage recensé– Le Livre de la jungle. Les secrets des meilleurs startups pour prendre en main ta carrière, Paris, Dunod, 2019.

Autres pistes– Eric Ries, Le Modèle Startup : Devenir une entreprise moderne en adoptant le management entrepreneurial, Montreuil, Pearson, 2018.– Adrien Tsagliotis, Start-up attitude - Adoptez l'esprit start-up pour faire du business autrement, Paris, Dunod, 2017.– Guillaume Declair, Bao Dinh et Jérôme Dumont, La 25e Heure: Les Secrets de Productivité de 300 Startuppers qui Cartonnent, Paris, éditions Jérôme Dumont, 2017.

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