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Yves Citton

MĂ©diarchie

Les Sciences de l’information et de la communication se sont structurées au cours du XXe siècle principalement autour de la question des médias. On explore leurs dimensions techniques, capitalistiques, cognitives, sociales pour interroger les effets d’outils devenus médias de masse, sur nos sociétés. Yves Citton s’inscrit dans cette même lignée et propose de « cartographier ce régime d’expérience » médiatique qu’il nomme Médiarchie. Il expose ainsi cette volonté politique de « déplier » notre environnement médiatique, d’en prendre « soin » comme nous devons le faire pour l’environnement naturel, pour garantir notre « survie collective ».

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Jérémy Lucas

MĂ©diarchie
MĂ©diarchie

book.chapter Introduction : Citton héritier de McLuhan

Le penseur canadien des médias, Marshal McLuhan, mort en 1980, célèbre pour sa formule « le message c’est le medium », constitue l’un des fils rouges marquants de l’ouvrage. Cela correspond à la volonté de l’auteur de décaler notre regard en allant puiser dans des champs académiques étrangers. C’est aussi un choix singulier. Si McLuhan est unanimement considéré comme un théoricien important dans l’histoire des sciences de l’information et de la communication, sa vision des médias est aujourd’hui très critiquée. Yves Citton fait donc le choix de se réapproprier des théories peut-être trop rapidement mises de côté, pour mieux refonder notre regard sur les médias. Il reprend le postulat de McLuhan, celui d’un déterminisme technique radical, qui explique notre perception du monde, nos interactions sociales à partir des spécificités de notre environnement médiatiques. La question n’est pas tant celle de la transmission de l’information par les médias de masse d’un récepteur à un émetteur. Les médias -télévision, radio, internet, etc.- conditionnent notre perception commune de l’environnement. Mais ce conditionnement n’est pas le fruit d’une volonté unique extérieur. Il n’y a pas un acteur unique, en dehors de la société qui déciderait de ce que les médias doivent donner à faire et à penser. La médiarchie définie par Citton, c’est un milieu dans lequel nous baignons tous et sur lequel nous avons une prise limitée. En fonction de rapports de force sociaux, elle structure, « de l’intérieur nos dispositions attentionnelles […], et donc nos capacités d’orientation, en organisant nos milieux d’action […] d’une façon qui excède toujours un peu notre contrôle intentionnelle » (p.49). Ce régime médiarchique repose sur « trois registres de médialité » (p. 31). Il y a les media -sans « s » – outils culturels et historiques qui permettent l’enregistrement, le stockage et le partage de l’information. C’est une définition large qui regroupe autant le « calepin où je note mes rendez-vous » qu’un « tweet que je fais circuler parmi mes followers » (p. 32). Deuxièmement, on observe des médias. L’auteur reprend ici la définition donnée au début du XXe siècle par le sociologue Gabriel Tarde. Est médiatique « tout ce qui permet de diffuser de l’information […] à un public » (p. 32). Enfin, on peut parler de medium pour qualifier l’aura qui entoure les médias dans nos sociétés. Aura négative qui nous pousse à croire à la « manipulation et aux théories de la conspiration ». Aura positive qui façonne « une présence quasi divine aux stars investies par la puissance de la célébrité » (p. 34). « Approcher » les médias c’est analyser leurs modalités de production de signification adossées non pas à un vaporeux « cloud » comme le média internet nous le laisse penser, mais à des circuits bien physiques, parfois « bricolés » (p. 65), qui constituent l’intrastructure médiatique.

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