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Voici le résumé de l'un d'entre eux.

Guérir du mal de l’infini

de Yves-Marie Abraham

récension rédigée parCatherine Lomenech

Synopsis

Société

La course à la croissance illimitée non seulement détruit ce qui rend nos vies possibles, mais nous éloigne sans cesse davantage de la liberté et de l'égalité qui nous ont été promises. Tel est le « mal de l'infini ». Les solutions en demi-teintes vantées par les tenants du « développement durable » ou de la « croissance verte » ne suffiront pas à sortir de cette emprise, qui est celle du capitalisme. Pour mettre un réel point d’arrêt à la catastrophe écologique et sociale et cours, c’est à une véritable révolution citoyenne que nous appelle Yves-Marie Abraham dans cet essai, plaidoyer vers le seul monde meilleur possible : celui d’une rupture totale avec la logique de l’entreprise et de son pendant indissociable : la consommation.

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1. Introduction

Nous le savons au moins depuis 1990, date du premier rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) : le schéma de croissance actuel que nous connaissons depuis la seconde partie du XIXe siècle va dans le mur. Car il est basé sur l’accumulation aussi forcenée qu’inégale des richesses du Nord au Sud et générateur d’une consommation de matières premières, ainsi que d’une production de déchets, supérieures aux capacités d’absorption de la planète.

Or, même confrontés à notre réalité écologique nous ne réussissons pas à sortir de l’idée de croissance. Nous l’espérons alors « verte ».

Mais c’est un oxymore : comment une croissance pourrait-elle être verte quand on sait que pour produire il faut obligatoirement prélever dans les ressources naturelles de la Terre et créer des déchets ? Il va nous falloir admettre que la croissance verte est une utopie. Elle nous permettra seulement de continuer à polluer, certes moins brutalement, mais pendant plus longtemps. Le résultat sera le même. La seule solution doit être radicale et a pour nom décroissance.

En d’autres termes, il s’agit de sortir de la productivité, c’est-à-dire du modèle capitaliste de l’entreprise, en inventant un autre mode de fonctionnement. Il est urgent de fixer ensemble, mondialement, les limites du pillage des ressources de notre planète ; définir de nouvelles sociétés basées sur le partage des biens déjà existants ; inventer des structures, sans doute plus petites, à taille humaine, afin de pouvoir y décider ensemble de la façon dont la vie s’y organise, de manière vraiment démocratique. La solution se trouve peut-être dans le système des « communs », c’est-à-dire dans des groupements collectifs, résilients, capables de mutualiser les outils, les savoirs, et les moyens pour fonctionner en autosuffisance.

Cela ne se déroulera pas sans difficulté ni sans devoir lutter longtemps, mais il s’agit de sauver ce qui rend la vie possible sur la Terre avant qu’il ne soit trop tard.

2. La croissance économique : le nouveau « sacré » des sociétés industrielles

Loin d’avoir disparu, le sacré est omniprésent dans notre monde. Ce sacré, nous l’avons sous les yeux mais ne le voyons pas, car il est fondu dans notre quotidien. Son aspect le plus intense et le plus global est ce que nous appelons « l’économie » ou « la réalité économique ».

Ce sacré recouvre différents termes : argent, marchandise, capital, travail, marché, entreprise… Ainsi que des rituels : travailler, acheter ou vendre. Cette représentation collective s’appuie sur le mythe des besoins « infinis » de l’espèce humaine. Ce « problème de la rareté », comme l’ont appelé les économistes modernes, peut être considéré, selon l’auteur, comme l’un des mythes fondateurs de notre monde, auquel nous avons rallié, de gré ou (plus souvent) de force, une grande partie de l’humanité aujourd’hui. C’est aussi ce que le grand sociologue Émile Durkheim a nommé le « mal de l’infini ».

• Pourquoi la notion de croissance paraît-elle si évidente ?

Elle est inévitable car inhérente à la nature humaine : plusieurs théories nées à la fin du XVIIIe siècle, notamment celles des économistes classiques, soutiennent l’idée que l’homme est naturellement porté vers la croissance. Dans La Richesse des Nations, Adam Smith évoque la propension naturelle de l’être humain à tenter continuellement d’améliorer son sort : « L’effort uniforme, constant et ininterrompu de chaque homme pour améliorer sa condition, principe d’où découle l’opulence générale et nationale aussi bien que privée… » (II, 3).

Loin de l’idée du libre-échange, à l’autre extrémité des points de vue, le mathématicien et économiste Nicholas Georgescu-Roegen, figure de la décroissance, considère, lui aussi que « les racines de la croissance économique plongent profondément dans la nature humaine ». Comme si l’être humain, incapable de résister à son besoin d’accumuler des richesses, était prêt à tout lui sacrifier, y compris la terre qui l’a nourri.

• La croissance comme une nouvelle religion ? En tout cas comme un idéal collectif dans un monde où le sacré semble avoir disparu ou alors a complètement changé de forme. Il est tellement fragmenté, lié à des luttes identitaires ou des communautés, qu’on n’y trouve plus de conviction universelle. Ces valeurs « polythéistes », comme le dirait Max Weber, semblent bien étayer l’idée que nos nouveaux idéaux collectifs planétaires sont les marchandises, l’argent, le travail, les marchés, l’entreprise…

• La croissance est-elle une bonne chose ?C’est ce que semblent penser nos sociétés actuelles qui s’unissent, dès qu’une crise survient, oubliant leurs désaccords, pour mettre en place des plans de relance de la croissance économique. Aucune autre hypothèse n’est jamais envisagée, tout est mis en œuvre pour la soutenir.

S’il est vrai que la croissance permet d’améliorer les conditions de vie de ceux qui y participent, a-t-elle jamais permis de bannir les inégalités sociales, économiques et maintenant écologiques entre les populations ?

3. La croissance nous a-t-elle ôté notre liberté atavique ?

Si l’on regarde loin derrière nous, les chasseurs-cueilleurs se déplaçaient au rythme du gibier et des plantes, ne prélevant que ce qu’il leur fallait pour assurer leur survie. Certains êtres humains ont pourtant commencé à se sédentariser parce que l’élevage et l’agriculture amélioraient leurs conditions de survie et que le regroupement leur procurait une sécurité.

Il semble qu’une certaine forme de croissance soit apparue à partir du XIe siècle, proportionnelle à la pression démographique des sociétés sédentarisées en occident. Mais là encore, il s’agissait plus de répondre aux besoins liés à la croissance démographique qu’à une quelconque envie d’accumuler des biens et des marchandises.

C’est surtout à la fin du XVIIIe siècle, avec la Révolution industrielle que l’accumulation du capital s’est instaurée. Les grands pays occidentaux ont alors mis en place les conditions de la croissance comme un nouvel ordre mondial, un objet de culte.

• Pourtant les hommes n’ont pas toujours eu la culture du « toujours plus ». Pendant le premier millénaire, même les populations sédentarisées continuaient leurs pratiques de chasseurs-cueilleurs tout en se consacrant à l’élevage et à l’agriculture. Des Indiens d’Amazonie ont refusé de domestiquer des animaux domesticables préférant conserver avec eux le rapport originel de prédation. L’ethnologue Pierre Clastres raconte que les haches en fer qu’il avait offertes aux Guayaki du Paraguay ne leur servaient pas à abattre plus d’arbres qu’auparavant, simplement à les abattre plus vite et plus facilement. Tous les peuples n’ont pas considéré la sédentarisation comme un progrès. Certains l’ont refusée aussi longtemps qu’ils l’ont pu : les Inuits ont résisté jusque dans les années 1960.

D’ailleurs la sédentarité a aussi entraîné une réduction de la variété alimentaire et l’apparition d’épidémies liées à la proximité démographique. Enfin le développement de l’élevage et de l’agriculture a marqué l’apparition d’un travail répétitif et parfois ingrat qui représente peut-être les prémices du travail salarié comme moyen de production et comme contrainte économique.

Adam Smith avait souligné le côté aliénant de la division du travail contraignant un ouvrier à accomplir perpétuellement les mêmes gestes. Mais il considérait que ce sacrifice individuel était justifié par l’intérêt collectif. Le désir d’accumulation du capital a fini par nous conditionner à être incapables d’imaginer un monde sans travail, sans consommation, sans autre désir que d’en vouloir toujours plus, prisonniers volontaires (ou inconsciemment contraints) d’un système de croissance aliénante parce qu’elle nous détourne de ce que devrait être une vie heureuse et bonne pour tous.

4. La croissance économique : une impasse sociale et écologique

Nos sociétés de croissance sont caractérisées par une double impasse. Celle-ci est d’abord écologique. Le dégagement excessif de CO2 occasionné par les activités humaines cause le réchauffement climatique global, qui va rendre inhabitables de plus en plus de terres émergées. Tandis que l’air respirable, l’eau potable et la fertilité des sols se dégradent rapidement. Il faut aussi compter avec la pénurie à venir des matières premières (sable, métaux et carburants fossiles) qui ont fait tourner l’activité économique depuis 200 ans. Sans compter l’érosion de la biodiversité, du fait de la pollution comme de la prolifération d’espèces domestiquées.

Deuxième type d’impasse : le social. Les inégalités de revenus ont recommencé à se creuser dès les années 1970, pour se rapprocher aujourd’hui de leur niveau de la fin du XIXe siècle, alors même que le PIB des pays du Nord n’a cessé de croître. Les plus riches prenant une part sans cesse croissante du gâteau. En règle générale, les revenus du capital s’avèrent toujours supérieurs à ceux du travail. Ce qui ne peut se traduire que par un creusement des inégalités entre les détenteurs d’un patrimoine et les autres. Yves-Marie Abraham estime, dans la droite ligne de Karl Marx, que cette accumulation est, pour l’essentiel, le produit de deux vols. Primo, la colonisation par les Occidentaux d’une grande partie des terres habitées à partir de 1492, puis l’accaparement des richesses à bas prix dans le cadre d’échanges Nord-Sud inégaux. Secundo : l’extorsion à des humains d’un « surtravail », c’est-à-dire une quantité de travail supérieure à celle qui leur est nécessaire pour assurer leur subsistance.

Qui plus est, là où elle s’instaure, la course à la production de marchandises tend à détruire les formes de vie sociale et les rapports de solidarité antérieurs, et se traduit par des crises cycliques. Avec à la clé, un phénomène croissant d’isolement et de solitude, et le développement de multiples pathologies, mentales et physiques, en Occident ; de violences intra ou intercommunautaires dans les pays les plus pauvres. Or, ces « pauvres » sont indispensables pour que le jeu puisse se perpétuer. « Pour quiconque souhaite leur rendre justice, il importe en premier lieu de cesser d’attribuer à ces humains le titre de « pauvres » et de commencer par leur reconnaître, sans les y réduire, la qualité de « dépossédés » et d’« exploités » », estime l’auteur.

5. Forme ultime d’aliénation : l’exemple des classes moyennes.

Dans le capitalisme, la pression permanente de la concurrence fait de la rentabilité le critère prioritaire, voire le seul véritable critère, de toutes les décisions d’investissement. Ce qui amène à diminuer les salaires, tout en obtenant davantage de travail de la part de la main-d’œuvre pour le même coût. Soit en allongeant la journée de travail, soit en l’intensifiant (réduction des temps morts), soit encore en augmentant la productivité du travail, via l’adjonction de machines. La généralisation du salariat et de l’école a largement contribué à la production de masse d’une main-d’œuvre déjà « prête à l’emploi », donc plus aisément exploitable.

Pour pallier les deux grands dangers qui menacent l’économie capitaliste – la surproduction et la révolution – ont été mis en place, à la fin des années 1930 et 40, des dispositifs de l’État Providence. Congés payés, réduction du temps de travail, régime de retraite universelle, allocations familiales et hausse des salaires ont donné naissance à la classe moyenne. Laquelle conjugue les deux avantages de constituer un débouché pour les biens et services produits par le système et de ne pas avoir l’impression d’être exploitée, en ne vivant que pour augmenter son confort et rejoindre la classe bourgeoise. Plus question, donc, pour ce nouveau consommateur, clé de voûte de la société de croissance, de contester l’ordre en place. Mais ce « bonheur petit-bourgeois » tant envié est aussi à l’origine du désastre écologique actuel, ce mode de vie étant fondé sur une consommation forcenée d’énergie et de matières premières.

De plus, pour gagner ce confort, ces salariés doivent se montrer sur-performants en entreprise, souvent dans des « bullshit jobs » (« jobs à la con) décrits par l’anthropologue David Graeber. Le « petit bourgeois » devient le « client-roi », mais sans se rendre compte qu’il ne dispose plus de la liberté de base : celle de vivre sans consommer de marchandises.

« Jamais dans l’histoire de l’humanité les humains n’ont été aussi peu autonomes concernant la manière de satisfaire leurs besoins fondamentaux », note l’auteur. Cette classe de travailleurs est aujourd’hui la première victime des aléas écologiques et économiques (précarisation de l’emploi notamment) de la société. Avec un ascenseur social résolument bloqué.

6. Que valent les solutions actuelles ?

Rechercher une croissance infinie dans un monde fini, cette impossible équation devrait être suffisante pour convaincre les plus sceptiques que cela relève de l’utopie. Pourtant des stratégies sont mises en place pour continuer à favoriser la surproduction en imaginant sauvegarder l’environnement.

• Le pari de la substitutionIl s’agirait de conserver la productivité en remplaçant les processus de fabrications polluants par des procédés « propres ». C’est ce que l’on appelle « la croissance verte ».Remplacer des ressources naturelles non renouvelables par des ressources renouvelables est louable, mais on sait que les caractéristiques des énergies renouvelables ne permettent pas la même utilisation que les énergies fossiles. Parmi les substitutions les plus discutables, on peut noter la dématérialisation : nous connaissons maintenant la considérable consommation électrique du stockage de données, les énormes infrastructures qu’elles demandent. Quant à ces nouveaux outils technologiques, ils sont consommateurs de métaux rares et produisent bien des déchets. Au point que l’on peut finir par se demander si la lecture d’un livre sur papier n’est pas plus écologique que sa version dématérialisée !

• Les changements de comportementsConsommer moins et plus responsable est louable, mais inefficace. On voit apparaître une forme d’anxiété, une culpabilité sous-jacente à chaque achat du « consommateur », et le sentiment de ne pas en faire assez chez ceux qui adoptent ces comportements responsables. Tandis que certains, qui contribuent largement à aggraver la situation, refusent totalement de changer de comportement et réussissent, à eux seuls, à annuler les effets bénéfiques des bons comportements des autres.On se rend compte que toutes nos stratégies resteront vaines tant que nous continuerons à augmenter la production. Seule la diminution de la quantité produite peut atténuer la pénurie des matières premières et réduire les déchets. Les stratégies de développement durable n’ont d’efficacité qu’à nous permettre de polluer moins sur le coup, mais de polluer pendant plus longtemps. Tant que nous ne serons pas capables de trouver de véritables solutions, il faudra vraiment produire moins, beaucoup moins…

7. La seule véritable solution : la décroissance

C’est pourquoi la décroissance apparaît comme la seule alternative. C’est aussi le moyen de rétablir un modèle de société plus juste socialement, écologiquement et démocratiquement.

• Produire moinsEn abolissant le modèle de l’entreprise. Car plus encore que les marchés, c’est l’entreprise qui se trouve au cœur du système capitaliste. Elle a envahi la planète au point que même les États s’inspirent de son modèle managérial et organisationnel. C’est une erreur de penser que l’entreprise (l’emploi) est une solution aux problèmes de l’humanité car elle ne s’intéresse à l’humain que dans la mesure où il lui est utile (salarié ou consommateur).Il est urgent de limiter l’accès aux ressources naturelles en fixant les quotas de ce que nous pouvons prélever sur des périodes données. Pour ce faire, il faut aussi tenir compte des déchets que chaque fabrication génère et fixer, là aussi, des quotas adaptés afin de ne jamais dépasser ce que la Terre peut « digérer ».

• Un modèle possible : les communsRétablir l’équilibre entre le nord riche et pollueur et le sud qui fournit les matières premières et la main d’œuvre tout en étant la première victime des dérèglements écologiques. Plafonner le montant détenu par ceux qui possèdent le capital en limitant leur niveau de consommation et compenser ce qui manque à ceux qui n’ont que leur salaire pour vivre. Sans oublier de partager la planète avec les autres êtres vivants non humains (faune et flore) en arrêtant de leur voler leur territoire.

• Sortir de la mondialisation, relocaliser et décentraliserAfin de rétablir un fonctionnement respectueux de notre idéal de liberté et d’égalité, il faut ramener la gouvernance à un niveau gérable à taille humaine avec des infrastructures plus légères plus maîtrisable par une communauté.D’où l’intérêt de mettre en place des collectifs d’êtres humains, résilients, capables de s’autogérer et de décider ensemble comment organiser leur vie de manière démocratique. L’idée est de créer des organisations capables de s’émanciper du système binaire état/entreprise dans lequel nos sociétés sont enfermées. Les communs savent regrouper leurs moyens, leurs outils, leurs compétences de manière ouverte et démocratique afin de parvenir à des solutions autosuffisantes. Wikipédia en est un bel exemple.

Ces communs ressemblent à ce qui existait dans les toutes premières sociétés humaines, c’est en tout cas le modèle des peuples premiers qui ont survécu jusqu’à nous. Il semblerait d’ailleurs que ce soit la solution qui émerge en cas de crise grave. C’est l’exemple des ZAD (zones à défendre) Notre-Dame-des-Landes a réussi à organiser un milieu de vie pour des centaines de militants. Il faut parvenir à mettre en place une organisation capable de sortir de l’étatisation ou de la privatisation et de fixer des normes de consommation et de production, les communs sont peut-être cette solution.

8. Conclusion

Une fois sortis du capitalisme, l’objectif primordial doit être de sortir de l’« Entreprise-monde » et de tendre vers l’instauration d’un « Commun-monde ». Toutefois, ce dernier ne constitue pas tant un but à atteindre, qu’un chemin à emprunter, en prenant appui sur quelques points de repère et en sachant que ce chemin reste pour l’essentiel à tracer.

Cette absence de plan de planification précis est un choix assumé de la part de l’auteur. Car pour planifier, il faut avoir une idée précise du but à atteindre. Or, le ou les mondes que nous avons à inventer sont radicalement différents de celui que nous connaissons. Cette sorte de « Révolution 2.0 » ne pourra se faire qu’en avançant et en explorant.

9. Zone critique

Une synthèse fouillée et limpide sur les effets pervers, tant écologiques que sociaux, de nos sociétés capitalistes actuelles, ainsi que sur les limites des modèles de développement durable qui ont pourtant pignon sur rue depuis une vingtaine d’années.

Yves-Marie Abraham revisite brillamment Marx pour démonter les rouages de l’exploitation des travailleurs-consommateurs et réaffirmer le caractère révolutionnaire et le potentiel émancipateur de l’idée de décroissance. Il appelle de ses vœux la généralisation d’un modèle de rupture collectiviste, démocratique et participatif, le « commun », que l’on sent inspiré du phalanstère de Fourier. Tout en conservant prudence et humilité : la tâche est immense, la révolution citoyenne n’est pas encore pour demain.

10. Pour aller plus loin

Ouvrage recensé– Yves-Marie Abraham, Guérir du mal de l’infini, Montréal, Écosociété, coll. « Polemos », 2020.

Autres pistes– Paul Ariès, Désobéir et grandir : vers une société de décroissance, Montréal, Ecosociété, 2018.– Marc Boyle, L’homme sans argent, Paris, Les Arènes, 2014.– Collectif, Décroissance versus Développement durable, Débats pour la suite du monde, Montréal, Ecosociété, 2011.– Serge Latouche, Petit traité de la décroissance sereine, Paris, 1001 Nuits, 2007.– Fanny Lederlin, Les dépossédés de l'open space : une critique écologique du travail, Paris, PUF, 2020.– Donella Meadows, Dennis Meadows, Les Limites à la croissance (dans un monde fini) : Le rapport Meadows, 30 ans après, Rue Echiquier, 2017.– Pierre Rahbi, Vers la sobriété heureuse, Arles, Actes Sud, 2013.

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