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Erving Goffman

La Mise en scène de la vie quotidienne

Lorsque l’on observe deux individus se saluant rapidement, de la manière la plus banale possible, que voit-on exactement ? C’est ce qui intéresse un sociologue comme Erving Goffman, qui, en 1959, publie La Présentation de soi. En se basant sur une approche théâtrale, Goffman explore la manière dont les individus présentent et façonnent leur identité dans divers contextes sociaux. Il se focalise ainsi sur les interactions entre les individus en soulignant les contraintes et risques qu’elles font peser sur chacun ainsi que les stratégies déployées en retour par les acteurs pour y faire face. Par une multitude d’exemples, Goffman démontre que l’interaction est, en elle-même, régie par un ordre social autonome et contraignant.

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Joël Charbit

La Mise en scène de la vie quotidienne
La Mise en scène de la vie quotidienne

book.chapter Introduction : Des interactions banales à la mise en évidence d’un ordre social

Le premier tome de La Mise en scène de la vie quotidienne, intitulé La Présentation de soi parait en 1956. Il s’agit ainsi du premier ouvrage publié par Erving Goffman, lequel a soutenu sa thèse de doctorat trois ans plus tôt. Les nombreux exemples présentés par le sociologue, et qui constituent un des traits caractéristiques de son style d’écriture, en sont d’ailleurs directement tirés. C’est donc cette œuvre de jeunesse qui va marquer le début d’une longue série de publications, mais c’est également celle qui lui attirera une très rapide reconnaissance, accédant rapidement au statut d’incontournable. L’influence, dans le texte, de son appartenance à la nouvelle génération d’étudiants formés au département de Sociologie de l’Université de Chicago est largement palpable. Les références aux principaux artisans de ce que l’on a coutume d’appeler « l’école de Chicago » sont omniprésentes dans l’ouvrage. Erving Goffman partage ainsi avec d’autres sociologues issus de ce département, tels Howard S. Becker ou Anselm Strauss, la conviction que les relations entre les individus sont à la fois la base de l’ordre social et l’objet favori de la sociologie. Leurs travaux se caractérisent ainsi notamment par l’attention portée aux situations de face à face, à la manière dont les individus – Goffman parle d’acteurs –, négocient et reconstruisent perpétuellement à la fois leurs identités et des structures sociales. L’interaction, pour Goffman, impose aux individus mis en présence de définir la situation de communication, ce qui revient à répondre à la question « Qu’est-il en train de se passer ? ». Pour ce faire, ils se basent sur les propos, attitudes explicites ou implicites des autres parties. Ainsi, au cours d’une interaction, chaque acteur observe les autres et se sait simultanément observé. Il s’agit dès lors de comprendre comment chacun des acteurs va influencer, consciemment ou inconsciemment, la perception que les autres vont se faire de sa performance, au sens théâtral. Et cela pousse à analyser de quelle manière ces perceptions réciproques vont réussir, ou échouer, à s’accorder. Cependant, la dynamique de l’interaction et la manière dont chaque participant se présente et se contrôle détermine à la fois la poursuite ou l’interruption de la situation proposée, mais également la légitimité du rôle auquel s’identifie ou demande à être identifié l’acteur. Ainsi, la métaphore dramaturgique que développe Goffman permet d’approcher au plus près les jeux de communication et de définition d’une situation, soit la réponse à la question « Qu’est-il en train de se passer ? ».

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