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Giorgio Agamben

Homo sacer I

La démocratie risque toujours de sombrer dans le totalitarisme, comme si des proximités cachées unissaient l’une à l’autre. Agamben repose la question de la souveraineté et de la violence qui l’accompagne. D’une enquête généalogique émergent plusieurs concepts (l’homo sacer, le ban, etc.) qui autorisent à concevoir l’origine de la politique occidentale à la façon d'une structure biopolitique d'exception. Parcourant l’Antiquité et le Moyen Âge, puis les périodes moderne et contemporaine, Agamben développe une philosophie politique radicalement critique qui interroge notre présent.

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Nicolas Delforge

Homo sacer I
Homo sacer I

book.chapter Introduction

L’ouvrage s’ouvre sur une distinction entre deux définitions de la vie : d’une part, la vie que l’homme partage avec l’animal (zoe) et, d’autre part, la vie au sens humain et plus précisément politique (bios – définie aussi comme eu zoé). Dans la langue antique de Platon et d’Aristote, le bios seul entre dans la sphère de la vie publique ; la zoe, quant à elle, trouve son lieu non dans l’espace public mais dans le foyer (oikos). En tant qu’il est un animal, l’homme se reproduit, mange, etc., mais en tant qu’il est un animal politique, il cherche le bien-vivre dans la polis (to eu zen). La politique est ainsi le lieu où la zoe se transforme en bios. Cette transformation correspond à l’élévation de la vie au langage, au discours raisonné, c’est-à-dire au logos. Selon Agamben, la cité des hommes se fonde dès l’Antiquité grecque par l’exclusion de la zoe ou plus exactement de la « vie nue ». Partout, cependant, s’observe la perméabilité grandissante de l’une et de l’autre. La sphère privée des besoins devient même une affaire explicitement politique. C’est la thèse qu’avait développée Foucault concernant la Modernité : « L’homme moderne est un animal dans la politique duquel sa vie d’être vivant est en question » (cité par Agamben, p.11) Rompant avec l’abstraction des philosophies politiques, Foucault se donnait pour tâche d’analyser les façons concrètes dont l’État se charge de discipliner la vie, ce que recouvrait sous sa plume le concept de biopolitique. Avec Homo sacer, Agamben propose d’aller plus loin : la biopolitique doit selon lui être placée au centre même de la philosophie politique occidentale. Comme le signale l’analyse du mot chez les Grecs, le processus d’inclusion-exclusion de la vie au sein de la sphère politique est un phénomène originaire : « L’un des résultats auxquels [la présente recherche] est parvenue est précisément le constat […] que l’implication de la vie nue dans la sphère politique constitue le noyau originaire – quoique occulté – du pouvoir souverain » (p.14). Le philosophe italien fait ici de la production d’un collectif biopolitique l’acte originaire du pouvoir souverain et relie la thématique foucaldienne à la problématique classique de la constitution du pouvoir. La spécificité de l’État moderne, dès lors, consisterait à révéler ce secret archaïque (arcana imperii) de la pensée politique occidentale.

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